Les nouveaux « centres intégrés de santé et de services sociaux », les CISSS, seront des mastodontes, difficiles à gérer. L’exemple des CSSS il y a 11 ans, à l’initiative de Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, ne permet pas de penser que de fusionner encore plus permettra d’économiser, de diminuer le nombre de cadres et de donner un meilleur accès à la population. De fait, c’est l’inverse qui s’est produit depuis 10 ans. Par ailleurs, l’économie serait sans doute minime si les cadres sont relocalisés. « Si le passé est garant de l’avenir, on se dirige vers un éloignement des besoins de la population au profit d’un meilleur contrôle par les médecins et de l’intérêt des hôpitaux », lance Jean Lacharité, vice-président de la CSN.
La transition vers cette nouvelle mégastructure risque de provoquer le chaos et de prendre du temps. Les missions de l’agence, dont la prévention, la santé publique, de même que celles des centres de réadaptation en santé mentale et physique, et les centres jeunesse seront transférées au CISSS. « En ce centrant autour de l’hôpital, on dénature des missions essentielles au réseau, un non-sens », de poursuivre le vice-président de la CSN. On peut se demander s’il s’agit d’un simple changement de nom accompagné d’abolition de postes de cadres.
« C’est une réforme antidémocratique, puisque le ministre sera omnipotent avec de nombreux nouveaux pouvoirs, dont celui de nommer tous les conseils d’administration », ajoute Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN). Il n’y aura donc personne pour voir les changements d’un œil critique et attentif aux besoins des populations. En plus, cette réforme a été improvisée sans réelle consultation, comme la précédente, en 2003. « Il y aura une consultation bidon, mais les dés sont déjà pipés », ajoute Jeff Begley.
L’actuelle réforme de structure sera suivie d’une réforme tout aussi importante du financement qui va consacrer la notion d’argent qui suit le patient. « Je crains fort que le deal de Barrette va permettre aux médecins de facturer davantage au cours des prochaines années puisque l’argent va suivre les patients. Une baisse de services sociaux et de la prévention servira donc à financer une hausse des revenus des médecins », affirme Michel Tremblay, président de la Fédération des Professionnèles (FP-CSN).