« Nous partageons la volonté du ministre qu’il y ait moins de cadres et moins de bureaucratie dans le réseau de la santé. Néanmoins, on est en droit de se questionner sur l’efficacité de la réorganisation compte tenu de l’expérience passée. En 2003, au moment de sa réforme, Philippe Couillard alors ministre de la Santé, nous promettait que le nombre de cadres allait diminuer. Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Dans une étude de la FMSQ publiée en 2010, il était démontré que le nombre de cadres depuis la réforme Couillard avait augmenté de plus de 30 % pendant que la croissance du nombre de personnel qui dispense des soins et des services n’était que de 6 % pour la même période. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler un succès », a ajouté Régine Laurent.
Des inquiétudes pour la qualité des soins
La présidente de la FIQ a également fait état des inquiétudes de son organisation sur les impacts que pourraient avoir le projet de loi sur la qualité des soins. « La grandeur et l’étendue des territoires desservis par les nouveaux Centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) soulèvent des inquiétudes quant à la proximité et à l’accessibilité des soins. Quoiqu’en dise le gouvernement, le réflexe premier des gestionnaires aux prises avec des budgets comprimés, c’est de couper dans les services. »
« De plus, la nouvelle loi permettra à la direction du nouveau CISSS de centraliser certains services dans certains établissements plutôt que de les offrir sur l’ensemble du territoire. Cela pourrait avoir pour effet de contraindre des patient-e-s à parcourir de très longues distances pour recevoir leurs soins. On s’éloigne nettement du principe des soins de proximité. C’est un projet de loi décevant qui ne s’attaque pas aux vrais problèmes du réseau de la santé. Les patient-e-s ne verront jamais la couleur des économies projetées, elles iront dans les poches du Conseil du trésor et non dans les soins aux malades », a poursuivi Régine Laurent.
« En résumé, nous avons devant nous une réforme qui a été concoctée pour le Conseil du trésor, pas pour le ministère de la Santé. À la FIQ, nous sommes en mode propositions et en mode solutions. Nous soumettrons au gouvernement des propositions pour que le projet de loi serve les patient-e-s et la population. Nos membres, les professionnelles en soins, ont une expérience terrain que le gouvernement aurait intérêt à entendre. L’organisation du travail et des soins, nous l’observons, nous la vivons et nous la subissons tous les jours. On en connaît des solutions pour améliorer le système de santé. - Les vrais enjeux sont là, pas dans les structures », a conclu Régine Laurent.