Photo : arrestation de Boris Kagarlitsky

L’éminent sociologue et dissident de gauche russe Boris Kagarlitsky a été inculpé par le Service fédéral de sécurité russe (FSB) pour appels publics à des activités terroristes, ", censément dû à un commentaire qu’il a posté sur Telegram, l’application de messagerie la plus populaire en Russie, concernant l’explosion en octobre 2022 du pont de Crimée.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Kagarlitsky a décrit la persécution d’intellectuel⸱le⸱s et de militant⸱e⸱s en Russie en vertu de lois de censure conçues pour étouffer toute critique des forces armées. Il décrit la nature arbitraire de la répression, en vertu de laquelle tout le monde, des intellectuels aux militants et militantes syndicales en passant par les défenseurs de l’environnement et les artistes, peut être qualifié-e d’agent étranger (comme Kagarlitsky lui-même l’a été) et "une accusation de terrorisme peut être portée même pour une fenêtre brisée".

Arrêté le 25 juillet et transféré de Moscou à la ville de Syktyvkar, dans la République des Komis, M. Kagarlitsky encourt sept ans de prison s’il est reconnu coupable. Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle intensification de la répression de l’opposition de gauche, dans un contexte d’une possible escalade de l’effort de guerre de la Russie contre l’Ukraine, annoncée par la décision de repousser l’âge maximal aux fins de la conscription de 27 à 30 ans ainsi que par l’interdiction de voyager à l’étranger pour les Russes conscrits. Certains analystes estiment que l’intensification de la répression reflète la crainte du régime de voir le soutien interne à la guerre s’affaiblir.

Dissident de longue date, Kagarlitsky n’est pas étranger aux persécutions et il a déjà été arrêté sous les régimes de Brejnev et d’Eltsine. Dans le premier cas, il a été emprisonné pendant plus d’un an. Il est un critique éloquent et puissant du régime de Poutine et de sa guerre en Ukraine, aux côtés du courageux mouvement pacifiste russe.

Le Mouvement socialiste russe (RSD) a publié la déclaration suivante :

"La poursuite pénale contre Boris Kagarlitsky est une attaque contre l’ensemble de la gauche. Vous pouvez être en désaccord autant que vous le voulez avec des déclarations et des conclusions individuelles qu’il a faites au cours de différentes périodes d’activité publique, mais nous résoudrons toutes nos contradictions au cours d’une discussion ouverte et honnête, lorsque Boris sera libre. Nous appelons toutes les organisations socialistes et communistes à organiser une vaste campagne de solidarité et à exiger la libération immédiate de Boris Kagarlitsky et de tous les prisonniers politiques".

Presse-toi à gauche ! joint sa voix à Canadian Dimension et aux nombreuses organisations de gauche, dont Rabkor, le média fondé par Kagarlitsky, ainsi que Green Left, The Nation, Counterpunch et le Transnational Institute, qui demandent la libération immédiate de Kagarlitsky et nous invitons nos lecteurs et lectrices à soutenir cette campagne de solidarité internationale.