Édition du 1er avril 2025

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Pologne : la grève des mineurs fait tache d’huile

Dans la mine de charbon Budryk, la grève d’occupation entre dans sa quarante-cinquième journée et les grévistes font toujours preuve d’initiative.

Le 15 janvier, face à une nouvelle rupture des négociations, une grève de la faim a commencé à 1 050 mètres de profondeur. Ils sont 30, immédiatement remplacés par des camarades lorsque l’un d’entre eux doit être hospitalisé (six l’ont déjà été). Cinq autres mènent la grève de la faim en surface. Le 16 janvier, 50 femmes de mineurs ont pris le bus pour Varsovie, pour rencontrer le vice-Premier ministre. Quand ce dernier a refusé de les recevoir, elles ont occupé le « centre de dialogue social ». Pour faire preuve de bonne volonté, les grévistes ont réduit leurs revendications. Mais lorsque la direction a une nouvelle fois rompu les négociations, les grévistes ont décidé de revenir à leur revendication initiale : alignement de leurs salaires sur la moyenne des mines de la Société minière de Jastrzebie (JSW).

La direction menace et mobilise les syndicats jaunes, Solidarnosc et le ZZG , contre les grévistes. Le 28 janvier, elle a fait venir une petite centaine de non-grévistes pour tenter une reprise du travail. Peu convaincus, ces derniers ont été reconduits par les grévistes. Le comité de grève a contre-attaqué : dans une lettre au vice-Premier ministre, il rend publique la corruption des syndicats jaunes et les malversations de la direction de la Société minière de Jastrzebie (JSW). Cette dernière, illégalement, subventionne des clubs de sport dont les présidents sont aussi permanents des syndicats, cumulant ainsi les salaires… Pour l’année 2008, la JSW a prévu de dépenser ainsi 1,49 million d’euros ! Menacée, la direction fait semblant de reprendre les négociations.

Budryk donne des idées à d’autres. Le 18 janvier, les enseignants manifestaient par milliers à Varsovie pour l’augmentation des salaires. Le 21 janvier, des actions de protestation ont eu lieu dans la majorité des hôpitaux polonais. Les infirmières et les sages-femmes manifestaient ainsi leur colère : les augmentations promises lors de la grève de juillet dernier n’ont toujours pas été réalisées. Le gouvernement annonçait, le même jour, qu’il avait besoin de plusieurs mois de tranquillité… À l’issue de cette caricature de « dialogue social », dans de nombreux hôpitaux, des grèves d’une heure, puis de plusieurs heures, lors desquelles les infirmières quittent leur lieu de travail (sauf dans les services de réanimation), se multiplient. Et ces actions donnent des résultats : des augmentations de salaire ont été obtenues à Radom, Lodz et Radomsko. De nouvelles grèves démarrent à Przemysl, Krosno et Stalowa Wola. Ailleurs, comme dans plusieurs hôpitaux de Varsovie, les grèves s’arrêtent, puis reprennent. Dans les référendums concernant la grève, l’immense majorité des salariés vote en faveur des grèves. Les douaniers ont également cessé le travail. En grève pour des augmentations de salaire, ils bloquent le transport routier entre l’est et le centre de l’Europe, depuis plusieurs jours. Si on n’en est pas encore à une généralisation du mouvement gréviste, le terme « grève » ne quitte plus la « une » des journaux.

L’enjeu de la grève de Budryk dépasse les frontières de la Pologne, car elle remet en cause la concurrence entre salariés. Dans une lettre aux syndicats et aux travailleurs du monde entier, Boguslaw Zietek, président du syndicat Août 80 écrit : « La combativité et la détermination des grévistes sont fortes, mais cela ne suffit pas. Votre solidarité peut contribuer à modifier le rapport de force et obliger la direction de la société et les autorités publiques qui sont derrière elle à signer un accord avec les grévistes. »1


Source : Rouge, 31 janvier 2008
http://communisme.wordpress.com/2008/02/02

1. Pour le soutien aux grévistes de « Budryk », envoyez vos chèques à l’ordre de LCR-Pologne avec mention au dos « soutien aux mineurs polonais », à LCR, 2 rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil. La LCR a déjà transmis 1 000 euros.

Mots-clés : Communiqués

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