Conférence de presse du syndicat de Créations Morin de Drummondville devant l’usine« Encore une fois, c’est un coup dur pour le secteur manufacturier québécois. Et ce sont des femmes qui sont les premières victimes de décisions prises, non pas par des compagnies dont le siège social est au bout du monde, mais par des entreprises bien d’ici. Je demande solennellement à Créations Morin de ne pas céder à la pression de Bombardier Produits Récréatifs », a déclaré Ann Potvin, secrétaire générale de la Fédération du commerce de la CSN (FC–CSN), en conférence de presse devant l’usine de Drummondville.
En effet, selon l’employeur, son entente de fabrication des housses de bateaux, sacs de motoneiges, de motomarines, de motos et de VTT ne sera maintenue qu’à condition d’en faire une partie en Chine. « En transférant cette production en Chine, 40 à 50 travailleuses et travailleurs se retrouveront sans emploi. Il faut tout faire pour garder ces emplois dans la région »
Mises à pied le 8 février
À la fin de leur dernier quart de travail le vendredi 8 février 2008, 40 à 50 travailleuses et travailleurs des Créations Morin sur 85 syndiqué-es perdront leur emploi.
« C’est 50 % des emplois qui disparaîtront si rien n’est fait », s’est insurgée Ann Potvin, en présence de la vice-présidente du syndicat Linda Pruneau et de la 2e vice-présidente du Conseil central du Cœur du Québec (CSN), Renée Levasseur.
« Les salaires ont beau être inférieurs en Chine, mais avec un taux horaire moyen de 10,50 $, la décision de Bombardier, une entreprise phare au Québec, est difficile à comprendre », a souligné la vice-présidente du Conseil central du Cœur du Québec (CSN), Renée Levasseur.
« Aujourd’hui, j’aimerais interpeller les différents paliers politiques afin qu’ils interviennent pour permettre à toutes ces femmes de garder leur emploi, de conserver leur autonomie financière et leur dignité, a ajouté Renée Levasseur. Ces femmes vont perdre leur emploi parce qu’un client, Bombardier Récréatif, a décidé de transférer sa commande de housses en Chine. J’ai du mal à comprendre ! Ces femmes travaillent à 10,50 $, ce qui est à la limite du seuil de la pauvreté selon plusieurs économistes. Bombardier et Créations Morin transfèrent ces contrats dans un pays où les femmes sont en grande majorité exploitées, où les conditions des travailleuses sont bafouées ! »
« Si c’est la nouvelle image que Bombardier veut donner, celle-ci va sûrement ternir dans la tête de bien des gens », croit la porte-parole du conseil central.
Renée Levasseur demande également aux dirigeants politiques, plus spécifiquement à la mairesse de Drummondville, Mme Francine Ruest-Jutras, qui vient de se voir accorder le titre de « femme d’influence » pour avoir contribuer à l’avancement des femmes de sa région, de bien vouloir user de son influence pour permettre à ses concitoyennes de garder leur emploi.
La représentante du conseil central a terminé son allocution ainsi : « Je vous rappelle le thème du 8 mars de cette année : L’autonomie économique des femmes : une force collective. Je pense que ce thème prend ici toute sa signification. »
« Les employé-es de Créations Morin, et c’est la compagnie de Drummondville qui le dit, sont des plus compétents. Il me semble qu’il y a là un fait qui milite en faveur du maintien de ces emplois ici même, dans la région, au Québec. La compétence, c’est une valeur ajoutée ! Bombardier doit considérer cela », estime Linda Pruneau, vice-présidente du syndicat. « S’il faut s’asseoir pour discuter d’amélioration de la qualité du produit, même si ce n’est pas en cause ici, nous sommes prêts à le faire », a conclu la vice-présidente du syndicat.
À moins d’un changement de cap, il devrait rester seulement 40 travailleuses à l’emploi des Créations Morin. Fondée en 1984, l’entreprise a aussi comme client les compagnies Honda et Yamaha.
Source : FC-CSN - le 6 février 2008