Ces chiffres, fournis par la firme privée Proaction qui a obtenu à grands frais le contrat pour optimiser les services, sont à prendre avec des pincettes. Les projets d’optimisation à la Proaction forcent les professionnels à restreindre leur temps d’intervention à domicile auprès des personnes en détresse, par exemple. Ce qui veut dire qu’une intervention visant à stabiliser une personne en crise qui prendrait une heure, doit maintenant se faire en deux fois trente minutes. Comme chaque demi-heure compte pour une visite, les statistiques sont ainsi gonflées artificiellement.
Il est également trompeur de dire que les listes d’attente ont diminué, car la population d’Ahuntsic Montréal-Nord continue toujours d’attendre jusqu’à un an, parfois plus, pour bénéficier des services d’une nutritionniste, d’une ergothérapeute ou d’une intervenante sociale. Loin de produire les effets escomptés, les projets d’optimisation ont avant tout produit de la paperasse, multiplié les réunions et réduit les services cliniques directs à la population. Rappelons que neuf médecins du CSSS-AMN ont signé une lettre dans laquelle ils ont exprimé clairement à la direction leur opposition au projet d’optimisation. Les professionnels du CSSS ont également souligné que ces projets entraient en totale contradiction avec leur conscience professionnelle et vont à l’encontre de leur code de déontologie respectif.
Devant le nombre de départs et du mouvement de personnel causés par ces projets d’optimisation, l’exécutif local du CSSS d’Ahuntsic et Montréal-Nord demande que l’autonomie des professionnelles soit enfin respectée, de même que leur jugement clinique. Selon l’exécutif local, ces projets mettent en péril la qualité des services et doivent être arrêtés.