Cette semaine dans Presse-toi à gauche, Ghislaine Raymond analyse la situation dans les CHSLD, épicentres de la pandémie. Michel Seymour nous propose de faire immédiatement notre auto-critique et Amélie Drainville croit que les défis de « l’après » seront multipliés par la crise climatique.
Ghislaine Raymond explique que la catastrophe que vivent les milieux de vie des aîné.e.s est le résultat de décisions politiques. Elle décrit les étapes successives qui ont mené à la crise actuelle. Privatisation, austérité, déficit zéro, anti-syndicalisme, réduction de services, tout contribue à fragiliser les services publics. Elle milite pour un rééquipement du réseau en moyens pour vaincre la pandémie tout en redonnant au réseau public de la santé les moyens de se battre à armes égales avec le virus.
Michel Seymour refuse de repousser à plus tard le bilan de la crise actuelle. Il voit dans certains gestes de la CAQ une façon de balayer la critique sous le tapis. Pourtant selon l’auteur, il est important de porter un regard critique afin de ne pas répéter certaines erreurs. Il voit dans le confinement actuel la seule réponse du gouvernement à la pénurie de masques et de kits de protection. Il dénonce l’impréparation de l’État sous la gouvernement de Legault. Il propose de reprendre en main la production de ces outils de santé publique que sont les médicaments et les outils de protection du personnel soignant.
Amélie Drainville considère le confinement comme une occasion de réfléchir à la prochaine étape, « l’après ». Elle voit dans l’hypothèse néolibérale une reprise inspirée de « l’avant », soit la mise en place de ce que Noémie Klein appelle la « ‘Stratégie de choc » : austérité et productivisme appuyé sur un extractivisme débridé. Elle milite pour une fédération des luttes qui, prises une à une peineront à vaincre, mais unies et « rêveurs raisonnables », n’en seront que plus belles.
Par ailleurs, Marc Bonhomme s’interroge sur qui sortira gagnant de cette crise, André Jacob s’interroge sur l’absence des partis d’opposition de la scène politique québécoise alors que Julien D. et Simon-Pierre L. incitent les membres du parti de gauche à se « réactiver ». Bernard Rioux explique l’importance de la démocratie dans le cadre de la transition écologique, Yvan Perrier poursuit la couverture des négociations dans le secteur public alors que la Fédération des femmes du Québec avance 10 idées pour sortir de la crise. Enfin, Eric Pineault et Angela Carter plaident pour une sortie du pétrole pour le Canada.
Enfin, nous vous invitons à participer au webinaire du RME-QS portant sur la sortie de crise et la transition écologique en suivant ce lien et aux activités confinées entourant la journée du 1er mai.
Sur la scène internationale
Toujours la pandémie demeure la une de l’actualité mais nous l’abordons à partir de trois angles différents : la question pétrolière, l’armement et la crise alimentaire.
Et pour une note d’espoir, nous relatons un appel d’intellectuel-le-s des Pays Bas, un manifeste féministe et une dénonciation de la violence dans les quartiers défavorisés.
Concernant le pétrole
Le pétrole en signe avant-coureur de la déflation qui menace
L’auteure va tenter d’expliquer ce qu’elle qualifie elle-même d’inimaginable il y a a peine une semaine soit le prix du baril de pétrole en négatif : -36,73 dollars. Évidemment cette crise, pour l’auteure, se situe de plein fouet dans la crise économique appréhendée et la déflation à venir.
Les pays producteurs s’étaient mis d’accord pour baisser la production pour pallier la baisse de consommation dû à la pandémie du corona virus « Selon un des principaux traders mondiaux en pétrole, le Suisse Trafigura, la consommation mondiale a chuté de 36 millions de barils par jour, ce qui représente plus du tiers de la consommation habituelle (100 millions de barils par jour). »
Mais, en plus de cette basse de consommation, le problème du stockage du pétrole est apparu. « Depuis des semaines, tous les experts du monde s’alarment des tensions existantes sur les capacités de stockage . Car les producteurs ont tardé à prendre la mesure du choc provoqué par la pandémie, de la chute spectaculaire de la consommation, et ont continué à exploiter leurs gisements tant et plus. Toute cette partie de la production qui n’a pas été consommée au cours de ces dernières semaines se retrouve dans des unités de stockage, des réservoirs, des tankers. Tout est archiplein. »
Et voilà pourquoi les prix en négatif sont arrivés sur le marché..
Et ainsi, comme nous le précise l’auteure, les illusions sur les suites de la pandémie qui serait passagère et que tout irait bien grâce aux banques sont tombées à l’eau.
Concernant l’armement
Le ministère de la défense dépense l’équivalent de 440 respirateurs médicaux pour un char de combat
La lecture de cet article nous révolte carrément. Voici pourquoi :
« Chaque tir d’un char Leopard vaut la même chose que 90 tests de coronavirus. »
« Avec le coût d’un Leopard, évalué à 11 millions de dollars, vous pourriez acheter 440 respirateurs – au prix de 25 000 $ chacun »
« Chaque tir d’un léopard entraîne une dépense de 3 200 $. Avec cet argent, 90 tests Covid-19 seraient payés »
« l’entretien annuel du char de guerre en question, évalué à cinq mille dollars, couvrirait l’entretien annuel d’un lit d’hôpital, qui se situe entre cinq mille et dix mille dollars. »
et les chiffres déboulent ainsi tout au long du texte. Ce qui fait dire à l’auteur que : « La mort coûte plus cher que la vie. »
Concernant la crise alimentaire
L’aggravation de la crise alimentaire dans le monde pointe un risque d’explosion sociale
Avec la crise du Covid 10 la faim dans le monde va toucher 265 millions de personnes c’est une augmentation de 130 millions par rapport à 2019.
Et si on compare avec la crise de 2008-09 ce n’est pas la productivité qui en est la cause. La production de grains est suffisante. Les vraies raisons sont ainsi. « Entre les surstocks de nourriture que font certains États, l’interdiction d’exportations de grands producteurs de blé ou encore la pénurie de main-d’œuvre agricole, la machine alimentaire mondiale s’enraye. Et encore une fois, ce sont les pays à faibles revenus et en déficit alimentaire qui vont subir de plein fouet cette pénurie. »
Dix pays seraient plus touchés que d’autres...c’est à suivre.
Et pour l’espoir
« Cinq propositions pour un monde meilleur après la pandémie »
Ce manifeste écrit par des intellectuel-le-s des Pays-Bas est intéressant par sa concision.
Il débute en situant la crise actuelle dans son contexte historique car pour avoir un tel impact la crise du virus s’est installé dans le modèle de développement du système de consommation et d’échanges internationaux et des inégalités sociales et écologistes..
Ce texte insiste sur deux points.
« Une autre faiblesse du système actuel, qui n’est pas encore très présente dans les discussions sur la pandémie, est le lien entre le développement économique, la perte de biodiversité et les fonctions importantes des écosystèmes, ainsi que la possibilité pour des maladies comme le Covid-19 de se propager parmi les humains. »
« Tout cela exige une action drastique et intégrée et rend essentiel de commencer à planifier dès que possible un monde post-Covid-19. »
Et les signataires de proposer cinq revendications qui se déclinent ainsi :
« 1° S’éloigner d’un développement axé sur la croissance globale du PIB
2° Un cadre économique axé sur la redistribution
3° La transformation de l’agriculture vers une agriculture régénératrice
4° La réduction de la consommation et des voyages
5° L’annulation de la dette »
et le texte de conclure en invitant à développer une vision positive de l’avenir et de l’après covid.
Manifeste féministe transfrontière
« Nous ne reviendrons pas à la normalité car la normalité était justement le problème »
Le texte est un cri de colère et dénonce toutes les inégalités dont sont victimes les femmes.
« Cette crise dévoile et intensifie les violences, les hiérarchies et les racines structurelles de l’oppression, de l’exploitation et de l’inégalité produite par le patriarcat capitaliste colonial, contre lesquelles nous avons toujours lutté et continuerons de lutter »
Le confinement des femmes à la maison et les dangers de violences qui s’en suivent, les soins que nous promulguons dans la société, dans les familles, les travaux ménagers et les emplois précaires, le sort des femmes migrantes, la militarisation et les violences policières et la dévastation de l’environnement. Tout cela sort de l’ombre et brise un silence sur le sort des femmes.
Les politiques néolibérales sont aussi mises en cause :« Alors qu’aujourd’hui, plus que jamais, la santé et la vie s’imposent comme des enjeux collectifs et politiquement centraux, des années de politiques néolibérales ont imposé, avec plus ou moins d’intensité, une logique de responsabilité individuelle de gestion »
Et ce cri du coeur se termine par : « En ce moment, nous ne pouvons pas emplir les rues de notre pouvoir féministe, mais nous continuerons de crier toute notre colère, en désignant les coupables, contre la violence de ce système qui nous exploite, nous opprime et nous tue. Nous voulons être toujours plus nombreuses en première ligne »
La colère des quartiers populaires est légitime
Cette dénonciation de la violence policière est celle commise par des policiers français dans la nuit du 19 au 20 avril à Villeneuve-la-Garenne. Une interpellation qui a failli coûté la jambe d’un jeune motard.
Les quartiers pauvres ont vu rouges.
Pourtant ces gens sont aux premières loges pour travailler dans les services essentiels. Ils et elles sont aussi aux premières loges des décès vu les mauvaises conditions d’existence et les inégalités sociales.
Il faut donc dénoncer « Les discriminations racistes, déjà insupportables, sont renforcées par l’impunité policière et les violences et humiliations se multiplient dans les quartiers populaires »
« La colère des quartiers populaires est légitime. »
Bonne lecture
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