Édition du 19 novembre 2024

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Canada

Ne laissons pas Air Canada plaider sa propre turpitude

Air Canada semble manipuler le processus judiciaire pour arriver à ses fins, c’est-à-dire rendre irréversible sa décision de délocaliser la maintenance lourde loin de Montréal, Mississauga et Winnipeg. Le transporteur en appellera sûrement de la décision du procureur général. Il étirera donc un peu plus l’agonie des 2 600 ex-travailleurs d’AVEOS.

L’auteur est coordonnateur québécois pour l’Association Internationale des Machinistes et Travailleurs de l’Aérospatiale (AIMT), vice-président de la Fédération des Travailleurs du Québec

Air Canada semble plaider sa propre turpitude sur la place publique afin de justifier son refus d’accepter le jugement de la Cour d’appel du Québec. Pour preuve, le président-chef de la direction d’Air Canada, Calin Rovinescu, déclarait à l’occasion de la divulgation des résultats du troisième trimestre de son entreprise qu’« on ne peut pas réinventer des structures du jour au lendemain. On parle d’activités de maintenance très techniques, tant en termes d’infrastructure que de personnel. Je ne vois rien d’imminent ». M Rovinescu paraît être en train de dire qu’il a contrevenu à la loi, mais qu’il est maintenant trop tard pour faire marche arrière. Si tel est la stratégie d’Air Canada, nous ne pouvons accepter cette situation sans réagir.

Air Canada, en prétextant qu’il est lié à ses contrats existants, que l’expertise n’est plus disponible en nombre suffisant, que la machinerie n’est plus disponible, que les emplacements où avaient lieu les opérations sont affectés à d’autres activités qu’ils ont été détruits, ou vendus, cherchera à justifier l’irréversibilité de la délocalisation d’une partie de ses activités et il faut en être conscient. En ce moment, tout devient un prétexte pour Air Canada de se dérober à la loi et d’éviter de rapatrier en tout ou en partie ses opérations d’entretien et de révision.

Entre temps, rien ne l’empêche de se lancer dans une opération de relations publiques auprès du gouvernement fédéral. Le transporteur peut demander une modification de la Loi sur la participation publique au capital d’Air Canada afin de l’amender, ce qui lui permettrait de se libérer définitivement de sa responsabilité de maintenir des activités d’entretien et de révision à Montréal, Winnipeg et Mississauga à l’avenir. Il faudra donc que le gouvernement Trudeau demeure sur ses gardes et qu’il résiste au chant de sirènes d’Air Canada s’il veut continuer de défendre la classe moyenne dans ce dossier. Pour sa part, le gouvernement du Québec collabore en permettant au processus judiciaire de suivre son cours.

Pour la suite des choses, il faudra élaborer un plan pragmatique qui saura répondre aux différentes situations auxquelles nous pourrions avoir à faire face. Les ex-travailleurs d’AVEOS ont subi une violence économique inacceptable. Certains ne se sont toujours pas remis de l’annonce de la fin des activités en 2012. Nous ne pouvons pas accepter de demi-mesures dans ce dossier. Il faut maintenir la pression sur Air Canada et demander un plan de réaffectation des activités, réaliste et négocié de bonne foi par les parties prenantes. Le dénouement espéré ne peut qu’être un retour à la conformité d’Air Canada en regard de la loi, et ce, le plus rapidement possible.

David Chartrand

Coordonnateur québécois pour l’Association Internationale des Machinistes et Travailleurs de l’Aérospatiale (AIMT), vice-président de la Fédération des Travailleurs du Québec.

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