Guichet unique et précieuse source d’informations variées sur la société québécoise, la BDSO est supprimée au motif qu’elle entraîne des coûts de 1 million $ par an. Ces coûts s’avèrent impossibles à assumer par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) en raison des contraintes budgétaires imposées par le gouvernement. Sans oublier les demandes répétées - toutes demeurées sans réponse - de l’ISQ au Conseil du trésor pour obtenir un financement adéquat afin d’assurer la survie de la BDSO.
« L’argument budgétaire prend le pas sur tout, mais malheureusement, la fiabilité et l’objectivité des données utilisées pour l’élaboration de politiques et des décisions gouvernementales, la sécurité de l’information et les économies que peuvent générer ces enquêtes ne sont pas prises en compte, ce qui est navrant », soutient le président du SPGQ, Richard Perron.
Représentant 150 professionnels de l’ISQ, le SPGQ est troublé par cette décision, d’autant que l’Assemblée nationale du Québec avait adopté unanimement, en 2010, une motion qui dénonçait la décision du gouvernement Harper de supprimer la version détaillée du questionnaire du recensement de la population, l’invitant du même coup à faire marche arrière. « Partout au pays, le patrimoine statistique en prend pour son rhume ! », se désole M. Perron.
En plus de la disparition de la BDSO, l’ISQ a vu son personnel fondre comme neige au soleil en raison de revenus autonomes décroissants, lesquels constituent une partie importante des fonds nécessaires aux opérations de l’ISQ. Puis, les ministères et organismes se tournent davantage vers les firmes privées. À ce titre, le cas de l’Enquête québécoise sur les couvertures vaccinales contre l’influenza et le pneumocoque est éloquent quant à l’expertise et au professionnalisme des employés de l’ISQ. Les taux de réponse obtenus par l’ISQ ont toujours été bien supérieurs à ceux des firmes privées. « Celles-ci peuvent même mettre en danger les résultats des données ainsi que leur fiabilité, ce qui est préoccupant, car les programmes sont conçus en fonction des résultats obtenus », dénonce le président du SPGQ.
Les rapports d’enquêtes produits à l’ISQ sont vus, lus et utilisés par un public beaucoup plus large qu’un rapport produit par un ministère. La diffusion des rapports de l’ISQ permet l’accessibilité à des données fiables, de qualité et objectives. Ces données sont utilisées par des citoyens, des intervenants ciblés comme les chercheurs et des journalistes qui utilisent les informations pour appuyer leurs articles.
Selon le SPGQ, supprimer la BDSO constitue un geste stupéfiant à l’endroit d’une organisation désigné par le législateur comme responsable de la réalisation de toutes les enquêtes statistiques d’intérêt général. « Un pas de plus dans cette direction et nous pourrions perdre des informations précieuses qui permettent de prendre le pouls des habitudes de vie, de voir l’évolution des phénomènes et d’offrir des données comparables d’une année à l’autre sur le plan de la méthodologie et du contenu. Un pas de plus dans cette direction et nous pourrions perdre aussi des données importantes pour la prise de décision quant aux programmes à améliorer ou à mettre en place afin de modifier des habitudes de vie et réduire des comportements à risque », conclut Richard Perron.