25 000 ménages québécois visés
Plus de 25 000 ménages québécois sont visés par le nouveau règlement. Selon les directeurs de santé publique, ces changements à l’aide sociale pourraient entraîner des effets négatifs sur la santé de milliers de familles, d’adultes et d’enfants en les appauvrissant davantage. « Il faut éviter à tout prix de fragiliser des gens qui vivent déjà sous le seuil de faible revenu », précise le Dr Gilles W. Grenier, directeur de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec. La pauvreté est en effet associée au développement de nombreuses maladies chroniques, ainsi qu’à des problèmes de santé mentale et à des retards dans le développement des enfants. Par ailleurs, la pauvreté chez les jeunes peut avoir des effets sur leur santé qui se prolongent tout au long de leur vie.
La survie sous le seuil de faible revenu
Actuellement, les prestations d’aide sociale ne couvrent en général qu’environ 50 % des besoins de base d’une personne vivant seule et apte au travail, et environ 76 % des besoins de base d’une jeune famille. Le nouveau règlement prévoit abolir le versement de l’allocation pour contrainte temporaire à l’emploi de 129 $ par mois aux couples ayant un enfant de moins de 5 ans et aux personnes de 55 à 57 ans considérées aptes au travail. De plus, le versement des prestations spéciales pour couvrir les frais d’hébergement des personnes en démarche de désintoxication serait limité à une durée de 90 jours annuellement.
Des mesures d’aide à l’emploi à expliciter
Dans leur mémoire intitulé Modifications à l’aide sociale : Éviter l’irréparable en évaluant d’abord les impacts sur la santé, les directeurs demandent également que soient explicitées les mesures favorisant le retour à l’emploi proposées dans le projet de règlement, notamment la durée des prestations d’allocations, les critères d’admissibilité et les modalités d’accompagnement individuel. Les directeurs précisent que l’insertion au marché du travail pour certaines personnes peut s’avérer difficile en raison de conditions particulières observées chez plusieurs prestataires considérés aptes à l’emploi. « Le faible niveau de scolarité, l’absence prolongée du marché du travail, les difficultés d’intégration pour les immigrants et les réalités du marché de l’emploi dans certaines régions du Québec constituent des obstacles importants au retour au travail de plusieurs personnes. À ces obstacles s’ajoutent les préjugés dont sont victimes les personnes assistées sociales et qui peuvent les empêcher de trouver un emploi », explique la Dre Ariane Courville, directrice de santé publique par intérim de la région Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine.
Les impacts de la pauvreté sur la santé
De façon générale, l’espérance de vie est réduite chez les personnes les plus défavorisées : au Québec, huit années séparent l’espérance de vie des hommes les plus défavorisés des plus favorisés ; chez les femmes, cet écart est de quatre années. Au Canada, par exemple, les taux de diabète et de maladies cardiaques sont deux fois plus importants parmi le groupe de la population le plus pauvre que parmi le groupe de la population le plus riche. Une position socioéconomique désavantageuse est aussi associée à moins d’années vécues en bonne santé. De plus, les personnes appartenant aux ménages les plus pauvres sont davantage susceptibles d’avoir un indice élevé de détresse psychologique et d’avoir des pensées suicidaires sérieuses.
Les coûts de santé reliés à la pauvreté
La pauvreté engendre des coûts importants pour le système de santé. Selon une étude du MESS publiée en 2009, l’amélioration du revenu des plus pauvres permettrait de réduire les dépenses en santé du Québec de 1,7 milliard de dollars chaque année. Des études ont également démontré que les hospitalisations sont plus nombreuses chez les personnes à faible revenu, et que la durée d’hospitalisation augmente avec la diminution du revenu, ce qui entraîne des coûts importants pour le système de santé.
Le rôle des directeurs régionaux de santé publique
Les directions de santé publique du Québec ont la responsabilité de prévenir la maladie, de surveiller, protéger et promouvoir la santé de l’ensemble de la population. Plus précisément et tel qu’établi dans la Loi sur la santé publique, les directeurs régionaux de santé publique ont le mandat légal de « promouvoir la santé et l’adoption de politiques sociales et publiques aptes à favoriser une amélioration de l’état de santé et de bien-être de la population auprès des divers intervenants dont les décisions ou actions sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé de la population ».
Pour consulter le mémoire : www.dsp.santemontreal.qc.ca