En ayant bien pris en note les nombreuses inquiétudes formulées par le premier ministre François Legault et son ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, quant au non-respect des consignes sanitaires pour expliquer la hausse du nombre de cas de COVID-19 au Québec, la CSQ sonne l’alarme à l’effet que, plus de deux semaines après la rentrée scolaire, l’incohérence des règles en vigueur complique la tâche du personnel et rend impossible le respect du concept de bulle-classe sur le terrain. Par exemple, malgré le fait que les règles sanitaires prônent l’application du concept de bulle-classe, la réalité révèle plutôt qu’un élève peut briser cette « bulle imaginaire » à trois reprises au cours de la même journée : l’autobus scolaire, le service de garde et le parascolaire, sans compter les nombreux contacts entre élèves lors des récréations ou des périodes de dîner. La CSQ et ses fédérations du réseau scolaire s’expliquent mal que, devant un constat aussi criant, le gouvernement et les autorités sanitaires choisissent de fermer les yeux et de détourner le regard sur le non-respect quotidien de leurs propres recommandations. Alors que le gouvernement appelle la population à plus de discipline afin de mieux mettre en pratique les règles de distanciation physique, la présidente de la Centrale, Sonia Ethier, conclut qu’il existe deux poids, deux mesures entre les rappels à l’ordre lancés par les autorités de santé et la réalité vécue sur le terrain dans les écoles par le personnel ainsi que par les élèves.
Citations
« Le concept de bulle-classe est beau en théorie, mais reste de la fabulation en pratique sur le terrain si on tient compte des mesures en place pour les élèves avant et après les heures de classe. Avant de blâmer la population pour la croissance des cas de COVID-19, le ministre de la Santé et des Services sociaux peut-il au moins venir constater ce que son collègue ministre de l’Éducation permet sur le terrain ? Le gouvernement demande au personnel des écoles et des centres de services scolaires de mettre en pratique des règles qui vont à l’encontre de ce qui est recommandé ! On se demande maintenant qui mène, et quelles mesures doivent être appliquées pour respecter la cohérence. De deux choses l’une : ou le gouvernement procède à de l’aveuglement volontaire ou il est complètement déconnecté. Nous invitons le ministre de la Santé et des Services sociaux à sortir de sa bulle imaginaire et à venir constater de ses propres yeux les incohérences quotidiennes vécues dans les écoles par le personnel enseignant, de soutien et professionnel. Il faut agir. Ça presse ! », mentionne Sonia Ethier, présidente de la Centrale.
« Les enseignantes et les enseignants doivent composer avec des consignes provenant de plusieurs têtes : la Santé publique, la CNESST et le ministère de l’Éducation. Les règles de santé publique et de la CNESST ont préséance partout, sauf en éducation où il y a pénurie et où travaillent une majorité de femmes. C’est inacceptable. Nous constatons notamment de grandes disparités pour les enseignantes enceintes, qui ne sont pas réaffectées ou en retrait préventif partout, selon les milieux. Nous le voyons aussi en matière de télétravail, alors que le gouvernement le recommande formellement dès que possible pour son travail personnel, mais apparemment pas du côté des centres de services scolaires. Il est plus que temps de savoir comment se gouverner afin de pouvoir enfin consacrer le plus clair de nos énergies au rattrapage des élèves qui en ont bien besoin », déclare Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).
« Sur le terrain, ce qui se passe est alarmant. On doit, par exemple, gérer des bulles-classes qui éclatent en dehors de la classe. J’ai vu des bulles de services de garde regrouper des élèves provenant de dix bulles-classes différentes. En quoi est-ce que ça respecte les consignes sanitaires ? Le flou entourant les règles sanitaires semble faire l’affaire des gestionnaires d’établissements scolaires qui en abusent parfois, ce qui génère des incohérences sur le terrain. C’est à se demander pourquoi le gouvernement accepte d’être complice de cette situation. Par exemple, dans certains établissements, on nous apprend que le port des équipements de protection individuelle pourrait devenir obligatoire, alors que dans d’autres endroits, on n’en a même jamais entendu parler. Ou encore, la désinfection devient plus ou moins fréquente selon la disponibilité du personnel dans chaque centre de services scolaire. Ça n’a aucun sens, personne ne s’entend sur des consignes claires et uniformes malgré qu’on le demande depuis des mois. Au final, c’est la santé du personnel de soutien et des élèves qui est mise à risque », explique Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ).
« En plus des questions de sécurité et de logistique, il est nécessaire de mettre en place toutes les conditions pour que les élèves puissent progresser, ainsi que pour accompagner le personnel enseignant. Les professionnelles et les professionnels doivent pouvoir intervenir en toute sécurité et le non-respect des directives de santé publique, soit par le manque de matériel de protection ou par l’incohérence des bulles dans plusieurs centres de services scolaires, est inacceptable. Des milliers d’élèves ont accumulé des retards depuis le printemps et chaque éclosion supplémentaire augmente le nombre d’absents. Reverrons-nous ces élèves ? On ne veut pas les voir décrocher, on veut les accrocher ! », indique Jacques Landry, président de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ).
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