Édition du 17 décembre 2024

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Manque urgent de services professionnels dans les écoles et les cégeps

La CSQ, la FPPE et la FPPC réclament un sérieux coup de barre pour répondre aux besoins des jeunes.

Montréal, le 19 novembre 2007. – Les professionnelles et professionnels de l’éducation jouent un rôle essentiel en soutien aux enseignantes et aux enseignants et en intervention directe auprès des élèves et des étudiants pour assurer leur réussite, particulièrement celles et ceux qui connaissent des difficultés. Pourtant, les services professionnels continuent d’être le secteur où on investit le moins au primaire et au secondaire, alors que les personnes qui y travaillent déplorent que leurs professions soient parmi les moins valorisées.

Profitant de la tenue de la Semaine des professionnelles et professionnels de l’éducation, qui se déroule du 19 au 23 novembre 2007, les présidents de La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, de la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ), M. Jean Falardeau, et de la Fédération du personnel professionnel des collèges (FPPC-CSQ), M. Bernard Bérubé, lancent un cri d’alarme pour que ces professions et ceux qui y œuvrent soient reconnus à leur juste titre.

Les trois leaders syndicaux ont profité aujourd’hui de la tenue d’une conférence de presse conjointe à Montréal pour dénoncer la dégradation des conditions de travail des professionnelles et professionnels tant au primaire et au secondaire qu’au collégial, alors que les services professionnels doivent toujours se contenter de la plus petite part des investissements gouvernementaux en éducation et en enseignement supérieur.

Des jeunes qui subissent les conséquences d’un manque de professionnels

Le président de la CSQ, M. Réjean Parent, soutient qu’il est paradoxal que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport souhaite intégrer toujours plus d’élèves handicapés et en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) dans les classes régulières, sans s’appuyer à fond sur les professionnelles et les professionnels qui sont pourtant essentiels pour assurer le succès d’une telle opération.

« Les reportages diffusés récemment dans les médias montrant des exemples de dictées d’élèves truffées de fautes d’orthographe, pour tirer un constat général sur la qualité du français dans nos écoles, sans tenir compte du fait qu’il s’agissait peut-être de jeunes dyslexiques, résument fort bien la situation actuelle. Le drame est qu’un grand nombre de jeunes subissent quotidiennement les conséquences d’un tel jugement hâtif, sans recevoir l’aide dont ils auraient besoin, justement parce qu’il manque cruellement de personnel professionnel dans nos écoles », déplore M. Réjean Parent.

Une crise qui pourrait s’aggraver

Le président de la FPPE-CSQ, M. Jean Falardeau, se dit inquiet de constater que malgré les promesses du premier ministre Jean Charest lors de la dernière campagne électorale, la situation est encore loin d’être idéale et risque de s’aggraver au cours des prochaines années.

« M. Charest a promis, le printemps dernier, d’investir 100 millions de dollars pour l’embauche de 1 000 professionnels supplémentaires au cours de son présent mandat. Nous ignorons si son engagement tient toujours, mais une chose est certaine, s’il ne tient pas parole, nous nous dirigeons vers une sérieuse crise dans nos écoles dont les élèves seront malheureusement les victimes. En effet, si nous tenons compte du fait que le nombre de professionnels est déjà insuffisant pour répondre aux besoins des élèves et si nous prenons en considération que d’ici 2009-2011, environ 1 000 professionnels devraient partir pour la retraite, alors on constate que la promesse du gouvernement Charest, si elle se réalise, ne fera que nous ramener à la situation actuelle, sans plus », constate M. Falardeau.

Des professions à revaloriser par des gestes concrets

Le président de la FPPE-CSQ précise que la simple volonté politique ne suffira certainement pas pour hausser le nombre de professionnels dans les écoles et que des gestes concrets devront être posés pour revaloriser ces professions.

« Il ne faut pas être surpris des difficultés de recrutement dans plusieurs catégories d’emplois, dont les psychologues, les psychoéducateurs, les orthophonistes, puisque les conditions de travail difficiles sont, entre autres, un élément important qui explique que plusieurs jeunes finissants préfèrent aller travailler dans le secteur de la santé ou le secteur privé plutôt que dans le secteur de l’éducation. Cela reflète l’état d’esprit généralisé des professionnels dont la majorité dénonce leur manque de considération et d’influence dans le secteur de l’éducation, le peu d’autonomie dont ils disposent, la surcharge de travail qui se traduit souvent par un état d’épuisement professionnel », élabore M. Jean Falardeau.

Des professionnels peu reconnus dans les cégeps

Pour sa part, le président de la FPPC-CSQ, M. Bernard Bérubé, soutient que la situation des professionnels au collégial n’est guère mieux que celle vécue par leurs collègues du primaire et du secondaire.

« C’est clair que les professionnels dans les cégeps ne sont pas reconnus à leur juste titre. Est-il normal qu’il n’existe toujours pas d’enveloppe budgétaire spécifique aux professionnels qui sont inclus dans la même enveloppe que les coûts de chauffage ? Cela en dit long sur la reconnaissance qu’on a à l’égard des professionnels. Le nombre de professionnels est nettement insuffisant et même si l’on procède à certaines embauches, on condamne malheureusement les nouveaux venus à la précarisation en leur accordant des emplois par projets, qui peuvent durer plusieurs années avant qu’ils obtiennent leur permanence », dénonce M. Bérubé.

Des listes d’attente qui s’allongent

Le président de la FPPC-CSQ précise que le manque de professionnels pour certaines catégories d’emplois, dont les psychologues, les conseillers d’orientation et les aides pédagogiques individuels, entraîne des conséquences sérieuses qui affectent la qualité des services aux étudiants.

« Dans certains collèges, les listes d’attente pour voir un professionnel sont devenues si longues que les étudiants n’ont pas droit à plus de deux rencontres, bien qu’il soit évident que c’est nettement insuffisant pour assurer un suivi sérieux. Il y a même des cas où la rencontre avec l’étudiant ayant besoin d’aide ne doit pas excéder une vingtaine de minutes, comme si l’on demandait au professionnel de faire un miracle. Le peu de respect qu’on a à l’égard des professionnels se traduit par une surcharge de travail, l’accumulation de dossiers sans le temps nécessaire pour bien les traiter, le non-respect de la tâche, l’absence de planification et les commandes de dernière minute demandées aux professionnels », rapporte M. Bernard Bérubé.

La réussite des jeunes compromise

Les présidents de la CSQ, de la FPPE-CSQ et de la FPPC-CSQ, MM. Réjean Parent, Jean Falardeau et Bernard Bérubé, concluent en disant souhaiter que tant le gouvernement du Québec que les directions des commissions scolaires et des cégeps prennent conscience que les professionnels sont au cœur de la réussite des élèves et des étudiants et qu’en maintenant la situation actuelle, cette réussite est compromise pour plusieurs qui ne reçoivent pas l’aide professionnelle dont ils ont besoin.

Mots-clés : Communiqués

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