La présidente de la FPPC-CSQ, Suzanne Tousignant, était de passage dans la région dans le cadre d’une tournée des syndicats de la fédération à travers le Québec. « Avec les années, les fonctions des professionnelles et professionnels des collèges se sont complexifiées et nos tâches se sont alourdies. En contrepartie, nos conditions de travail ne se sont pas améliorées. Au contraire, à certains égards, elles se sont détériorées », constate-t-elle.
Un rôle essentiel mal reconnu
Il y a généralement une méconnaissance regrettable du rôle que le personnel professionnel joue auprès des étudiantes et étudiants, des autres catégories de personnel et des directions. « Nous déplorons que notre expertise ne soit pas reconnue à sa juste valeur puisque, trop souvent, les services professionnels sont perçus comme des dépenses alors qu’ils constituent plutôt des investissements. Enfin, plusieurs semblent ignorer la différence importante que fait le personnel professionnel dans l’ensemble de la vie collégiale », explique Suzanne Tousignant.
La situation au Cégep de l’Outaouais
Au Cégep de l’Outaouais, on compte 35 professionnels pour 4 700 étudiants. Un nombre insuffisant selon le président du SPPCO-CSQ, Frédéric Ouellet, alors que les étudiants à besoins particuliers augmentent sans cesse et qu’on démarrera de nouveaux programmes.
« Plusieurs professionnels sont déjà dans une situation de surcharge de travail et ça va aller en empirant à moins qu’on ajoute des ressources professionnelles supplémentaires. En effet, il faut assurer aux étudiants à besoins particuliers le soutien nécessaire. De plus, le lancement de deux nouveaux programmes à l’automne prochain, l’un en architecture et l’autre en technique juridiques, ne peut se faire sans l’embauche de professionnels », argumente Frédéric Ouellet.
Il renchérit en mentionnant que trois nouveaux programmes devraient également s’ajouter bientôt. « Il faudra plus de professionnels pour élaborer ces programmes mais également pour encadrer les étudiants qui seront plus nombreux à fréquenter le Cégep de l’Outaouais. Si notre établissement veut pouvoir contrer l’effet d’attraction d’Ottawa, on ne peut pas se contenter d’innover avec des programmes. Il faut que les services de soutien aux étudiants soient également réels », plaide le président du SPPCO-CSQ.
La situation au Collège Héritage
Pour sa part, la présidente du Syndicat des professionnels du Collège Héritage (SPCH-CSQ), Sandra Ricci, mentionne que son établissement compte dix professionnels à temps plein et un à temps partiel pour 1 300 étudiants.
« Depuis les dix dernières années, nous avons connu une augmentation de 35 % du nombre d’étudiants et la hausse se poursuit. C’est évident qu’il n’y a pas suffisamment de professionnels, surtout que nous accueillons plusieurs étudiants à besoins particuliers. La surcharge de travail est donc le lot de plusieurs professionnels. À titre d’exemple, mentionnons qu’un étudiant doit attendre au moins deux à trois semaines avant de pouvoir rencontrer un aide pédagogique individuel (API) », rapporte Sandra Ricci.
Outre l’actuelle surcharge de travail, la présidente du syndicat est particulièrement inquiète pour les prochaines années alors qu’au moins la moitié des professionnelles et professionnels en poste prendront leur retraite d’ici cinq ans. « Ces gens seront-ils tous remplacés ? Nous l’espérons fortement mais nous ne sommes pas totalement rassurés. », regrette la présidente du SPCH-CSQ.
Plan d’action pour la pleine reconnaissance
La présidente de la FPPC-CSQ déplore : « Les compressions des dernières années ont eu des effets négatifs importants sur les conditions de travail des professionnelles et professionnels qui vivent de plus en plus de pression, alors que les besoins augmentent continuellement. Espérons que le réinvestissement annoncé par le ministre des Finances se concrétisera en partie par l’ajout de ressources professionnelles dans les cégeps. »
« Certains résultats de la dernière négociation, comme les rangements dans la structure salariale, demeurent aussi insatisfaisants. En entérinant l’entente de principe négociée par le Front commun, nos membres ont choisi d’utiliser d’autres lieux pour revendiquer haut et fort des changements. Pensons notamment au dossier de plaintes en équité salariale et aux comités nationaux en lien avec les relativités salariales pour le rangement des conseillers pédagogiques », explique Suzanne Tousignant.
La tournée entreprise auprès des 34 syndicats de la Fédération permettra de rencontrer les membres afin de leur présenter un plan d’action visant la pleine reconnaissance du travail et de l’expertise du personnel professionnel collégial par de meilleures conditions de travail.
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