Le péril que pose cette définition pour la liberté académique n’est ni théorique ni imaginaire. À titre d’exemple, en 2020, un débat sur la définition de l’IHRA, organisé par le Center for Free Expression de l’Université Ryerson, vaut à un professeur de droit de l’université York une mise à l’index par une organisation pro-israélienne : dans sa pétition cette dernière l’accuse d’antisémitisme et exige de son université qu’il n’enseigne plus de cours sur les droits de la personne. La même année, l’Université de Toronto interrompait la procédure d’embauche d’une juriste de réputation internationale - ses recherches et son expertise sur la question des droits de la personne en Israël et en Palestine n’étant pas du goût d’un important donateur de l’université. UofT s’était alors attiré un blâme de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU).
Plusieurs instances gouvernementales au Canada ont déjà fait leur la définition de l’IHRA, et ce, malgré que son rédacteur principal, Kenneth Stern, en ait lui-même dénoncé l’instrumentalisation politique. En 2019, le gouvernement fédéral l’insérait dans sa Stratégie nationale de lutte contre le racisme. En 2020, le gouvernement ontarien l’adopte par décret, et à sa suite, plusieurs provinces en feront de même. En 2021, la Coalition Avenir Québec annonce unilatéralement vouloir l’adopter également. Contre les risques que représente cette situation pour la liberté académique d’un grand nombre d’universitaires, la FQPPU enjoint les Scientifiques en chef du Québec et du Canada de se prononcer contre l’adoption de la définition de l’antisémitisme promue par l’IHRA. Dans son opposition à cette définition, la FQPPU rejoint les rangs de l’ACPPU, de la FNEEQ, de l’OCUFA et d’une quarantaine de syndicats et associations de professeur·e·s canadien·ne·s et québécois·e·s.
Un message, un commentaire ?