Édition du 19 novembre 2024

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Lettre ouverte à Monique Leroux du Mouvement Desjardins : De l’équilibre dans les rémunérations des hauts dirigeants

Québec, le 6 mai 2010.

Carrefour Desjardins
a/s Monique F. Leroux

Objet : De l’équilibre dans les rémunérations des hauts dirigeants

Bonjour Mme Leroux,

Depuis quelques années, nous observons une montée vertigineuse des rémunérations des principaux dirigeants des banques, compagnies d’assurances, caisses populaires, etc.

Ces déséquilibres créent un sentiment de malaise et de gêne dans la population. En effet, les écarts de revenu entre les dirigeants et les travailleurs de la base sont tellement grands qu’ils deviennent une injustice sociale. Cette situation, qui va d’ailleurs toujours en s’amplifiant, est favorable au développement de comportements criminels dans notre société. Ceux-ci vont éventuellement se manifester de plus en plus, comme dans plusieurs pays où il y a beaucoup d’écart entre les classes sociales. De plus, il est démontré que la grande majorité des gens riches, par leurs comportements ostentatoires, provoquent des sentiments d’envie. Ces sentiments amènent beaucoup de gens dans une spirale ascensionniste de surconsommation ce qui crée l’endettement excessif de plusieurs et ce qui est également très mauvais pour l’environnement. Effectivement, et même si on ne le dit pas souvent, la consommation et la dégradation de l’environnement sont intimement liées.

Je ne crois pas qu’une rémunération de 1,56 millions soit raisonnable Mme Leroux. On utilise fréquemment l’argument voulant que d’autres dirigeants de banques ou d’autres compagnies gagnent plus. À mon avis, c’est là une continuelle surenchère qui n’a aucune base véritablement logique. Même la question de rémunération élevée pour garder les gens compétents voire exceptionnels ne tient pas la route, car la cupidité est une très mauvaise valeur pour un bon leader. En fait, la rémunération des dirigeants devrait plutôt être basée, en grande partie, sur les véritables besoins, puis ensuite sur des considérations comme la compétence et les responsabilités. Le revenu d’une personne ne devrait pas dépasser 200 000$ à 300 000$ pour les postes les plus prestigieux. Le premier ministre Charest ne reçoit-il pas 257 000$ comme premier ministre et avec le boni du Parti Libéral du Québec. À mon avis, ces salaires sont amplement suffisants pour combler tous les besoins raisonnables dans notre société.

Même si vous n’êtes pas la plus haute salariée au Québec, je m’adresse à vous parce que vous êtes la personne la plus susceptible de démarrer un mouvement de recul chez les hauts salariés. Pourquoi vous, mais d’abord parce que vous êtes une femme et que les femmes sont habituellement plus connectées aux valeurs humaines que les hommes. Aussi parce que vous êtes dans le monde de la coopération et de la solidarité qui sont par définition des valeurs communautaires. De plus dans un mouvement coopératif, comme celui que vous dirigez, le partage équitable des profits n’est-il pas à la base des principes de coopération ? Finalement, parce que la Caisse d’économie solidaire est ma caisse depuis plusieurs années et que mon compte de banque a toujours été dans une caisse populaire depuis mon enfance.

Si jamais vous acceptiez de renoncer à une partie de ce salaire faramineux, vous pourriez provoquer un mouvement d’adhésion à la caisse pour les gens, qui comme moi, cherchent une institution financière et une compagnie d’assurance où on y fait une bonne gouvernance. Une bonne gouvernance est, entre autre, que les dirigeants ne s’octroient pas des salaires et bonis excessifs.

J’espère Mme Leroux que mes arguments auront su vous convaincre des méfaits de comportements financiers prédateurs et des bienfaits d’une approche raisonnable, généreuse et équilibrée sur le plan des rémunérations.

Pascal Grenier, président
Groupe de simplicité volontaire de Québec
Québec

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