Édition du 24 septembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 26 juin 2018

Les politiques d'immigration de la classe dominante, expression de la barbarie capitaliste

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

Vers les élections au Québec

André Frappier analyse la conjoncture à la veille de la prochaine campagne électorale québécoise. Affirmant que le vent souffle de la droite et que tout indique que la bataille sera difficile, il souhaite que l’enjeu majeur de la campagne que mènera Québec solidaire ne réside « pas seulement dans la réussite d’une campagne électorale au sens classique du terme, mais dans sa capacité de redonner espoir et de rassembler les forces sociales pour relancer la lutte. »

Paul Cliche croit profondément que malgré les sondages, Québec solidaire saura tirer son épingle du jeu lors des prochaines élections. Les dons à la formation politique se sont multipliés, les assemblées publiques attirent des milliers de personnes, plus de 4000 membres ont participé aux assemblées d’investiture, ce qu’aucun autre parti n’a réussi à réaliser. De plus, QS est la seule formation qui s’inscrit contre les politiques néolibérales. Des engagements programmatiques comme la hausse du salaire minimum à 15$, l’assurance dentaire, le transport en commun à moitié prix sont des exemples de mesures susceptibles de mobiliser la population.

Mobilisations

Les animateurs et animatrices du collectif Debout pour l’école invite à la mobilisation pour un système éducation inclusif, de qualité et qui soit le creuset d’une culture commune. Expliquant la démarche du collectif, Suzanne-G. Chartrand nous invite à ne plus laisser les pouvoirs politique et administratif décider de l’avenir de la société et à occuper l’espace décisionnel.

Greenpeace Canada propose cinq manières d’affronter les entreprises exploitant les énergies fossiles, notamment les compagnies qui construisent les pipelines destinés à transporter le pétrole. L’organisme rappelle que les trois grands du secteur (Kinder Morgan, Enbridge et TransCanada) sont responsables en moyenne d’un déversement par semaine aux États-Unis seulement depuis 2010. De plus, elles sont parmi les responsables de la crise climatique et les investissements qu’elles représentent auraient de meilleurs effets dans les énergies propres. Ce sont les raisons pour lesquelles il faut contester leur pouvoir et leurs activités et Greenpeace suggère cinq façons d’y parvenir.

Immigration, le Canada n’est pas blanc comme neige

La question des migrants et des réfugiés est au coeur des tensions politiques depuis plusieurs années. Les récents épisodes de séparation des familles aux États-Unis ont donné une nouvelle occasion de réfléchir sur le sujet. Un article de la revue Relations explique que le Canada n’est pas blanc comme neige dans le traitement des migrants et des réfugiés et que les efforts de l’État de fermer les portes ne font que contraindre les demandeurs d’asile à trouver des façons de contourner les contrôles à la frontière. Bref, malgré les belles paroles de Justin Trudeau, tout est fait pour dissuader les migrantes de tenter leur chance au Canada.

Guerres commerciales

Claude Vaillancourt invite à revoir l’opposition libre-échange versus protectionnisme expliquant que les deux ne sont que les effets de la compétition inhérente au système capitaliste actuel. De fait, les enjeux de la rivalité actuelle n’est pas dans le choix entre l’un ou l’autre, mais bien de comprendre les coûts reliés à la course de produire toujours plus à moindre coût et ses effets sur l’environnement. Dans cette bataille, la défense des intérêts des salarié.e.s est absente. L’auteur invite à revoir ces enjeux sous le prisme des intérêts de la majorité et non pas des corporations et qu’il faut mettre des bornes au tout aux profits.

Austérité et pauvreté

Des chercheurs de l’IRIS font la démonstration que « l’analyse d’impact budgétaire des 15 dernières années révèle que les politiques de restriction budgétaire ayant été employées lors de cette période ont eu un impact négatif sur la croissance économique, les investissements privés et le revenu disponible des individus » et que « la période de relance économique que connaît le Québec depuis le début de l’année 2016 n’est pas le résultat des politiques de rigueur budgétaire, mais plutôt le résultat de la hausse de la croissance ontarienne couplée à une hausse de la consommation des ménages et des investissements publics et privés ».

En outre, les porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté condamnent les libéraux de Philippe Couillard qui prétendent lutter contre la pauvreté (hausse du salaire minimum de 0,75$, augmentation des prestations de l’aide sociale, etc.) alors que le gouvernement libéral s’est davantage illustré par le décevant Plan de lutte à la pauvreté déposé en décembre dernier où seules les personnes qui ont des contraintes sévères à l’emploi obtiennent de quoi vivre minimalement.

Sur la scène internationale

Deux dossiers ont été constitués pour suivre l’actualité sur la scène internationale : celui sur l’immigration et sur le Moyen-Orient.

Concernant le Moyen-Orient, L’élection en Turquie a permis à Erdogan de reconduire son pouvoir. Erdogan se maintient à la tête de la Turquie, et renforce ses pouvoirs. Erdogan a donc gagné son pari avec plus de 50 % des votes. Même l’opposition reconnaît sa victoire. Mais comment expliquer de tels chiffres quand on connaît ce qu’a fait Erdogan ces dernières années ? « Bénéficiant de tous les moyens de l’État et de nombreuses mairies – notamment les bus et autres véhicules municipaux pour le transport des militants –, le Parti présidentiel de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), a aussi pu compter sur le soutien d’une presse largement asservie au pouvoir politique depuis le rachat, en avril, de l’empire médiatique Dogan par un homme lige du président. » L’auteur va au coeur de cette élection en montrant que le vrai enjeu pour Erdogan est sa réforme politique . « Réclamée depuis plusieurs années par le maître de la Turquie, la réforme est tout entière consacrée à la transformation de la présidence de la République en une institution détentrice de l’essentiel du pouvoir exécutif, débarrassée, au mépris du principe de séparation des pouvoirs, d’un certain nombre de mécanismes qui permettaient jusque-là au Parlement et à la justice de contrôler l’activité gouvernementale. » Il décrit en détail comment Erdogan va tenter de mettre en place cette réforme. L’article se termine avec une analyse des autres formations politiques principalement en pays kurdes.

L’autre article percutant sur la Turquie pose le respect des droits humains. Verdict du Tribunal permanent des peuples sur la Turquie et les Kurdes. Le Tribunal permanent des peuples a été créé en 1979 pour traiter des plaintes contre les pays qui ne respectent pas les droits humains. Après enquête le Tribunal lance son verdict « Le tribunal permanent des peuples reconnaît le président turc Erdogan coupable de crimes de guerre contre son propre peuple. » Les faits reprochés concernant le peuple kurde .« Dans sa délibération, le Tribunal conclut que l’État turc est « responsable du déni au peuple kurde de son droit à l’autodétermination, en lui imposant l’identité turque, en niant l’identité et la présence du peuple kurde, en réprimant sa participation à la vie politique, économique et culturelle du pays, interprétée comme une menace à l’autorité de l’État turc ». L’article précise les recommandations du Tribunal fait à la Turquie et commente des prises de paroles de personnalités suite au verdict.

Concernant l’immigration en Europe

L’Europe se querelle, les réfugiés se noient. Le dossier de l’immigration revient en première page de l’actualité avec le bateau Aquarius plein de personnes immigrantes et cherchant un port pour accoster. L’Europe s’enflamme. L’Italie et Malte refusent l’accostage, l’Espagne accepte. Mais l’Italie polémique « Matteo Salvini accuse la France de n’avoir relocalisé que 640 migrants contre les 9 000 qu’elle s’était engagée à réinstaller. La France n’a accueilli que 3,5 demandeurs d’asile sur 1000 en Europe contre 5,4 sur 1000 en Italie, 16,5 pour l’Allemagne et 20 sur 1000 en Suède entre 2015 et 2017. Elle se situe ainsi au 13e rang en Europe, derrière la Finlande, Chypre, la Bulgarie, l’Autriche et Malte, entre autres. »

Bruxelles propose la politique du pays tiers sûr c’est-à-dire que la personne migrante ne serait pas retournée dans son pays d’origine, mais verrait sa situation examinée dans le pays où elle aurait pu se fixer et par où elle est passée. La situation est très difficile surtout dans le contexte de montée des partis d’extrême droite. L’article conclut sur une solution possible : « Une remise à plat de la politique européenne d’immigration et d’asile consistant à rouvrir l’immigration de travail dans les secteurs en tension — c’est-à-dire non pourvus sur les marchés du travail européens — permettrait de mieux traiter l’asile (les hotspots installés en Grèce et en Italie). »

C’est une situation de défense de droits que Jérôme Duval met à jour dans cet article. Quand l’aide publique au développement finance les garde-côtes libyens. Il démontre que malgré le blabla sur les droits humains l’Europe est plus préoccupée par sa sécurité et par le retour des personnes migrantes dans leurs pays d’origine. La Libye étant le premier pays de départ des migrants et migrantes. Elle est aux premières loges des intérêts européens « Dès le départ, les projets du Fonds fiduciaire d’urgence de l’UE pour l’Afrique (FFU) 8 destinés à la Libye, avaient pour objectif « d’améliorer la gestion des migrations » et de faciliter le rapatriement volontaire des migrants et migrantes de la Libye vers leurs pays d’origine. Différents budgets ont été octroyés dont celui de 90 millions d’euros en avril 2017 9. Les 22 et 23 juin 2017, le Conseil européen a particulièrement insisté sur la nécessité de former et d’équiper davantage les garde-côtes libyens ».

L’auteur démontre avec force chiffres l’importance de l’aspect sécuritaire dans le financement des projets. Il conclut ainsi : « Plutôt que de s’attaquer aux causes des migrations, l’Union européenne renforce son système sécuritaire quitte à bafouer le droit international. Elle alimente les conflits en vendant les armes de ses multinationales et, main dans la main avec les institutions financières internationales, asservit les populations sommées de payer une dette insoutenable. Les personnes fuyant les situations de guerre civile, de misère et de violation de droits humains sont condamnées à emprunter des routes toujours plus dangereuses au péril de leurs vies. »

Ce petit article de Nicolas Béniès nous rappelle les trois grandes valeurs de la société française : Égalité, fraternité et liberté. Il part de l’exemple de Trump pour faire le tour des dirigeants-es européen-ne-s et montrer leur non-respect de ces valeurs. Édito Radio Racailles du 8 juin 2018 : Les migrants deviennent ainsi révélateurs de la crise de la démocratie en même temps que la barbarie des dirigeants du monde Voici comment il résume leur incurie : « La liberté ? Tous les gouvernements font assaut de lois liberticides sous prétexte de lutter contre le terrorisme ... Le système inégalitaire, conséquence des politiques économiques et d’entreprise, a creusé du mythe de l’Égalité. Comment y croire désormais ?... Comment croire encore à la fraternité ? Les migrants deviennent ainsi révélateurs de la crise de la démocratie en même temps que la barbarie des dirigeants du monde. »

Comment résumer mieux la barbarie du système capitaliste actuel dont la crise de l’immigration n’est que la pointe de l’iceberg.

Bonne lecture

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