Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le dossier de la Davie : Ottawa joue avec nous comme si on était un yoyo

Guy Roy est coporte-parole du PCQ

Faites le calcul vous-mêmes : 31 milliards de contrats au ROC (Rest of Canada) et 1 milliard pour le plus gros chantier au Canada, situé au Québec, même étant reconnu comme le meilleur en Amérique du Nord.

Vous pourrez évaluer et juger du « cadeau empoisonné » des Conservateurs tout en préparation d’élections qu’ils sont. Du gouvernement Couillard au maire de Lévis, tous semblent s’épater de l’attribution d’un contrat minimum, juste ce qui est nécessaire pour s’attribuer le mérite de fournir un peu de travail aux ouvriers le temps d’un scrutin fédéral.

Mais comment encore une fois ne pas dénoncer la mesquinerie des Conservateurs et leur mépris total pour le Québec ? Comment ne pas évoquer, pour l’opinion publique au Québec, la nécessité d’un partage plus juste du travail disponible au Canada ou d’un choix conscient et mature qui s’avérerait celui de l’indépendance et de la gestion de nos propres équipements industriels majeurs sur le fleuve ?

Devant l’arrogance du fédéral, se pose pour la n ième fois, la question du statut politique du Québec au sein d’un Canada pratiquant une injustice congénitale envers notre nation depuis les tous débuts d’une confédération dont on s’apprête à célébrer le 150ième anniversaire.

En effet, 150 années de mépris et d’excuses pour justifier la marginalisation du Québec, ne suffiront pas à aveugler les ouvriers des Chantiers qui savent désormais à quoi s’en tenir pour le sort du Québec au sein de ce pays hostile à leur procurer un gagne pain durable. À coup de bonbons enrobés, on a fait miroiter l’étrange possibilité que le Canada soit le pays auquel appartenir pour vivre de son travail.

Il semble désormais y avoir une incompatibilité entre cette manière de vivre et le choix d’appartenir à ce pays qui est incapable de la moindre équité dans la répartition du travail disponible. C’est donc sans illusion que nous devons attirer encore une fois l’attention sur une solution qui nous assurerait aux ouvriers le moyen de décider de leur sort, indépendamment d’un pouvoir qui affiche depuis 150 ans, à travers de soi-disant « représentants » du Québec à Ottawa. En fait, ces « représentants » ne sont que de piètres pantins d’un pouvoir qui s’acharne à nous envoyer des ministres, oui, je dis bien des ministres qui, soit courbent l’échine, soit nous tiennent le discours de l’incapacité chronique du fédéral à servir quelques salariés qui soient.

C’est donc encore une fois au Bloc que semble revenir cette mission.

Tant dans ses négociations avec sa fonction publique, que dans le traitement qu’il réserve aux salariés québécois, le gouvernement fédéral, qu’il soit sous la coupe de Harper, de Trudeau ou de Mulcair, restera donc celui de l’iniquité, du deux poids deux mesures et d’un sournois exercice du pouvoir selon les vœux des grands bourgeois canadiens qui n’ont rien d’autre à offrir aux ouvriers que le sort de salariés ou de subalternes dont on se fout éperdument des besoins.

Dans mes démarches pour faire connaître ces réalités à d’autres couches populaires de la Ville de Lévis, un jour, une ancienne directrice d’école à la retraite, bénévole dans un centre de femme, m’a informé que lors des périodes creuses aux Chantiers, les enfants se ressentaient des épisodes récurrentes de chômage de leurs parents travailleurs aux Chantiers. Ce n’est donc pas sans colère que nous apprenons avec les ouvriers la mise à pied de 200 des leurs et que par conséquent que leur sort restera celui de subalternes dont la partie de la population mieux nanties, avec ses vils politiciens hypocrites, continuera de se moquer comme si ces ouvriers n’étaient pas la seule véritable source de prospérité de la Ville.

Dans ces milieux, on se glorifiera d’avoir comme représentants politiques de tristes porte parole d’un fédéralisme incapable d’assurer un gagne pain notable aux salariés quels qu’ils soient. L’impuissance chronique d’un tel pouvoir à garantir un revenu décent et permanent aux salariés du Québec est liée au destin que l’on endure depuis des années et dont la fin devrait se conjuguer avec un fort désir d’émancipation nationale : la conquête démocratique de notre indépendance devrait nous débarrasser de cette engeance parasitaire d’Ottawa qui est présentée officiellement comme la seule façon d’être gouverné comme s’il n’y avait pas « un autre monde possible ». Celui d’un socialisme où nous ferions du Québec un territoire sous contrôle populaire. Un socialisme qui garantirait aux ouvriers et aux autres couches populaires l’exercice du pouvoir dans des assemblée souveraines sur les milieux de travail telles que décrites dans notre programme.

Même si les communistes ont des solutions à court terme, comme l’était le rapatriement parfaitement justifié du Diefenbaker autour duquel nous avons déployé nos forces dans une campagne que nous avons élargie aux instances politiques que nous évaluions comme des alliées, nous restons avec un programme plus complet qui devrait aussi amener les ouvriers à s’interroger sur un avenir qui les verrait, non seulement comme producteurs de navires, mais aussi comme des décideurs ou des acteurs politiques dans leurs milieux de travail où on débattrait, en plus de gestion au quotidien, du sort de la nation.

S’Il s’avérait que les petits contrats fournis aux Chantiers soient ceux de la Marine Canadienne et non ceux de la Garde Côtière, nous en déduirons que les Conservateurs, sur la voie de la militarisation du Canada, n’ont plus que le chantage à la faim et au chômage pour faire la promotion de leur macabre direction du Canada en vue des conquêtes militaires et commerciales qui assurent aux grands bourgeois de ce pays leurs parts des marchés mondiaux ainsi partagés entre grandes puissances.

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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