Édition du 29 octobre 2024

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Syndicalisme

Le SCFP dépose une ordonnance de sauvegarde contre Telus pour empêcher une vague de congédiements déguisés en vue d'une délocalisation des activités

RIMOUSKI, QC, le 2 sept. 2024 - Le Syndicat québécois des employés de TELUS - section locale 5044 (SCFP) a déposé une ordonnance de sauvegarde mercredi dernier afin de protéger les travailleurs et travailleuses contre une vague de congédiements déguisés de la part de l’employeur prenant la forme d’un retour au travail forcé en présentiel pour un minimum de trois journées par semaine.

Le travail des 120 employés du service à la clientèle résidentielle situé à Rimouski et Ste-Marie-de-Beauce s’effectue presque entièrement à distance et ce, depuis le début de la pandémie en 2020. Dans les quatre années qui ont suivi, TELUS a mentionné à plusieurs reprises que le travail en présentiel ne reprendrait jamais. C’est désormais près du tiers de ces employés qui habitent à plus de 150 km de distance des établissements, la majorité d’entre eux ayant été embauchés, alors que c’était déjà le cas, en toute connaissance de cause de TELUS, avec une promesse qu’il s’agissait de postes à 100 % en télétravail. Depuis 2020, TELUS a par ailleurs autorisé de multiples employés à déménager à une distance considérable de leur port d’attache, certains d’entre eux à plus de 400 km des bureaux de l’entreprise, sans jamais mentionner un éventuel retour au bureau.

En juillet dernier, TELUS a annoncé un retour en présentiel forcé à la hauteur d’un minimum de trois journées par semaine contraignant près de la moitié d’entre eux à démissionner ou à déménager. Sachant l’impact que cette décision aurait sur le personnel, cette directive était accompagnée d’une offre de départ pour les travailleurs et travailleuses visés.

Pour la majorité du personnel concerné, il ne s’agit pas d’un retour mais d’un changement drastique dans leurs conditions de travail, ceux-ci n’ayant jamais mis les pieds au centre d’appels.

« L’employeur savait que ça obligerait la majorité d’entre eux à faire un choix impossible. C’est une manœuvre antisyndicale pour contourner notre convention collective et délocaliser nos emplois outre-mer. Le stress chronique que vivent nos gens depuis cette annonce impacte grandement leur santé mentale et physique. », d’affirmer Luc Pouliot, président du syndicat SCFP- SQET 5044.

Parallèlement à ce revirement de situation en sol québécois, TELUS ouvre, en janvier 2024, un tout nouveau centre d’appels à Casablanca. En juin dernier, l’entreprise lance une campagne nationale de recrutement au Maroc à l’attention des chargés de clientèles destinés à couvrir le continent africain. Or, le 23 août 2024, TELUS annonce, dans sa campagne de recrutement au Maroc, que les chargés de clientèles seront également affectés au marché canadien.

Depuis l’annonce, nombreux sont les témoignages de travailleurs et travailleuses visés par cette mesure à l’effet de s’être vu suggérer de quitter leur emploi de façon insistante alors qu’ils étaient en quête de solutions.

« La délocalisation des emplois est un manque de respect envers les employés dévoués et qui ont acquis une solide expérience depuis des générations au Québec. Surtout, c’est un manque de respect envers les clients qui voient leur facture monter et qui n’obtiennent plus la qualité de services qu’ils ont connue avec nos membres, en plus d’être un enjeu pour la sécurité des données. C’est encore plus désastreux sachant qu’ils sont financés à même des subventions gouvernementales pour faire travailler les gens d’autres pays. », d’ajouter le président du syndicat.

Cette tactique déloyale de la part de TELUS est présentement utilisée de manière à viser l’ensemble de son personnel à travers le pays. Rappelons-nous que le Syndicat des métallos, qui représente les travailleurs dans les centres d’appels de TELUS ailleurs au Canada, a de son côté déjà obtenu une injonction préliminaire de la part de la Cour suprême de la Colombie-Britannique afin d’empêcher ce préjudice irréparable.

Le SCFP a déposé une ordonnance de sauvegarde dans les derniers jours demandant au Conseil canadien des relations industrielles d’invalider la directive de TELUS concernant la fin du télétravail et de préserver les droits acquis des travailleurs et travailleuses.

« Il est inacceptable qu’en 2024, des multinationales comme TELUS prennent des décisions arbitraires et hypocrites qui mettent en péril la santé mentale, physique et le bien-être des travailleuses et travailleurs. La vague de congédiements que TELUS prépare est à peine voilée. Le gouvernement fédéral doit prendre des mesures concrètes et resserrer les règles en matière de délocalisation. Il est impératif de sauver nos emplois au Québec et au Canada et de protéger nos travailleurs contre ces pratiques abusives. », de conclure Sébastien Campana, conseiller syndical au SCFP.

Le SCFP demande à TELUS de revenir à la raison et de mettre fin à cette directive arbitraire.

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