Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Logement

Le FRAPRU marchera les 500 km séparant les deux capitales

Pour un plus grand respect du droit au logement.

MONTRÉAL, le 18 févr. 2018 - L’année de son 40ème anniversaire, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) entend réaliser son projet le plus ambitieux, une marche continue de plus de 500 km. Sous la bannière « De villes en villages pour le droit au logement », des militantes et des militants partiront d’Ottawa le 2 septembre 2018 et arriveront à Québec le 29 septembre, la veille des élections générales et de la Journée mondiale de l’Habitat. Le projet du regroupement reçoit déjà l’aval d’une trentaine d’organisations sociales nationales et de regroupements montréalais.

Le FRAPRU veut interpeler les deux paliers de gouvernement sur les graves dénis du droit au logement, qui accablent les ménages locataires à faible revenu, et sur l’insuffisance des investissements dans le domaine du logement social, malgré les demandes soutenues formulées depuis plusieurs années. Selon le recensement de 2016, 195 635 ménages locataires du Québec consacrent plus de la moitié de leur revenu pour se loger. « Si on continue au rythme actuel, ça va prendre plus de 65 ans pour répondre à ces besoins », explique la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme. Pourtant la proportion de logements sociaux ne cesse de diminuer dans le parc de logements locatifs canadien et québécois.

Christian Nadeau, président de la Ligue des droits et libertés qui appuie la marche, s’inquiète que les personnes vivant des conditions de logement difficiles portent seules la responsabilité de faire respecter le droit à un logement adéquat. « Les gouvernements doivent s’assurer que les droits fondamentaux sont respectés ; quand ils ne le font pas, l’ensemble de la société doit se mobiliser », affirme-t-il ; « la marche du FRAPRU permettra aux groupes et aux individus de démontrer leur solidarité », conclut-il.

Stéphanie Vallée, vice-présidente de L’R des centres de femmes du Québec, témoigne de l’importance du logement parmi les préoccupations de nombreuses femmes : « Les problèmes de logement touchent particulièrement les femmes plus pauvres, les cheffes de familles monoparentales, nombreuses à vivre la discrimination envers leurs enfants, et toutes celles dont la grande précarité les rends vulnérables au harcèlement et aux agressions ». L’insuffisance de logements subventionnés et les délais d’attente sont souvent dénoncés par les femmes qui fréquentent les centres de femmes.

Comme plusieurs organisations syndicales, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) appuie également les revendications du FRAPRU. « De plus en plus de travailleurs et de travailleuses vivent sous le seuil de pauvreté », explique Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN, soulignant au passage « que le gouvernement québécois pourrait combattre mieux la pauvreté, avec tous les surplus dont il dispose et tous ceux qu’il devrait récupérer dans les paradis fiscaux ».

Pour sa part, Mathieu Frappier, coordonnateur du Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec, rappelle que les problèmes d’itinérance s’aggravent partout au Québec et que les différents paliers de gouvernement doivent faire mieux. Comme le FRAPRU, il déplore l’insuffisance des investissements de Québec et d’Ottawa, alors que le logement social a fait ses preuves tant en prévention qu’en réduction de l’itinérance.

Le FRAPRU rappelle qu’au cours des 5 dernières années, à peine 9953 logements sociaux ont été livrés au Québec, alors que près de 40 000 ménages sont inscrits sur une liste d’attente pour un logement public (HLM), sans compter tous ceux espérant obtenir un logement dans une coopérative ou un OSBL d’habitation. « En 2017, le gouvernement Couillard n’a budgété que 255 millions $ pour réaliser 3000 nouveaux logements sociaux, malgré des surplus de 4,4 milliards $ et une remise de 2,3 milliards $ en baisses d’impôts. Son manque d’investissements dans le logement social n’est donc pas un problème d’argent, mais bien de volonté politique », s’insurge Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

Le manque d’actions immédiates de la part d’Ottawa, malgré l’adoption d’une première Stratégie canadienne sur le logement, incite également le FRAPRU à une mobilisation hors du commun. « La majorité des sommes allouées dans la Stratégie canadienne sur le logement seront dépensées après les élections fédérales. Le gouvernement Trudeau fait attendre inutilement les ménages mal-logés et les sans-abris ; on ne sait toujours pas combien il allouera au développement de nouveaux logements sociaux », affirme Véronique Laflamme, précisant que les négociations engagées avec Québec sur les programmes bipartites pourraient bien prendre plusieurs années. « Le droit au logement doit être justiciable pour en garantir son respect », explique Geneviève Paul, directrice générale par intérim d’Amnistie internationale. « Les yeux sont tournés vers Ottawa pour que la stratégie nationale soit véritablement accompagnée d’un budget et de recours adéquats. Les besoins sont criants ».

À la veille de leurs budget respectifs, le FRAPRU incite les gouvernements à financer la réalisation de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans, au Québec, pour répondre aux besoins les plus urgents, et surtout de ne pas attendre les prochains rendez-vous électoraux pour agir.

Les membres du FRAPRU promettent quant à eux une marche exemplaire, qui s’arrêtera dans 28 villes et villages du Québec, en alternant sur les deux rives du fleuve. Des activités locales sont prévues, et l’ensemble de la population est invitée à s’y joindre. Plus de détails sont disponibles en ligne.

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