Trois mois après l’éclatement social, la Mission Québec-Canada, qui s’est tenue du 18 au 27 janvier 2020, a produit un rapport qui établit clairement qu’il y a eu de très graves violations des droits de la personne au Chili, de manière systématique et généralisée, selon des modèles communs et récurrents dans toutes les régions visitées, et perpétrées par les forces de l’ordre qui ont pourtant la mission d’assurer la sécurité dans le pays.
Le rapport indique également que ces violations se sont produites dans un contexte permanent d’intimidation de la population et de criminalisation de la protestation sociale. Protestation pourtant légitime, puisque déclenchée et exacerbée par une série d’injustices sociales accumulées au fil des dernières années. Le rapport note aussi de graves problèmes en matière de travail, d’environnement, en particulier ceux liés à l’eau, ainsi qu’en matière de retraite, de santé et d’éducation, qui ont généré une situation insoutenable, devenue encore plus critique avec la pandémie actuelle. La répression continue d’être pratiquée dans ce contexte contre les secteurs les plus vulnérables de la population.
Les résultats de cette mission, comme les précédentes missions internationales, dressent un portrait très alarmant : non-respect des protocoles d’intervention de la police, blessures causées par des balles de plomb et des gaz lacrymogènes, violences et abus sexuels, arrestations non enregistrées, passages à tabac des personnes détenues, pressions sur le personnel médical d’hôpitaux, attaques contre le personnel de la santé et des personnes observatrices des droits de la personne, utilisation massive et aveugle de gaz lacrymogènes dans des quartiers entiers, procédures judiciaires négligentes et partielles, recours à la détention préventive comme mesure punitive et neutralisation des recours en matière de protection.
Les membres de la mission ne sont pas seulement préoccupés par la situation de profonde injustice sociale, mais aussi par la situation alarmante de violation des droits, situation devenue récurrente, qui semble institutionnalisée et perçue comme normale. La situation s’avère néanmoins de plus en plus explosive. « Le Chili ne respecte pas les normes internationales en matière de droits de la personne », conclut le président du Centre international de solidarité ouvrière (CISO), Luc Allaire.
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