Du côté des dépenses, QS vise la gratuité scolaire du CPE au doctorat, comme c’est le cas dans plusieurs pays européens. Le parti offrirait aussi une assurance dentaire comme en Angleterre. Alors que plusieurs villes en Europe offrent le transport en commun gratuit, QS propose de réduire de moitié les coûts. Un revenu minimum serait mis en place, en s’inspirant des nombreux projets-pilotes qui ont été mis en place en Occident. Enfin, augmenterait le salaire minimum à 15$/h comme en Oregon, en Alberta, en Californie et à New York. L’Ontario a progressé à 14$.
Du côté des revenus, QS propose d’augmenter les impôts des particuliers les plus riches et des entreprises de 4 milliards $. C’est exactement l’impact budgétaire des baisses d’impôt effectuées par le gouvernement Couillard. Considérant les baisses d’impôt fédérales et provinciales, on reste en dessous du niveau de taxation d’il y a 10 ans. On vise aussi une réduction massive des coûts des médicaments. On mettrait les pharmaceutiques en concurrence, sur un modèle développé en Nouvelle-Zélande et on développerait une capacité publique de production pour éviter les pénuries, comme en Suède. La fin des versements au Fonds des générations, un fonds qui n’existe pas ailleurs, la lutte à la corruption, la hausse des redevances minières et des revenus d’Hydro-Québec sont aussi des mesures proposées. Enfin, la fin des subventions publiques aux écoles privées et la limitation de la hausse des salaires des médecins prennent pour modèle l’Ontario.
On se retrouve donc avec des augmentations de dépenses et de revenus importants, mais toutes basées sur des modèles concrets et déjà réalisés. Par comparaison, le PLQ « booste » ses revenus avec une croissance au-delà de tout ce qui est prévu (ce que ne fait pas QS). La CAQ fait de même en plus d’inventer une économie de 4 milliards $ effectuée dans la fonction publique « sans affecter les services », ce qui est tout aussi irréaliste. On connait la suite : prise de pouvoir, récession, coupures, bonbons pour les prochaines élections.
Lors du débat des chefs, M. Couillard a demandé à Mme Massé ce qui arriverait si on « retirait de l’économie » les 12 milliards $ prévus par le plan solidaire. Et bien, cet argent ne disparaitrait pas par magie, il est seulement réinvesti ailleurs, ce qui génère aussi de la croissance économique… mais aussi écologique. C’est ici que prend tout son sens le plan de QS.
Le courage de la transition écologique
Nous vivons actuellement la sixième grande extinction de la vie sur Terre et une grande partie des écosystèmes s’effondrent. Nous avons atteint le pic d’extraction d’une grande partie des ressources minières et fossiles de la planète, incluant le pétrole. Le climat bascule, ce qui implique entre autres la fonte des glaciers et des inondations pour toutes les villes et les pays côtiers. La pollution humaine a des conséquences sur l’économie, sur l’emploi, sur l’immigration qui seront sans précédent. Alors que plusieurs pays et entreprises prennent le virage vert, le Québec saura-t-il être à l’avant-garde ?
Le Québec est déjà un très grand producteur d’énergie verte et il a une très grande expertise en transport collectif, alors que nous importons massivement du pétrole et des automobiles. Dans ce contexte, le virage proposé par QS vers une économie écologique serait très favorable à la balance commerciale du Québec. Sa planification de la souveraineté alimentaire, l’économie circulaire et l’amélioration du recyclage aura aussi cet effet.
L’économie mondiale s’est complètement réorganisée en 3 ans, de 1939 à 1942, pour devenir une économie de guerre. De 1945 à 1948, elle s’est complètement reconvertie pour devenir une économie civile. Durant la Révolution tranquille des années 1960, l’économie et la société québécoise se sont modernisées très rapidement avec des investissements massifs en santé, éducation, transport, etc. Dans le contexte de la crise écologique actuelle, une nouvelle révolution est nécessaire et elle est réaliste. Il ne manque que le courage de la mettre en place.
Sébastien Bouchard
Détenteur d’une maîtrise portant sur histoire de l’économie canadienne
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