Tiré de NPA 29
Antonio Guterez, secrétaire général de l’ONU après avoir été dirigeant du PS portugais, premier ministre du Portugal et Haut commissaire aux réfugiés, le crie : « ‘L’effondrement climatique a commencé. » Avant d’aller plus loin, qu’on ne se méprenne pas sur ce que cela veut dire.
On peut en effet réagir, c’est humain, trop humain, en disant « certes, en fait ça continue, c’est une crise qui est là, on a de plus en plus chaud ». Mais ce n’est pas cela que ça veut dire.
Le sens de ce que nous disions dans cet édito, le sens des propos de M. Guterez, c’est que le dérapage est là, maintenant. Ce qui pendant des années était présenté comme un risque à craindre pour les années 2100, puis 2050, arrive maintenant. Toutes les courbes de 2023 décollent même par rapport au réchauffement déjà engagé tel qu’il est mesuré depuis des décennies. Il y a plus que des anomalies. Elles deviennent la norme. Elles sont la norme.
La superficie française a brûlé dans la forêt boréale canadienne en trois mois et ce n’est pas fini. On n’a pas les surfaces pour la Russie mais il n’y a pas de raison que la proportion ne soit pas la même.
Le traitement de choc de tous les pays bordant la Méditerranée, comme en Californie, ne consiste pas dans « des incendies », mais dans la destruction des écosystèmes existants. Quand la Thessalie, en Grèce, devient une immense marre avec parfois deux mètres d’eau, ce phénomène ne compense pas les incendies qui l’ont précédé, il s’y ajoute : à la destruction des forêts et des simples maquis font suite le lessivage des sols et le glissement des terrains. Le processus est rapide. En France, c’est la présente, et très sévère, « canicule » de septembre.
Que le secrétaire général de l’ONU le dise est un signe. Mais il est par définition impuissant. Car il représente la principale institution interétatique du capitalisme mondial. Et c’est un certain Nicolas Sarkozy, délinquant français, qui vend la mèche, en déclarant qu’il ne faudrait quand même pas que ces histoire de réchauffement servent à ramener la vieille lune gauchiste selon laquelle il faudrait s’en prendre à l’ « économie de marché » ! Tout est dit.
Car là est le problème.
Tout de suite, il faut annuler une stupidité comme les Jeux Olympiques de Paris et interdire la construction de monstres comme l’Icon of the seas : 5 fois le Titanic, 7600 passagers et 2350 membres d’équipage, propulsé au gaz naturel liquide, en cours d’achèvement au chantier Meyer Turku de Finlande et qui doit prendre la mer en janvier 2024 : un tel édifice polluera autant que des millions de voitures au gasoil ! A quel besoin social une telle aberration peut-elle répondre, autre que la circulation et la valorisation du capital ?
Au delà de ces évidences, la nécessité de stopper l’extraction de pétrole et de charbon est là ; et la question de l’imposer et de s’en donner les moyens se pose.
Les mois et les années qui arrivent, non pas le siècle, mais les toutes prochaines années, vont voir monter l’affrontement. C’est pour cela que les Sarkozy, les Macron, les Trump et les Poutine dénoncent par avance les « écoterroristes ». Car, même s’ils ne comprennent rien, ils savent que l’accumulation du capital par laquelle et pour laquelle ils font fonction requiert de brûler les terres, de brûler les gens, d’affronter l’humanité et le vivant qui vont se battre pour vivre, pour qu’il y ait un siècle au-delà des prochaines années.
Le pied du mur est là. Pas une affaire de décennies, mais de mois. Et chaque catastrophe, toujours présentée comme un « évènement exceptionnel » alors qu’elles sont devenues la norme, va le rappeler un peu plus durement. Et les millions et les millions de victimes vont se mettre à marcher, que cela plaise ou non.
Rien de tout cela ne va annuler les combats politiques en cours, celui pour que Poutine soit battu et renversé par la résistance ukrainienne armée, celui contre la dérive « illibérale » de Macron, et les autres.
Tous les combats actuels vont devenir les formes de la lutte pour la vie que des centaines de millions, entrant en mouvement parce qu’ils n’auront pas le choix ou déjà entrés en mouvement, vont engager. Stopper la combustion des hydrocarbures fossiles et prendre soin du monde, ces questions élémentaires vont s’imposer rapidement comme la forme actuelle ultime de la lutte pour la fin de l’accumulation du capital et la prise du pouvoir par la majorité exploitée, opprimée, prolétarienne, qui constitue l’humanité.
Que l’on se rassure, nous ne prêchons en rien l’Apocalypse. Les incendiaires sont au pouvoir. Les cavaliers de l’Apocalypse ont une longueur d’avance en termes d’organisation puisqu’ils sont au pouvoir. Mais l’immense majorité est et sera plus encore en mouvement. Comme ces Syriens qui, à nouveau, appellent à la chute du régime.
Voila le réalisme, voila la responsabilité.
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