Édition du 17 décembre 2024

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Syndicalisme

La FTQ-Construction propose des solutions pour faciliter le déroulement des prochaines négociations dans le secteur de la construction

MONTRÉAL, le 26 avril 2016 - Au sortir d’une rencontre prolongée du Bureau de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la FTQ-Construction a dévoilé deux mesures qu’elle estime nécessaires afin de faciliter le déroulement des prochaines négociations dans le secteur de la construction. Ces deux propositions sont l’application rétroactive du contrat de travail à la date d’échéance de la précédente convention collective, de même que l’application des dispositions contre les briseurs de grève dans l’industrie de la construction.

Afin d’appuyer ses revendications, le plus important syndicat de la construction lance une importante pétition pour convaincre le gouvernement de moderniser la Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’oeuvre dans l’industrie de la construction (loi R-20).

Rétroactivité

La construction est le seul milieu de travail au Québec où il est interdit de négocier des clauses de contrats de travail qui s’appliqueraient rétroactivement à la signature de la précédente convention collective. Dans ce contexte, la partie patronale a tout avantage à faire traîner les négociations en longueur afin d’éviter d’avoir à verser aux travailleurs les gains qui pourraient être obtenus à la fin des négociations.

« À chaque négociation, il y a un délai interminable entre la fin de la convention collective et la signature de la nouvelle. Au cours des dix dernières années, ce sont des centaines de millions de dollars qui ont ainsi été perdus par les travailleurs de la construction. Aucune raison ne justifie que notre industrie soit la seule à ne pas pouvoir négocier des clauses rétroactives », dénonce Arnold Guérin, président de la FTQ-Construction.

Dispositions anti-briseurs de grève

Même si les dispositions anti-briseurs de grève sont bien intégrées dans les relations de travail au Québec depuis près de 40 ans, ces dispositions ne s’appliquent toujours pas aux travailleurs de la construction. Lors de la grève de la construction en 2013, plusieurs travailleurs ont découvert avec stupéfaction que leur employeur était libre d’embaucher des briseurs de grève pour continuer les travaux sur un chantier pendant un conflit de travail, ou même demander aux travailleurs de ne pas respecter le mandat de grève.

La FTQ-Construction rappelle que les dispositions anti-briseurs de grève ont été adoptées dans le Code du travail en 1977, à la suite d’événements violents survenus lors de conflits de travail dans les mois précédents. Les objectifs poursuivis par le législateur étaient très clairs : diminuer les tensions lors de conflits de travail et rééquilibrer le rapport de force entre les parties.

« Appliquer les dispositions anti-briseurs de grève dans le secteur de la construction, c’est simplement le gros bon sens. On sait tous que c’est l’embauche de briseurs de grève qui génère le plus de conflits durant les négociations, alors pourquoi ne pas régler le problème dès maintenant, avant le début des négociations de conventions collectives en 2017 ? », s’interroge Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction.

Témoignage d’une travailleuse

Jessica Saint-Martin est une électricienne membre de la FTQ-Construction depuis quatre ans. Elle a témoigné de la frustration qu’elle a vécue lors de la grève de 2013, alors que des employeurs exerçaient des pressions sur les travailleurs qui étaient alors en grève. « Quand tu acceptes de faire la grève pour obtenir de meilleures conditions de travail, c’est déchirant de voir que ça n’a aucun impact pour les employeurs qui continuent leurs activités. Ça crée des tensions entre les travailleurs et ça nous enlève notre rapport de force. », explique-t-elle.

L’électricienne s’inquiète également que la partie patronale n’ait aucune date butoir pour les négociations. « Pour moi, c’est clair que j’ai perdu de l’argent lors des dernières négociations. Si j’avais obtenu mon augmentation de salaire rétroactivement à la fin de la convention collective en 2013 et en 2014, j’aurais obtenu des centaines de dollars en plus », déplore Jessica Saint-Martin.

Un appui inconditionnel de la FTQ

La FTQ-Construction pourra compter sur un appui de taille pendant sa campagne de signature de pétition, puisque les syndicats de la FTQ ont adopté à l’unanimité un appui aux revendications des travailleurs de la construction. La centrale syndicale se joindra au plus important syndicat de la construction du Québec pour faire pression sur les décideurs afin que les travailleurs de la construction bénéficient des mêmes droits que l’ensemble des autres travailleurs du Québec.

« C’est avec conviction et détermination que nous appuyons la FTQ-Construction dans ses démarches pour faciliter le déroulement des prochaines négociations dans le secteur de la construction. La FTQ mettra tout en œuvre afin de convaincre les parlementaires de l’importance et de l’urgence de moderniser les relations de travail dans l’industrie de la construction », conclut Daniel Boyer, le président de la FTQ.

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