« On s’apprête inonder l’équivalent de la moitié de l’Île de Montréal, soit plus de 200 km2, et à artificialiser une des dernières grandes rivières sauvages du Québec alors qu’on n’a même pas entamé de démarches sérieuses en économies d’énergie et qu’on commence à peine à exploiter l’immense potentiel éolien », réagit André Bélanger, directeur général de la Fondation Rivières.
La rivière du Petit Mécatina avait déjà été identifiée dans le plan stratégique 2009-2013 d’Hydro-Québec, mais l’option de construire de nouveaux barrages n’était pas considérée dans le dernier plan stratégique 2022-2026, puisque des alternatives moins coûteuses étaient envisagées.
Le coût de production des éoliennes est estimé à 6,1 cents le kWh dans le dernier appel d’offres d’Hydro-Québec, soit moins cher que l’énergie produite par le complexe la Romaine dont les coûts étaient évalués à 8,05 cents le kWh… en 2009.
Chantier de construction de routes à prévoir
La rivière du Petit Mécatina se jette dans le fleuve bien au-delà de la route 138 qui s’arrête à Kegaska. « Pour se rendre à la rivière, il faudra construire plus de 200 km de routes dans un territoire enclavé, rocheux et accidenté. Il n’y a pas de rentabilité économique, surtout s’il s’agit de fournir de l’électricité à rabais à des entreprises, ajoute M. Bélanger. Avant d’investir des millions dans une étude, ne devrait-on pas d’abord produire une évaluation réaliste des coûts de revient d’un tel projet ? »
Rappelons qu’en février dernier, une centaine d’organisations et universitaires ont écrit au premier ministre Legault et aux ministres membres du Comité sur l’économie et la transition énergétique afin que la population soit invitée dans le débat énergétique, en prenant les mesures nécessaires afin de déclencher un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) générique sur l’avenir énergétique du Québec.
Une énergie « propre » ?
La Fondation Rivières rappelle que l’hydroélectricité, bien qu’elle soit une énergie renouvelable, n’est pas sans conséquences pour les communautés locales et l’environnement. L’inondation de territoires pour créer les réservoirs perturbe les écosystèmes aquatiques et terrestres en plus de contribuer à l’émission de gaz à effet de serre (GES), pendant la construction et les premières 20 années d’exploitation.
Après la Romaine
Le 20 avril prochain sera diffusé à Radio-Canada Après la Romaine, avec la participation de Roy Dupuis, cofondateur de la Fondation Rivières. Le documentaire met en lumière l’importance de protéger les dernières rivières sauvages du Québec, spécialement la rivière Magpie, afin qu’elle ne subisse pas le même sort que la rivière Romaine, aujourd’hui transformée en complexe hydroélectrique.
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