La Régie de l’énergie a en effet reconnu pour Hydro-Québec l’équivalent d’une augmentation des tarifs de 5 %, mais accepté par ailleurs que le distributeur répartisse sur cinq ans les effets de cette augmentation, en appliquant sur la consommation future la portion de l’augmentation qu’elle n’imposera pas cette année, y ajoutant en outre des intérêts.
« Sans l’étalement tarifaire jusqu’en 2020, la hausse des tarifs appliquée par Hydro au 1er avril aurait été de 5,0 % » explique Marc-Olivier Moisan-Plante, analyste en énergie à Union des consommateurs. « Il faut bien comprendre que les montants différés que devra payer la clientèle avec intérêts à partir de 2016 n’empêcheront pas Hydro de demander de nouvelles hausses tarifaires pour 2016 et pour les années suivantes, auxquelles s’ajouteront donc ces montants différés. »
En vertu de cette augmentation, Hydro-Québec ira donc chercher en moyenne 44 $ de plus chez ses clients chauffant à l’électricité en 2015, et les montants différés s’ajouteront aux hausses tarifaires de 2016 à 2020. Sans l’étalement tarifaire, la hausse moyenne pour un client chauffé à l’électricité aurait plutôt atteint 77 $ en 2015.
Source : Union des consommateurs 2015
Union des consommateurs dénonce cette augmentation tarifaire excessive, car elle résulte des achats d’électricité éolienne et des minicentrales, coûteux et inutiles, qui ont été imposés par le gouvernement, ainsi que des prix élevés facturés par Hydro-Québec Production au distributeur pour l’électricité qu’elle a fournie en période de pointe lors des vagues de froid de l’hiver 2014.
« Hydro-Québec Production a réalisé des profits énormes sur ses ventes au Québec lors des grands froids de l’an dernier ; la clientèle devra maintenant payer la facture à Hydro-Québec Distribution, avec intérêts, jusqu’en 2020 », s’insurge M. Moisan-Plante. L’analyste déplore également que les ventes entre Hydro-Québec Production et Hydro-Québec Distribution échappent au contrôle réglementaire de la Régie. « Le gouvernement devrait redonner à la Régie de l’énergie le pouvoir de fixer un prix de transfert juste et équitable entre les divisions d’Hydro-Québec », indique-t-il.
Hydro-Québec dégage déjà, sur les ventes à sa clientèle du Québec, des profits très importants, et son actionnaire unique, le gouvernement du Québec, en tire des dividendes colossaux. Union des consommateurs continue de croire que c’est par une fiscalité équitable, et non en taxant à l’excès un service aussi essentiel que l’électricité, que le gouvernement devrait chercher à équilibrer ses finances.
« La classe moyenne et les moins bien nantis seront les plus affectés », selon M. Moisan-Plante. « Ces gens habitent des logements mal isolés et passent plus de temps à la maison, en particulier les aînés ou les familles avec de jeunes enfants. Quand on chauffe toute la journée, la facture d’Hydro s’en ressent. Et les augmentations frappent d’autant plus durement ».
Cette hausse des tarifs s’ajoute à celles de 2,4 % puis de 4,3 % accordées en 2013 et 2014. Union des consommateurs avait fait valoir lors des audiences tenues en décembre dernier qu’un nombre sans précédent de ménages québécois peine désormais à acquitter la facture d’électricité. En effet, plus de 70 000 ménages ont été débranchés par Hydro-Québec en 2014, une augmentation de plus de 75 % par rapport à l’année précédente.
« En cette période d’austérité où les familles, même les plus pauvres, sont mises à contribution pour atteindre l’objectif d’équilibre budgétaire du gouvernement, cette hausse des tarifs est de trop », de conclure M. Moisan-Plante.