Bruxelles, le 29 janvier 2008 : La Confédération syndicale internationale (CSI) et ses organisations régionales ORIT et CLAT, en collaboration avec la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) et les principales confédérations syndicales du Guatemala, CGTG et CUSG, organisent une conférence syndicale internationale majeure, les 29, 30 et 31 janvier, à Guatemala City, sur le thème de la lutte contre l’impunité. Lors de la Conférence, dont l’ouverture sera présidée par le président élu du Guatemala, Alvaro Colom, des questions importantes seront abordées, telles que la lutte contre l’impunité endémique et le crime organisé et la construction d’un environnement qui permette aux travailleuses et travailleurs d’exercer librement leurs droits fondamentaux.
La conférence réunira des protagonistes clés de la scène politique, syndicale et sociale du Guatemala et de l’Amérique centrale, de même que des représentants du mouvement syndical régional et international. Elle aura pour objectifs l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies syndicales pour la promotion des normes fondamentales du travail, le renforcement de la capacité syndicale à lutter contre l’impunité et de faire en sorte que des enquêtes en règle soient ouvertes sur les meurtres de syndicalistes et que les coupables soient traduits en justice.
Le Guatemala compte parmi les pays les plus dangereux du monde pour les syndicalistes. Corruption, trafic de drogue et maras (bandes de délinquants juvéniles) font partie du lot quotidien des travailleuses et travailleurs au Guatemala. Il est estimé que chaque année, près de 6000 personnes meurent d’une mort violente et que chaque jour, deux femmes, en moyenne, perdent la vie dans des circonstances similaires, au point que le terme « feminicidio » est désormais passé dans le langage courant au Guatemala.
C’est dans ce même contexte que Pedro Zamora, secrétaire général du syndicat des travailleurs portuaires du Guatemala (STEPQ), fut brutalement assassiné en janvier 2007. La CSI prête son soutien à la campagne menée sous l’égide de la Fédération des ouvriers du transport (ITF) pour traduire les assassins en justice et mettre fin au climat d’impunité qui règne au Guatemala.
Le Guatemala possède l’un des pires palmarès au niveau mondial quant au nombre de meurtres non résolus. Outre les atteintes très fréquentes aux droits les plus fondamentaux des travailleurs, en 2007, le pays a été le témoin non seulement de l’assassinat de Zamora mais aussi du meurtre de Walter Anibal Ixcaquic Mendoza et de Norma Sente de Ixcaquic, du syndicat FESTRI, de Marco Tulio Ramirez, du syndicat des travailleurs des bananeraies, en septembre, et d’une attaque à l’arme lourde contre le domicile de Carlos Mancilla, dirigeant de la CUSG, à la Saint-Sylvestre. Rosalio René González Villatoro, secrétaire général d’un syndicat agricole indépendant a quant à lui été assassiné le 21 janvier 2008.
L’un des objectifs de la Conférence est de faire peser la pression internationale sur le gouvernement pour contraindre ce dernier à conclure enfin les enquêtes et les procédures pénales en souffrance concernant les meurtres de syndicalistes, assassinés pour le seul fait d’avoir exercé leurs droits de liberté d’association et de négociation collective, et à traduire en justice les auteurs matériels et intellectuels de ces crimes, conformément à la loi.
Cette Conférence enjoindra également au gouvernement et aux employeurs de pleinement respecter les normes fondamentales de l’OIT, toutes ratifiées par le Guatemala, et de démontrer concrètement leur pleine conformité aux Conventions et Recommandations de l’OIT.
« Cette conférence syndicale internationale exhortera le nouveau gouvernement d’Alvaro Colom, au même titre que l’ensemble des parties prenantes au Guatemala, à lutter contre l’impunité et le crime organisé », a déclaré Guy Ryder, secrétaire général de la CSI. « L’autorité de la loi doit être renforcée. Et d’ajouter : « Le respect des droits humains et syndicaux doit constituer une priorité dans ce pays. »
Source : http://www.labourstart.org/fr/