Édition du 12 novembre 2024

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Nucléaire

G-2 : Penser plus loin que le bout de son nez

Lors d’une sortie médiatique récente, le Président de la Chambre de Commerce du Centre-du-Québec, J.-D. Girard, déclare « qu’il faut penser plus loin que le bout de son nez » et qu’il est « pour les retombées régionales ». Parlant retombées, n’est-il pas au courant de l’expérience concluante menée par les organismes MSQN et CMDN il y a quelques mois : lancement en face de G-2 de trois ballons-sonde qui, en quelques heures à peine, survolaient la Nouvelle-Angleterre et amerrissaient dans l’Atlantique au large de la Nouvelle-Écosse.

Évidemment, pour comprendre la signification d’un tel résultat en lien avec la propagation des retombées radioactives en cas d’accident à G-2, il faut regarder un peu plus loin que le bout de son nez. Pas facile quand le bout de son nez ne dépasse pas les limites régionales !
D’ailleurs, il est surprenant que le nez du président ne s’allonge pas au-delà de son patelin lorsqu’il déclare que « Les gens qui sont contre ne viennent pas de la région », car il sait parfaitement que beaucoup de citoyens du Centre-du-Québec et de la Mauricie souhaitent la fermeture de G-2. S’il se trouve des citoyens d’autres régions pour exiger le déclassement de G-2, c’est justement parce qu’ils sont conscients que les risques du nucléaire débordent largement l’esprit de clocher !

Faisant allusion au fait de ne pas dépendre exclusivement de l’hydro-électricité, le président nous rassure sur un point : « C’est important de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier ». Là, bravo ! D’ailleurs, n’est-ce pas justement l’une des raisons principales motivant de plus en plus de Québécois à exiger un vaste chantier d’exploitation d’énergies renouvelables au Québec, concomitant à un réel programme d’économie d’énergie. Économie d’énergie d’abord ; puis développement de l’éolien là où ça va, dans les grands espaces aux abords des réservoirs hydro-électriques et le long des milliers de kilomètres de côtes maritimes, pas dans la cour des gens ; et bien sûr le solaire actif et passif, la géothermie, l’hydrolienne, etc. Partout dans le monde, on explore et on rend de plus en plus efficaces les sources d’énergie renouvelables, pourquoi pas au Québec ! Nous avons tout ce qu’il faut pour diversifier au maximum les nids pour déposer nos œufs !

Mais là où M. Girard montre à quel point il est dangereusement déconnecté de la base citoyenne, c’est lorsqu’il déclare : « S’opposer est devenu le sport national des Québécois, peu importe le sujet d’ailleurs. » À croire que pour lui, les dizaines et même les centaines de milliers de citoyens qui descendent dans la rue depuis des mois sont de pauvres crétins n’ayant rien d’autre à faire que de promener leurs casseroles et se faire tabasser par la police non politique du gouvernement Charest ! Quel mépris de sa part envers les Québécois qui en ont justement marre des gestionnaires arrivistes affairistes opportunistes qui se fichent éperdument des conséquences de leurs décisions, du moment que ça rapporte ! M. Girard n’a pas compris que les Québécois ne s’opposent pas, ils exigent, ils approuvent, ils créent les initiatives qui vont dans le sens du bien commun, de la sécurité énergétique réelle, les initiatives qui tiennent compte de la qualité de leur environnement et par le fait même de leur qualité de vie, sans centrale de Damoclès qui leur pende au-dessus de la tête lorsqu’ils dorment, circulent, travaillent ou font des enfants.

Enfin, le président déclare à propos du milliard $ déjà dépensé en pré-réfection : « Ce serait une très mauvaise décision de revirer de bord après avoir dépensé autant d’argent », confirmant justement que ces dépenses préparatoires furent faites avant d’avoir la décision finale sur la réfection, à l’encontre de toute logique et en sachant parfaitement que c’était surtout pour mettre les citoyens devant un fait accompli et pouvoir déclarer qu’on a trop dépensé pour reculer. Si la malhonnêteté intellectuelle était mesurée à l’aune du mensonge, le nez du président se rendrait jusqu’à Tchernobyl et Fukushima.

Robert Duchesne, Trois-Rivières

Robert Duchesne

contre la réouverture de Gentilly 2

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