Les silences préoccupants lors de ce forum sur l’importance des investissements publics, sur la mission des CLSC et sur la prestation publique des services à domicile indiquent-ils comment le gouvernement Couillard entend se comporter dans le développement des services ? Les 69 millions qui seront investis cette année sont nettement insuffisants pour rattraper le retard du Québec dans le soutien à domicile.
« Les services à domicile donnés actuellement dans le secteur public sont d’excellente qualité malgré leur insuffisance. Il faut développer les équipes multidisciplinaires réunissant l’ensemble du personnel qui intervient auprès d’une personne. Il faut assurer un meilleur continuum de services, nous en convenons, explique le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Guy Laurion. Mais à peine quelques interventions ont évoqué le rôle des ASSS alors qu’on sait que la tendance forte actuellement dans les établissements, c’est de confier leurs tâches à des entreprises privées. Soyons clairs, sans la contribution des ASSS du réseau public, tous ces beaux concepts ne pourront se matérialiser. Ce sont eux les yeux et les oreilles du réseau auprès des patientes et des patients. »
Pour la CSN, il ne sera pas possible de revoir l’organisation du travail et des services si le financement public n’est pas au rendez-vous. Le ministre Barrette chiffre lui-même à 4 milliards les investissements nécessaires pour répondre à l’ensemble des besoins actuels en soutien à domicile.
Les engagements pris par le gouvernement ne permettront pas d’effacer les effets des coupes des dernières années dans les soins et services à domicile. L’analyse des budgets des établissements de la région de Montréal récemment réalisée par la CSN montre une baisse moyenne de 2 % des sommes allouées à l’aide à domicile effectuée par les ASSS. De même, les maigres hausses de 2 % et de 3 % pour les services psychosociaux et les soins infirmiers à domicile sont insuffisantes. Les investissements publics récents ne permettent donc pas de couvrir la croissance naturelle des coûts en santé, estimée à au moins 5 %. On est donc très loin du compte, d’autant plus que le réseau dans son ensemble a subi ces dernières années des compressions budgétaires importantes, alors que le soutien à domicile était déjà sous-financé au Québec, avant même l’imposition des politiques d’austérité.
Les CLSC sont un succès, protégeons-les !
La CSN est fort préoccupée de la place prise par les Groupes de médecine de famille (GMF) dans les discussions. « En soutien à domicile comme dans les autres soins de première ligne, les CLSC ont fait leurs preuves, plaide la présidente de la Fédération des professionnèles (FP-CSN), Ginette Langlois. Ce qu’on craint, c’est qu’on poursuive le transfert de la mission des CLSC vers les GMF, alors qu’on observe aujourd’hui que les GMF n’ont pas permis d’améliorer l’accès aux soins de santé et aux services sociaux, ni d’augmenter le nombre d’inscrits auprès d’un médecin de famille. Qui plus est, les transferts de ressources effectués dans les derniers mois ont eu pour effet d’alourdir la tâche de celles et ceux qui demeurent en CLSC, car ils restent le point de référence pour la population. On s’explique bien mal cet acharnement contre les CSLC ».
Personnes en situation de handicap
Par ailleurs, la CSN considère que ce forum aurait également dû être l’occasion de réfléchir aux moyens de mieux soutenir les personnes en situation de handicap. Elles seraient actuellement 280 000 en attente de services de soutien à domicile selon la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN).
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