Cette offre consiste essentiellement en l’octroi d’un montant forfaitaire de 100 $ par jour de travail ainsi que le versement d’indemnités pour frais de repas et des modalités spécifiques pour l’hébergement. Pour l’APTS c’est un premier pas, mais cela reste nettement insuffisant pour atteindre les objectifs visés. « Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, je ne pense pas que cette entente permettra de mobiliser les effectifs dont nous avons besoin pour prêter main-forte dans les régions ciblées. J’aimerais être optimiste, mais vous, accepteriez-vous de vous relocaliser du jour au lendemain, de laisser femme et enfants derrière sans savoir si c’est pour 2 semaines ou 4 mois, tout ça pour un maigre 100 $ supplémentaire par jour ? », se demande Sébastien Pitre, responsable politique du dossier.
Il souligne que cette offre est d’autant plus décevante qu’elle risque de priver les régions visées de l’expertise et de l’expérience de travailleur⸱se⸱s aguerri⸱e⸱s en matière de programmes sociaux. « On parle de nos travailleuses sociales, techniciennes en travail social, agentes de relations humaines, éducateurs, psychoéducateurs, techniciens en éducation spécialisée. C’est du monde aux compétences essentielles, qui aide à la résilience des populations en période difficile et qui joue un rôle incontournable pour aider les usager•ère•s à accéder aux principaux services publics. Pile ce qu’on essaye de faire en ce moment ! », fait valoir Sébastien Pitre.
Si l’APTS a signé cette entente c’est parce qu’elle ne souhaitait pas faire obstacle au déploiement de l’ÉVP, dont les recrues seront assurément d’un soutien précieux à leurs collègues et aux populations aux prises avec les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre. « On ne veut pas prendre les gens en otage ou mettre dans le pétrin des travailleur⸱se⸱s des régions ciblées. Dans l’état actuel des choses, ça signifie signer une entente provisoire, en surveiller l’impact et être prêt•e•s à nous rasseoir quand le gouvernement réalisera qu’il ne peut pas encore et toujours compter sur l’abnégation des gens qui travaillent en santé et dans les services sociaux », explique Sébastien Pitre. L’intégration des travailleur⸱se⸱s d’agences privées au réseau public de santé et de services sociaux fait également partie des objectifs visés. « Ça permettrait de réinvestir dans le réseau public de santé et de services sociaux les sommes colossales qui sont actuellement versées à ces entreprises, notamment en y améliorant les conditions de travail et de pratique » poursuit-il.
Une fois le dossier de l’ÉVP réglé, le plus gros du travail restera à faire car le problème d’attraction et de rétention du personnel dans le réseau est structurel. « Qu’on veuille rendre le réseau public plus séduisant que les agences privées, le Québec plus attrayant que les provinces voisines ou les régions éloignées plus propices à l’établissement des travailleur⸱se⸱s, cela prend des mesures structurantes et pérennes. On ne le dira jamais assez : ce n’est pas en mettant un pansement à la hâte sur une plaie infectée qu’on va la guérir », conclut Sébastien Pitre.
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