Édition du 18 février 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

En réaction à un texte publié dans Le Devoir hier intitulé "Le sage décision de démolir Mirabel"

Ce texte ressemble étrangement à une contre-attaque à une couverture
défavorable à la démolition parue la semaine dernière dans nos hebdos
régionaux. Plusieurs éléments intriguent :

 Les informations disponibles aux rédacteurs, que ni les recherchistes et nos dirigeants ne semblent avoir.
 Les mots de reconnaissance envers les élus opposés à la démolition.
 L’absence totale du moindre argument opposé à la démolition.
 L’argumentaire construit essentiellement en faveur de la démolition.
 Les suggestions d’usage de l’installation suite à la démolition au bénéfice des entreprises aéronautique sur le site.
 Des données sur les intentions d’investissements sur les pistes.

Tout, dans ce texte semble suggérer une intervention camouflée des services de relations publique de AdM qui refuse toute collaboration avec les intervenants locaux (CLD, municipalité, chercheurs et citoyens).

Voici un texte qui vise à répondre au contenu, et se questionne sur la source de cette publication. Importante question ici ; les indépendants deviennent-ils le relais d’informations pour des actions de relations publiques déguisées ? On riposte sans en donner l’impression.....
La question se pose....

Normand Beaudet
Comité citoyen - (FBK) Aérogare de Mirabel "Centre d’excellence sportive "Grande surface".

Sauver Mirabel, la seule véritable « sage décision » ?

Le bloggeur Benoit Voyer a récemment publié un texte intitulé « La sage décision de démolir l’Aérogare de Mirabel » dans Le Devoir. Pour une personne qui suit le dossier cet étrange texte publié aussi par ce « bloggeur indépendant » de Sainte-Thérèse à quelques jour du CA de AdM laisse songeur. Ce qui frappe en premier lieu c’est l’absence du moindre souci de relayer les faits avancés par de nombreux organismes de la région, et sur l’unanimité des intervenants politiques de la région qui s’opposent à la démolition.

Encore plus troublant dans ce document indépendant publié comme une opinion indépendante, c’est le relais intégral des arguments en faveur de la démolition ; tout en éclipsant la totalité des arguments en défaveur. L’auteur semble avoir des informations privilégiées sur les intentions d’investissement de l’Agence.Pourtant nos maires et groupes de recherche font face au mutisme complet de AdM. Le texte s’aventure même jusqu’à suggérer aux autorités régionales comment s’occuper du site de l’Aérogare, une fois l’installation démolie. On a véritablement l’impression de lire une contre-attaque déguisée de l’agence Aéroports de Montréal, en riposte à une couverture locale critique des hebdomadaires régionaux de la semaine dernière.

Comment peut-on sciemment omettre les faits élémentaires d’un tel dossier ? Aéroports de Montréal a détourné la vocation du site de l’Aéroport après les expropriations, mais les terres génèrent 30 millions de bénéfices par année par la location de 6 000 acres à des entreprises aéronautiques. Ces données expliquent le fait que Aéroports de Montréal a amplement les moyens de payer les 50 millions que coûtera probablement la démolition, et d’étaler encore les millions pour les réfections de pistes aux bénéfices des entreprises aéronautiques. A-t-on ici définitivement cédé un actif public aux entreprises privées ?

Le simple transfert aux dirigeants locaux de cette formule établie pour générer des revenus suffirait amplement pour soutenir la conversion de l’installation vers n’importe quel projet local. Bref, les projets au bénéfice de la population (centre de foires, installation sportive ou autres) n’intéressent pas AdM. Pourquoi ne pas souligner que Transports Canada n’a rien à faire dans la gestion d’un parc industriel régional ? Et qu’une telle décision ainsi que la gestion du site de l’Aéroport devrait être la responsabilité d’une autorité régionale ? C’est pourtant une évidence, compatible avec la vision du gouvernement actuel !

Les revenus générés par les 6 000 acres loués suffisent amplement pour assumer tous les frais de réfection du bâtiment, de transformation pour un autre usage et d’aménagement pour en réduire les coûts d’opération. Qu’on parle de retirer l’amiante ou de la sceller dans le bâtiment (comme on l’a fait au Palais des congrès de Montréal), de refaire les systèmes électriques, d’effectuer la mise à niveau de la plomberie, et mettre à niveau les systèmes de sécurité, d’améliorer l’efficacité énergétique du bâtiment ?..... Les revenus actuels du parc industriel sur le site sont assez garantis et récurrents. Où est le problème ?

Le gouvernement fédéral, qui reçoit les redevances annuelles et qui atteint présentement l’équilibre budgétaire, n’a qu’à prendre la décision administrative de transférer la propriété du site Mirabel. Un transfert simple à nos élus régionaux, par exemple, la Conférence des élus des Laurentides.

Le bloggeur relaie sans questionnements le geste odieux de AdM d’offrir l’installation aux autorités régionales pour 1$. Dans un tel scénario, AdM garde la totalité des opérations rentables de l’immense site et les revenus qui y sont associés, et remet à la région son principal poste de dépense une installation qu’elle a elle-même négligée d’entretenir. Bref, on dit à la population « débrouillez-vous ! » ; on garde les bénéfices et on vous refile les dépenses. Quelle arrogance !

AdM prétend n’avoir trouvé aucune offre viable pour le site. Rectifions les faits ! AdM n’a pas réussi à trouver d’entrepreneur en mesure de démontrer la possibilité de faire de l’argent avec le bâtiment et de lui faire des chèques pour augmenter les revenus de location. Comble de l’arrogance, au lieu de voir à quoi pourrait servir l’installation, l’agence qui rend des comptes au Fédéral s’empresse de lancer un appel d’offre pour la démolition. Ce geste n’a laissé qu’un été aux représentants de la région pour évaluer des projets « rentables » au bénéfice de la population. Les études sont présentement en cours, elles regardent des options de revenus autonomes et ce délais ne laisse pas le temps d’évaluer toutes les options. Qui sont ces gens pour imposer de telles contraintes et continuer d’empocher les revenus ?

Personnellement, je m’intéresse à l’angle sportif de l’utilisation de l’installation ; et à la possibilité d’une première installation de patinage de vitesse longue piste dans l’Est du pays. Plusieurs piliers du sport amateur manifestent présentement un intérêt. Même la ligue nationale de hockey (LNH) s’inquiétait récemment de la graduelle disparition des glaces extérieures, pépinière pour la relève du sport. Les glaces extérieures réfrigérées qu’installe présentement la Fondation du Canadien de Montréal ne sont qu’un palliatif temporaire à cette réalité. Avec la rapide disparition des glaces extérieures naturelles ; l’avenir réside de façon croissante dans les glaces intérieures réfrigérées, et les technologies portables actuelles offrent de multiples possibilités. L’Aérogare de Mirabel pourrait s’avérer la solution idéale pour un méga-centre intérieur de patinage de vitesse, et de loisirs sur glace variés et diversifiés ! Une option parfaitement compatible avec celle d’un Centre de foire international.

Mais du côté de l’Aérogare, l’historique d’abus de la population de la région par le fédéral se poursuit. Les terres agricoles ont été expropriées. L’aéroport ne fut qu’une illusion. On a détourné la vocation du territoire en parc industriel. Et maintenant on refuse à la population de bénéficier tant des revenus du site, que de son principal actif. Combien de temps encore devrons nous subir un tel dictât ?

Puis, sans aucune consultation et malgré l’écrasante unanimité des dirigeants régionaux, incluant le président de la CUM, le maire Coderre ; un groupuscule de gestionnaires qui ne rendent des comptes qu’à Ottawa tente expéditivement de démolir l’installation.

Il est grand temps que l’installation nous soit retournée, ainsi que les bénéfices générés par le site. Le site commercialement rentable de l’Aéroport et surtout son Aérogare doivent maintenant devenir un leg direct à la population qui les a payés et au personnel qui fournit le travail aux entreprises aéronautique du site..

Une écrasante majorité des gens que je croise croient maintenant qu’il est grand temps que « Aéroports de Montréal » fasse de l’air à Mirabel !

Normand Beaudet

L’auteur est fondateur du Centre de ressources sur la non-violence et
propriétaire d’une entreprise de consultation en informatique.

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