Près de 500 personnes ont manifesté à Ottawa aujourd’hui pour reprocher au gouvernement conservateur de négliger les besoins pourtant urgents des mal-logés et des sans-abri, tout en continuant d’augmenter de manière effrénée les dépenses militaires du Canada. Pour bien faire comprendre leur message, les manifestants ont déménagé des meubles devant un centre de recrutement des Forces armées canadiennes, situé en plein cœur d’Ottawa, à proximité des bureaux du premier ministre du Canada, Stephen Harper, devant lesquels ils se sont rendus manifester par la suite. L’événement, organisé par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), un regroupement québécois de 130 organismes, s’est tenu cinq jours à peine avant le Discours du Trône qui décidera du sort du gouvernement Harper.
« Tout pour l’armement, rien pour le logement ! »
Selon le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, « il est scandaleux que, depuis dix ans, les dépenses militaires du gouvernement fédéral aient augmenté de 69 %, alors que celles consacrées au logement n’ont connu qu’une faible hausse de 0,6 % ». Il déplore que les investissements en logement ne représentent même pas 1 % de l’ensemble des programmes du gouvernement fédéral et qu’ils soient pour l’essentiel consacrés à l’exploitation des logements sociaux réalisés au cours des décennies antérieures. Il ajoute que, depuis son arrivée au pouvoir, Stéphen Harper n’a pas consacré un sou au financement de nouveaux logements, hormis les 800 millions $ qu’il a été obligé d’utiliser à cette fin, en raison d’une loi votée sous le gouvernement antérieur, suite à une entente budgétaire négociée par le Nouveau parti démocratique. Le FRAPRU précise que, selon les données mêmes du gouvernement fédéral, le Canada compte près de 1,5 million de ménages ayant des besoins impérieux de logement, dont 351 800 au Québec, ainsi que 150 000 sans-abri.
L’organisme rappelle que l’intervention armée en Afghanistan, qui continue d’entraîner de lourds coûts en termes de vie humaine, a également dopé les dépenses militaires du Canada. Une étude publiée en mai 2006 par l’Institut Polaris d’Ottawa évaluait que, de l’automne 2001 à mars 2006, le coût total des opérations militaires directement reliées à cette intervention avait atteint 4,1 milliards $. L’Institut prévoyait que ce coût allait augmenter d’au moins 1 milliard $ en 2006-2007, pour une facture totale de 5,1 milliards $. Le FRAPRU ajoute que le gouvernement conservateur de Stephen Harper a, par ailleurs, annoncé récemment qu’il consacrerait 15 milliards $ au cours des prochaines années pour l’achat d’équipements militaires. « Avec le gouvernement Harper, c’est tout pour l’armement et rien pour le logement ! », s’est exclamé François Saillant.
Des demandes concrètes
Tout en ne sachant pas si le gouvernement conservateur résistera au vote sur le Discours du Trône, le FRAPRU réclame que Stephen Harper, mais aussi tous les autres partis représentés à la Chambre des Communes, s’engagent à poser des gestes très concrets en matière de logement.
C’est ainsi qu’il demande de doubler le budget consacré à l’habitation, en y ajoutant 2 milliards $ destinés aux provinces pour leur utilisation en logement social.
Il réclame également que le gouvernement fédéral garantisse la protection des logements sociaux existants, ainsi que des locataires qui y demeurent, au lieu de se retirer de cette aide, comme il doit graduellement le faire au cours des prochaines années.
Enfin, le FRAPRU s’associe au Réseau solidarité itinérance du Québec qui était représenté par sa coordonnatrice, Nathalie Rech, lors de la manifestation, pour réclamer une aide suffisante et récurrente pour les organismes intervenant auprès des sans-abri. Selon François Roy, porte-parole de Logemen’occupe de l’Outaouais, « il y a bientôt un an, le gouvernement conservateur a annoncé des sommes de 270 millions $ en deux ans pour la poursuite de l’aide aux sans-abri ; non seulement cette aide tarde-t-elle à venir, mais elle est insuffisante et n’offre aucune garantie quant à l’avenir de ressources pourtant indispensables ».
Pour plus d’informations :
FRAPRU, (514) 522-1010.