Édition du 19 novembre 2024

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Santé

Démantèlement du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau - Amir Khadir, des usagers et l'organisme Ex æquo demandent un moratoire sur les projets de déménagement, plus de transparence et une étude d'impact

MONTRÉAL, le 16 déc. 2015 - Amir Khadir, député de Mercier, Monika Throner, présidente du comité des usagers du Centre de réadaptation Lucie-Bruneau (CRLB), Lucie Larochelle, usagère du centre, Alexandra D’Amours, agente de défense des droits des personnes ayant une déficience motrice pour l’organisme Ex æquo, et St-Jean Bolduc, ancien président du conseil d’administration du CRLB et usager externe, ont uni leur voix pour interpeler la direction du CRLB et le conseil d’administration du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Les intervenants et intervenantes réclament un moratoire sur toutes les démarches liées au déménagement du CRLB entamées par les deux établissements de santé ainsi qu’une étude d’impacts sur les effets économiques et sociaux de la réorganisation prévue. Dans l’optique d’adopter des pratiques de gestion plus transparentes, cette étude devra impliquer le syndicat, le comité des usagers, d’anciens usagers, les organismes de défense des droits en plus des directions des établissements concernés.

Avec la réorganisation du réseau prévue par le projet de loi 10 entré en vigueur le 1er avril 2015 dernier, la volonté des établissements de santé de déménager certains services de réadaptation du CRLB à l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal (IRGLM) s’est concrétisée.

« Selon l’évolution et la compréhension de la médecine moderne, il est impératif de rapprocher le diagnostic et le traitement des patients. Si c’est le cas avec les patients en général, c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’une clientèle de personnes ayant des déficiences motrices comme c’est le cas pour les usagers de Lucie-Bruneau. C’est pour cette raison qu’il m’a semblé incontournable de soutenir les revendications du comité des usagers et des groupes de défense des droits qui m’ont interpelé. Et il ne faut pas oublier que cet enjeu affectera particulièrement la population de l’est de Montréal déjà durement touchée par l’austérité et les coupes dans les services publics, mais il concerne aussi toute la population, car le centre est unique en son genre au Québec », a affirmé Amir Khadir.

« Dans l’élaboration du projet de fusion des établissements, on semble tout simplement avoir oublié que la clientèle du centre en est une avec des contraintes motrices souvent importantes, qu’un très long trajet en minibus du transport adapté, accentué au jumelage de passagers, est éprouvant pour les usagers compte tenu de leur fatigabilité et de leur fragilité. Dans ce contexte, l’emplacement géographique de l’IRGLM dans l’ouest de Montréal et à flanc de montagne est carrément handicapant pour la population de l’est de Montréal ! Comment peut-on justifier que la population de l’est de l’île de Montréal se retrouve sans centre de réadaptation alors que celle de l’ouest est desservie par deux centres, soit l’lRGLM et le Centre de réadaptation Constance Lethbridge ? », a questionné la présidente du comité des usagers, Mme Throner, qui elle-même se déplace en fauteuil roulant.

« Fusionner ces deux établissements c’est aussi nier leur culture fondamentalement différente. Lucie-Bruneau est loin d’être un hôpital, c’est un centre pour réapprendre le quotidien, pour se réapproprier tant son corps que son esprit, pour socialiser et pour continuer à réussir sa vie. La culture du CRLB est axée sur l’intégration psychosociale de l’usager. On continue la réadaptation physique parfois entamée à l’IRGLM, mais on insiste davantage sur les composantes de l’intégration psychosociale de l’individu. À Lucie-Bruneau, il y a un gym, un centre d’activité physique adapté, deux piscines, dont une en eau chaude, une grande cafétéria avec accès à Internet. Déménager ce milieu de vie constituerait un obstacle à la réadaptation sociale des usagers », insiste Mme Larochelle.

Alexandra D’Amours a quant à elle tenu à préciser que plus de la moitié des membres d’Ex aequo habitent la couronne est de l’île de Montréal dont plus d’une cinquantaine dans le secteur de l’ancien CSSS de la Pointe-de-l’Île et une soixantaine dans l’ancien CSSS Lucille-Teasdale. « Bien que le CRLB fasse partie du territoire du CIUSSS de Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, il est le seul centre de réadaptation se trouvant dans l’est de l’île. Ce CIUSSS est celui qui est le plus fréquenté de l’île. D’ailleurs les données populationnelles1 du CIUSSS de l’est révèlent que 36% des habitants du territoire sont atteints d’une maladie chronique. La demande en faveur du maintien d’un Centre de réadaptation dans l’est de l’île est donc non négligeable. Lorsque l’on parle du déménagement des services à nos membres, nous sentons l’inquiétude et l’indignation : craintes de perte de services et d’expertise, d’allongement des listes d’attentes, inquiétudes par rapport aux déplacements. Il est temps que les autorités concernées accordent l’attention qu’elle mérite à cette population déjà fragilisée », a-t-elle affirmé.

« Le projet prévoit notamment la fermeture de l’internat de la Maison Lucie-Bruneau. Or, depuis 2010, des millions y ont été investis pour moderniser les lieux et permettre de mieux desservir ses usagers. Si les raisons évoquées par la direction et le CIUSSS pour fusionner les établissements sont budgétaires, il y a là une incohérence majeure. C’est une des raisons pour laquelle nous soutenons qu’une étude d’impacts socioéconomiques est nécessaire. Lucie-Bruneau est loin d’être un établissement dysfonctionnel, le centre est performant à plusieurs égards. Son conseil d’administration a toujours été soucieux de réduire les coûts administratifs tout en améliorant le continuum de services. D’ailleurs, sa situation financière est enviable, étant sans déficit depuis 10 ans et ayant même un surplus accumulé. L’optimisation des ressources va se réaliser sur le dos des usagers qui devront aller chercher leurs services beaucoup plus loin. L’harmonisation des services et la fusion administrative sont souhaitables, mais démanteler Lucie-Bruneau serait une erreur majeure qui affecterait durement les usagers de l’est de l’île de Montréal », a conclu l’ancien président du CA du CRLB.

1 http://ciusss-estmtl.gouv.qc.ca/portrait/caracteristiques-et-etat-de-sante-de-la-population/

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