Dans cette édition de Presse-toi à gauche, André Frappier nous relate les débats entourant la révision du plan de transition solidaire, un appel à l’action de la Marche mondiale des femmes à l’occasion du 8 mars, journée internationale des femmes et Francis Lagacé se penche sur la candidature de l’humoriste Guy Nantel à la tête du Parti québécois.
André Frappier participait à une journée de réflexion sur la transition solidaire et il doit constater que ce fut une journée décevante. Les aspects stratégiques de la bataille contre le lobby des énergies fossiles étaient absents des présentation. Que les principes du plan de transition solidaire, jamais discutés par les membres, seront proposés pour adoption en mai prochain lors du conseil national du parti. L’auteur déplore que les discussions soient limitées et que le prochain conseil national sera la seule instance à se pencher sur le plan de transition qui sera présenté lors de la prochaine campagne électorale.
La Journée internationale des femmes, le 8 mars approche à grands pas et la Marche mondiale des femmes publie un appel à l’action. Vingt ans après son lancement, la MMF dénonce la destruction de la vie par le capitalisme, la violence faite aux femmes et le racisme qui caractérise la période actuelle. L’organisation appelle à une 5e action internationale pour construire « une autre façon d’organiser l’économie, situant la durabilité de la vie au centre. »
Francis Lagacé explique que Guy Nantel cultive la proximité avec un certain discours qu’on peut entendre parmi les droites dures. Il cultive l’ambiguïté sur la question des droits de la personne, notamment en matière de criminalité. L’auteur croit que Nantel s’appuie sur un discours en direction des « de souche », campant ainsi son discours à droite du spectre politique.
De plus, Yves Bergeron analyse le rapport fédéral sur la crise des médias et y voit un angle mort quant à la propriété des entreprises de presse, la CSN fait état d’un rapport de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse sur les effets catastrophiques de la réforme Barette sur le réseau des services sociaux, une Lettred’Amnistie internationale implore le gouvernement fédéral à respecter les droits des peuples autochtones, Jacques Tétreault recentre l’analyse des mobilisations en appui aux Wet’suwet’en vers les « agresseurs », ceux qui sont à l’origine du problème, soit les entreprises de pétrole et de gaz qui veulent exporter leur production.
De plus, Denis-Danielle Boullé revient sur l’épisode des textos de la présidente de la Fédération des femmes du Québec, Yvan Perrier poursuit la publication de ses billets sur le syndicalisme et une série d’articles de Catherine Tricot et Pierre Jacquemain, d’Éric Fassin) et de Mimosa Effe font écho aux débats entourant la présence de Roman Polanski lors de la cérémonie des Oscars en France et les débats que soulève le statut de l’artiste dans la société.
Sur la scène internationale
En cette semaine de mobilisation féministe culminant avec la Journée internationale des femmes le 8 mars, nous avons choisi des articles qui développent une regard féministe.
Nous avons couvert les pays industrialisés avec l’exemple de la campagne de Bernie Sanders. En Amérique du sud, nous retenons une déclaration des femmes mexicaines et des femmes paysannes de Via Campesina. En Afrique du Sud nous reprenons des statistiques de la situation économique.
Nous terminons avec un article sur le féminisme en Haïti et la déclaration de la Marche Mondiale des Femmes pour la 5ième action mondiale.
Concernant les États-Unis
États-Unis. Pourquoi Bernie Sanders est le vrai choix féministe
Cet article est intéressant car il reprend les arguments de deux féministes américaines qui vont voter Bernie au lieu d’appuyer une des femmes en liste.
Elles posent d’abord le fait qu’elle aimerait bien voir une femme présidente mais préfère voir la vie des femmes s’améliorer et pour cela c’est seulement le programme de Bernie Sanders qui peut le réaliser parce qu’il défend les intérêts des 99% de la société. Elles retiennent de ce programme plusieurs points dont :
« s’attaque efficacement au sexisme, non seulement à ses formes manifestes, mais aussi à ses racines plus profondes dans la société capitaliste. »
« Augmenter le salaire minimum, c’est immédiatement élargir la liberté des femmes, tant au travail qu’à la maison. Et étendre les droits de négociation collective, c’est nous donner une arme puissante dans la lutte contre le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles sur le lieu de travail. »
« les « questions de genre » : les droits reproductifs, la garde des enfants, les congés familiaux et les droits des transgenres. Il est facile de se prononcer sur ces questions, comme le font certains autres candidats, mais la campagne de Bernie Sanders précise les ressources sociales matérielles nécessaires pour transformer les droits inscrits sur le papier en libertés réelles »
Elles mentionnent aussi que Bernie Sanders fait le lien entre le travail salarié et le travail invisible des femmes à la maison. Et pour elles, en posant la transformation de l’un, on vise la transformation de l’autre versant du travail des femmes.
Elles insistent aussi sur l’unité des luttes « antiracistes, écologiques, pour les droits des immigré·e·s, pour les droits des travailleurs et travailleuses et autres luttes en faveur des salarié·e·s, même si nous luttons aussi contre le sexisme. »
Et elles concluent de façon claire et précise « Cette élection présente un choix clair. Quel est notre objectif principal ou le plus urgent : installer une femme à la Maison-Blanche et espérer que cette victoire ruisselle sur tout le monde ? Ou de nous joindre et d’aider à construire une campagne qui donne directement la priorité aux besoins et aux espoirs de la grande majorité des femmes ? De même, quel est le véritable sens du féminisme et de l’égalité pour les femmes : la parité hommes/femmes au sein des classes privilégiées, ce qui signifie l’égalité des chances pour la domination de toutes les autres ? Ou l’égalité des sexes au sein d’une société organisée au profit des 99% ? »
Concernant le Mexique
Les femmes mexicaines se sont mobilisées contre les violences faites aux femmes en appelant à une journée de grève le 9 mars et invitent les hommes à les soutenir dans ce geste. « Leur objectif est de rendre visible le rôle des femmes dans la société mexicaine et de poser un geste radical contre le féminicide, la misogynie et l’inégalité. »
Les Mexicaines n’oublient pas les féminicides de Ciudad Juarez et dernièrement de d’Ingrid Escamilla et la jeune Fátima Cecilia Aldrighetti. Cet appel a reçu un accueil favorable de plusieurs personnalités féminines mexicaines et de plusieurs représentantes du gouvernement. De quoi faire de ce 9 mars une mobilisation importante.
Concernant les paysannes
#8Mars2020 : Paysannes debout et organisées pour la dignité et la souveraineté alimentaire !
À l’occasion du 8 mars, le mouvement des femmes publie plusieurs déclarations. Celle-ci visent les femmes paysannes et tient à « dénoncer le système capitaliste et patriarcal qui opprime quotidiennement ces femmes et nos peuples et montre son vrai visage avec un régime néolibéral conservateur et autoritaire qui progresse dans le monde, précarise le travail, diminue les droits, élimine les politiques publiques et criminalise et tue les opposantes et opposants qui osent résister. »
La déclaration parle aussi de l’urgence de lutter contre les violences faites aux femmes, s’insurge aussi contre les états patriarcaux qui banalisent cette violence et même la justifie. « C’est lamentable d’écouter les discours présidentiels comme ceux de Jair Bolsanaro au Brésil ou de Lenin Moreno en Équateur qui évoquent le viol et le harcèlement et nient des faits, comme les taux élevés de grossesse de filles par viol ainsi que de féminicide ; les statistiques mondiales sont alarmantes ; leurs niveaux s’approchent de ceux d’une pandémie. Et en plus, ces politiciens promeuvent des politiques favorables aux transnationales en créant encore plus d’inégalités, de pauvreté et de concentration des richesses dans les mains d’une infime minorité. »
Et comme femmes paysannes, elles rejettent le modèle de l’agrobusiness autant pour elles comme femmes paysannes que pour les femmes des villes.
Et concluons avec elles « Nous sommes éveillées et éveillés, nous luttons à la campagne et en ville. Il est essentiel de donner plus de visibilité à nos luttes et de conscientiser les peuples.
Concernant l’Afrique
Afrique du Sud, France, ou la banalisation du masculinisme politique
L’article porte sur la situation de pauvreté en Afrique du Sud et par le biais sur la situation des femmes africaines car cet état est le pays connaissant le plus grand écart de revenu « le 1% le plus riche possède 67% de toute la richesse du pays. Les 10% les plus riches en détiennent 93%. » « les 1% des salariés les plus riches rapportent près de 20% de tous les revenus du pays, et 10% d’entre eux, 65%. Autrement dit, 90% des salariés sud-africains ne perçoivent que 35% du revenu global. »
C’est en abordant la situation des travailleurs que l’auteure aborde le sort des femmes « Les ouvriers des campagnes gagnaient moins de la moitié de leurs homologues urbains et les femmes environ 30% de moins que les hommes, le plus bas niveau depuis la sortie de prison de Mandela. Si on est une femme noire travaillant aux champs, on gagne donc un peu moins de 12% du salaire d’un homme blanc des villes. »
L’auteure analyse aussi dans ce pays ayant connu l’aparthied et les violences généralisées, le contexte de violences faites aux femmes. Et enfin elle finit son article en faisant un petit coucou aux politiciens macho tant en Afrique du Sud qu’en France.
Concernant Haïti
Haïti : comment les femmes secouent le monde politique
Ce très long article est presque qu’impossible à résumé. Il débute avec le séisme d’Haîti et décrit comment les organismes internationaux sous prétexte d’aider les femmes haiïiennes ont tassé les groupes de femmes sur place.
Nous retenons deux paragraphes de ce texte en quise de conclusion :
« Fidèle à ses piliers stratégiques construits sur un siècle de lutte, le mouvement féministe haïtien a pu imposer la question de la participation politique au sein du débat national de ces dix dernières années, quoique les moyens dont il dispose soient assez faibles. Pendant cette décennie, les femmes ont renforcé leur présence sur la scène politique au niveau des mairies et des collectivités territoriales. Elles se sont imposées en interlocutrices politiques incontournables avec la CONAP qui a mené durant la décennie précédente une lutte sans répit pour la visibilisation du travail politique des féministes. Elles ont aussi réussi à ajouter la question du harcèlement au débat en tant que violence faite aux femmes avec l’Affaire Josué Pierre-Louis et elles ont réussi à imposer le terme "tizonnay" dans le vocabulaire haïtien pour qualifier le harcèlement sexuel. Elles ont transformé les revendications politiques des femmes en politique publique à travers le plan National d’Egalité Femmes/Hommes et le plan national de lutte contre les violences faites aux femmes, tout en montrant la nécessité d’avoir une loi nationale pour lutter contre les violences »
« En définitive, au travers de cette présentation, la secousse restitue la manière dont les féministes sont obligées de lutter sur plusieurs plans (international, national…) pour maintenir leurs acquis tout en militant pour en avoir de nouveaux. Ce choc évoque l’idée d’un séisme ; réplique après réplique, les femmes répondent à des situations d’agression pendant qu’elles se cramponnent aux piliers stratégiques qui supportent les revendications sociales du mouvement, et qui doivent les aider à dépasser les crises sociales et contribuer à construire la société. »
Bonne lecture !
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