Le FRAPRU rappelle que dans cinq des six régions métropolitaines de recensement du Québec et dans 15 des 24 agglomérations de recensement, le taux d’inoccupation des logements locatifs est sous le seuil d’équilibre, situé à 3% par la Société canadienne d’hypothèques et de logement. « Dans les régions métropolitaines de Montréal et de Gatineau, il deux fois plus bas, à 1,5% ; dans les agglomérations de Saint-Hyacinthe, Granby, Rouyn-Noranda, Drummondville, Joliette, Saint-Georges et Val-d’Or, c’est encore pire ; il n’y a que 4 à 13 logements inoccupés sur mille », rappelle Véronique Laflamme, la porte-parole du FRAPRU.
« Ce n’est pas seulement une question de disponibilité de logements, mais aussi de cherté », ajoute Véronique Laflamme, citant en exemple le nombre grandissant de personnes et de familles subissant des hausses abusives de loyer et devant avoir recours aux banques alimentaires pour se nourrir. « C’est maintenant qu’il faut agir, si on veut éviter que les locataires ne s’appauvrissent davantage et soient chassés de leurs milieux de vie », insiste-t-elle.
Selon le FRAPRU, le marché n’est pas en mesure de régler cette crise. « Les logements neufs sont hors de prix et ne sont pas une option pour les locataires à revenu modeste, encore moins pour les plus pauvres. Les locataires précaires victimes de « réno-viction », de reprise de logement ou qui qui veulent sortir d’un logement insalubre sont abandonnés à eux-mêmes », explique Véronique Laflamme. « Si on veut créer une réelle alternative aux logements trop chers, il faut augmenter la proportion de logements hors marché, qu’ils soient publics, coopératifs ou sans but lucratif », rappelle la porte-parole. Les logements sociaux ne constituent que 4 % de l’ensemble des logements du Québec, soit la moitié de la moyenne des pays de l’OCDE et 5 fois moins que l’Autriche indique le FRAPRU, rappelant qu’à Vienne, une ville dont la population est comparable à celle de Montréal, on retrouve quelque 440 000 logements sociaux, c’est-à-dire dix fois plus que dans la métropole québécoise.
Pour passer le message, les militantes et les militants du FRAPRU ont visité, début février, les bureaux de comté de 18 ministres du cabinet Legault, et leur ont remis le mémoire pré budgétaire du regroupement. « Plusieurs ministres ont l’impression que le gouvernement agit puisque son budget 2019-2020 a prévu 260 millions $ dans le logement social. Or, ces sommes serviront seulement à compléter le financement des unités de logement social annoncées et prévues dans les budgets antérieurs », rappelle Véronique Laflamme. « Vu l’ampleur et la vitesse avec la quelle la crise se développe, c’est clairement insuffisant », insiste-t-elle.
Le FRAPRU rappelle que selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, la vigueur de l’économie québécoise est l’une des principales causes de la pénurie de logements, que ce soit à cause de la création de nouveaux ménages encouragés par un faible taux de chômage, ou l’arrivée de ménages migrants, répondant aux offres d’emplois des entreprises. Dans les circonstances, le FRAPRU juge normal que les revenus de taxes et d’impôts engrangés par Québec servent à développer des logements convenables, véritablement abordables, pour les principales victimes de cet effet pervers, et cela, de manière durable. « Le gouvernement dispose d’un surplus budgétaire anticipé de plusieurs milliards $ et si ça ne suffit pas, il peut aller chercher des revenus supplémentaires en rendant sa fiscalité plus progressive. Des contributions fédérales découlant de la Stratégie canadienne sur le logement sont aussi à venir et devraient servir à augmenter les objectifs de développement », soutient le FRAPRU. Le regroupement espère d’ailleurs que le Québec obtienne sa juste part de ces investissements fédéraux et qu’une entente soit signée rapidement par Ottawa et Québec.
« Au Québec, améliorer les conditions de logement des personnes mal-logées n’est pas un problème d’argent : c’est bel et bien une question de choix, politiques et fiscaux », conclut Véronique Laflamme.
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