Pour ceux pour qui ce nom ne serait pas familier, le Centre de santé et services sociaux Jeanne-Mance comprend trois CLSC et sept centre-hébergements. Il couvre le territoire du Centre-ville de Montréal, plus précisément le Centre-Sud et le Plateau Mont-Royal.
Depuis quelques mois, les coupures fusent de toutes parts. La directrice générale a fait la tournée des établissements dans une vaine tentative de justification de ses coupures massives. "Décision de l’agence, risque de mise sous tutelle, optimisation des services, rendement, efficacité, uniformisation des services, aucun effet sur les services à la population"’. Beaucoup de mots pour nous faire avaler une pilule indigeste. Des mots doux, rassurant : "services améliorés, conditions de travail inchangées"’ mais aussi des mots culpabilisants : "d’autres CSSS font plus avec moins, amélioration du rendement des employé-e-s."
On aura beau présenter les coupures avec toutes sortes de fioritures, les employé-e-s et les syndicats ne sont pas dupes, ce n’est que de la poudre aux yeux. Le tout s’inscrit dans une politique néolibérale de privatisation des services publics.
Les coupures ont principalement affecté le Soutien au domicile, les services courants (accueil social etc.) et les centres d’hébergement. On aura beau dire que les coupures n’affecteront pas les services aux usagers le sens commun à lui seul nous indique que cela est impossible. Mais plus encore, après quelques mois, les chiffres nous le prouvent également.
Les préposé-e-s aux bénéficiaires sont les plus affectés par les coupures. "Des études ont été réalisées par le syndicat au CHSLD Jean-de-la-Lande et au CHSLD Manoir-de-l’Âge-d’Or. Elles mettent en lumière que les coupures de postes ont eu pour conséquences de diminuer les soins de 900 heures par semaine dans le premier cas et de 327 heures par semaine dans le deuxième. Ces coupures de personnel ont eu des impacts sur la quantité et la qualité des services dans les deux établissements : heures de lever prolongées, manque de soins d’hygiène de base, débordement affectant la surveillance des patients sur certains étages. Toujours selon le syndicat, les travailleuses souffrent aussi de plus en plus d’épuisement professionnel. [1]
Devant un tel constat , difficile de ne pas réinterpréter différemment toutes les accusations de maltraitance chez les aînées. On prive les préposé-e-s de l’opportunité de développer une relation digne et humaine avec les usagers ; on les force à travailler dans un contexte de surcharge constante puis on les accuse de traiter les ainées sans compassion. Les préposé-e-s du CSSS Jeanne-Mance ont été clairs, ils ne peuvent pas accepter de donner des services aussi dégradés. Il est temps de se solidariser et de dénoncer avec vigueur ces coupures qui entraînent une dégradation importante des conditions de travail des employé-e-s et des conditions de vie des personnes en centre d’hébergement.
Cependant le CSSS sait se montrer dissuasif. Une préposée en CHSLD a été suspendue de ses fonctions pour avoir expose ses conditions de travail et dénonce les coupures à un journaliste de TVA qui s’était infiltré dans le Centre hébergement. Après coup, on lui a trouvé des fautes professionnelles pour justifier la suspension. Nous ne sommes pas si naïfs, la manipulation des gestionnaires doit cesser.
Les coupures en CHSLD n’impliquent pas des voyages de moins, des réunions plus courtes et sans beignets. Les coupures en CHSLD ce sont des coupures directes et drastiques dans les services à la population.
Les soins à domicile ont également été très touchés "Les coupures de 1,5 M$ dans ces services ont eu des impacts importants selon les témoignages d’employé-e-s recueillis par le syndicat : allongement des listes d’attentes, réduction du nombre de bains, référence vers des ressources communautaires ou privées, souvent tarifées. Suspension avec solde même coût – moins gens- une tournée en non lieu. " [2]
Il est également important de ne pas perdre de vue que la clientèle du Centre-ville de Montréal est une population particulière, où se conjuguent souvent pauvreté, marginalité et isolement.
Parallèlement aux coupures dans le public, le gouvernement se permet de confier l’ouverture d’un nouveau CHSLD en PPP, qui a d’ailleurs fait l’objet d’un reportage à Enquête la semaine dernière que je vous invite à visionner ici : http://www.radio-canada.ca/emissions/enquete/2010-2011/Reportage.asp?idDoc=148575. On y comprend que l’entrepreneur fait ses profits grâce à la diminution des salaires et des conditions de travail des employé-e-s, ce qui entraîne une difficulté de recrutement importante et une diminution importante de la qualité des services. Ce sujet pourrait faire l’objet d’un article en soi :visionnez le reportage.
Les conditions de travail du personnel de la santé et des services sociaux est en péril. Au public, on assiste à des coupures de postes et au privé on engage à moindre salaire. Les services à la population sont en dégringolade. Pire encore, on essaie de faire croire aux employé-e-s que cette détérioration des services sera rectifiée par un rendement supérieur. Travailler plus dans des conditions toujours de plus en plus difficiles et tout ira pour le mieux.
Les coupures dans la santé et les services sociaux, ce sont bien plus que des chiffres, ce sont la vie et le travail des personnes qui sont en jeu.
Je vous invite à manifester ce jeudi 5 Mai pour dénoncer les coupures avec le syndicat du CSSS Jeanne-Mance, les organisations communautaires et les citoyens et citoyennes !!
Rassemblement à 16h00 au Métro Mont-Royal.