Ils ont dénoncé plusieurs situations, en commençant par l’intégration massive d’élèves en difficulté dans les classes ordinaires, maintes fois été décriée par les syndicats d’enseignantes et enseignants. « Avec une vingtaine ou une trentaine d’élèves en classe, il est impossible pour un prof d’utiliser une approche pédagogique différente pour chacun. De plus, l’intégration des élèves en difficulté ne doit pas se faire au détriment des autres élèves ni des élèves en difficulté. Elle ne peut pas se faire non plus sans services de personnels professionnels ou de soutien. Qu’on se le dise : les classes spéciales répondent adéquatement aux besoins de certains élèves ! », affirme Éric Bédard, président du SEHY.
En plus des compressions budgétaires en éducation qui dépassent le milliard, il est aussi évident que les ressources nécessaires à l’intégration des élèves en difficulté ne sont pas au rendez-vous. « Un réinvestissement massif s’avère essentiel, tout comme un changement majeur dans la façon dont on intègre les élèves si l’on veut leur permettre de se qualifier, et offrir aux enseignantes et enseignants la possibilité de pratiquer leur métier, soit enseigner. », ajoute M. Bédard.
Par ailleurs, les secteurs de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle sont souvent négligés, selon Benoît Giguère, président du SES. « Il est temps de faire de la formation professionnelle un véritable tremplin pour nos jeunes, en misant sur des diplômes d’études professionnelles, un diplôme vraiment qualifiant, et non plus sur des attestations d’études secondaires. La commission scolaire des Trois-Lacs est la seule où l’on forme des grutiers. Qu’adviendrait-il de tous ces beaux projets d’infrastructures sans ces profs ? », souligne-t-il. « Il ne faut pas passer sous le silence le travail des profs de l’éducation des adultes qui repêchent les oubliées et oubliés du système. Celles et ceux qui tentent de finir leur cours du secondaire pour améliorer leur avenir. Mettons fin à l’indécente précarité et au sous-financement de ces deux secteurs. Offrons-leur une stabilité qui permettra la réussite éducative pour toutes et tous », réclame M. Giguère.
Enfin, « il importe de corriger l’échec du renouveau pédagogique », précise M. Bédard. « Il faut réintroduire les connaissances au sein du programme de formation de l’école québécoise et au cœur de la politique d’évaluation », croit-il. Quant à M. Giguère, il se plaît à rêver que ses enfants « apprendront des connaissances sur la base d’un socle commun, à chacune de leurs années de scolarisation et que peu importe l’école qu’ils fréquenteront, ils y trouveront leur compte. Il ne faudra plus deux ans pour constater une difficulté majeure et offrir des services, voire faire redoubler un élève si nécessaire », conclut-il.