Publié le 1 septembre 2021 | tiré d’Alternative socialiste
La vague de chaleur extrême ayant balayé l’Amérique du Nord cet été a ouvert les yeux à bien des gens. La catastrophe climatique se produit sous nos yeux.
La Colombie-Britannique se relève difficilement dumois de juillet le plus chaudjamais enregistré sur terre. Plus de 815 personnes sont mortes subitement durant la canicule causée par un dôme de chaleur. Le bilan était de 232 l’an dernier. Au Québec, les nouveaux records de chaleur en août ont entraîné 18 décès et l’engorgement de nos services ambulanciers. C’est environ le même nombre de décès qu’en 2019 (17) et 2020 (21).
Or, la dernière vague de chaleur extrême de 2018 a entraîné la mort de 125 personnes. Les victimes ont surtout été des personnes avec des troubles mentaux, sous médication, isolées et qui ont des conditions de logement et de vie difficiles. Un peu plus de 71% des personnes décédées avaient 60 ans et plus. Si les chiffres de cette année semblent bas, c’est peut-être parce que la COVID-19 a déjà emporté prématurément 10 973 personnes de 60 ans et plus au Québec depuis un an et demi.
La chaleur qui tue
Dans tous les cas, le météorologue d’Environnement Canada Steve Boily souligne que la chaleur est un « des événements météo les plus meurtriers, sous-estimés et sournois ». Le New York Times rapporte d’ailleurs que durant la vague de chaleur de juin, près de 600 personnes sont mortes de chaleur en Oregon et dans l’État de Washington. Ce chiffre surpasse les décès liés à la COVID-19 pour la même période.
Un rapport d’Environnement et Changement climatique Canada souligne qu’au cours des prochaines années, les températures extrêmement chaudes deviendront plus fréquentes et plus intenses, tandis que les grands froids seront moins fréquents et intenses. À noter que la température au Canada augmente environ 2 fois plus vite que la moyenne mondiale.
L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) estime que 147 000 personnes mourront à cause du réchauffement climatique au Québec d’ici 2090. La revue The Lancet vient d’ailleurs tout juste de publier une étude estimant à 490 000 les décès annuels liés à des températures trop chaudes dans le monde. Et les scientifiques avertissent que les vagues de chaleur vont se multiplier.
Phénomènes extrêmes en hausse
Les changements climatiques entraînent une série de phénomènes extrêmes et meurtriers. Au Québec et en Ontario, le [1]https://www.meteomedia.com/ca/nouve.... Heureusement, une seule personne y a laissé sa vie au Québec. Un pompier a également perdu la vie en combattant les feux de forêt du nord de l’Ontario en juillet. Des milliers de personnes ont été évacuées dans la foulée de la promulgation de l’état d’urgence. La superficie incendiée jusqu’ici en Ontario, presque5 fois plus grande que la moyenne décennale. Elle a causé le pire épisode de smog au Québec en huit ans.
Ailleurs dans le monde, les phénomènes extrêmes sont beaucoup plus dangereux. Déjà, au moins 100 000 morts/an sont attribuables aux changements climatiques. Uniquement cette année, la saison des feux de forêt a été complètement désastreuse pour la faune, la flore et les humains en Grèce, en Turquie, en Sibérie, en Italie, en Espagne, en Finlande, en Algérie, au Canada, aux États-Unis et dans bien d’autres endroits. De plus, des pluies intenses ont causé des inondations historiques en Allemagne (160 morts), en Chine (302 morts), en Belgique (41 morts), aux Pays-Bas, en Pologne, en Angleterre, etc.
Des changements qui vont s’intensifier
De son côté, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) produit des rapports de plus en plus accablants. Dans une publication de 2019, il estimait que « [l]e réchauffement planétaire imputable aux activités humaines a déjà causé de multiples changements dans le système climatique ».
Dans son dernier rapport sur le climat, le GIEC montre que les vagues de chaleur extrêmes sont 2,8 fois plus fréquentes aujourd’hui qu’elles ne le seraient en l’absence du réchauffement climatique (où les vagues de chaleur se produisent une fois tous les dix ans). Il en va de même pour les pluies torrentielles et les sécheresses qui affectent l’agriculture, respectivement 1,3 et 1,7 fois plus fréquentes.
Bien qu’essentiels, les rapports du GIEC comportent une faille cruciale. L’origine du problème n’est pas les « activités humaines » en tant que telles, mais bien l’activité humaine capitaliste provenant principalement de l’industrie des hydrocarbures (gaz, pétrole, charbon, etc.). Le vrai problème, c’est celui de la classe dominante qui priorise la profitabilité à court terme de ses entreprises, aux dépens des écosystèmes et des gens. Cette priorisation s’exprime aussi à travers l’influence politique (lobbying) qu’elle exerce sur nos gouvernements dits démocratiques pour défendre ses intérêts.
Pas de solution sous le capitalisme
On ne saurait trop insister sur le fait que la nécessité existentielle du capitalisme à toujours aller chercher plus de profit ainsi que sa conception des ressources naturelles comme inépuisables sources de richesses sont à l’origine de la grave crise climatique actuelle. Les grandes compagnies et leurs élites politiques font augmenter constamment les émissions de gaz carbonique, même à travers l’écoblanchiment de leurs activités ou avec leurs propositions de technologies de capture du carbone, de véhicules électriques ou de recyclage. Lutter contre la menace existentielle de la crise climatique, c’est lutter pour créer un système économique socialiste.
Malgré les cris d’alarme toujours plus stridents, les pays du G20 ne se sont toujours pas mis d’accord sur les mesures les plus évidentes, comme l’élimination progressive du charbon comme source d’énergie. Aucune mesure significative n’a été prise depuis l’Accord de Paris en 2015. Seuls des engagements climatiques « volontaires » et « nationaux », donc objectivement insuffisants, sinon inutiles, ont été annoncés. Il est improbable que les élites du monde acceptent des accords réellement efficaces et contraignants lors de la COP26 à Glasgow, en novembre prochain.
Cette inaction survient dans un contexte où la +Banque mondiale annonce qu’il y aura plus de 140 millions de réfugié⋅es climatiques dans le monde d’ici 2050, que l’UNICEF soutient qu’un milliard d’enfants sont menacés par les changements climatiques et que ces derniers produisent déjà des conflits territoriaux et nationaux violents partout dans le monde.
Pessimistes sur l’avenir de leur propre système, toute une couche de super-riches s’est déjà fait construire des bunkers pour affronter l’apocalypse. S’il est facile de tomber dans le cynisme et le catastrophisme, les scientifiques du GIEC soulignent que les seuils de basculement sont évitables, quel que soit l’état actuel de l’environnement. L’exploitation de la planète n’est pas inscrite dans la nature humaine.
Seule une lutte internationale permet d’aller de l’avant
La classe ouvrière et la jeunesse perçoivent de plus en plus la nécessité et l’urgence de la lutte pour un meilleur système économique. Ce changement ne peut être atteint que par une organisation politique massive et indépendante de la classe ouvrière, car les intérêts économiques de la classe dominante vont toujours la pousser à affaiblir les changements nécessaires. Révolu est le temps des compromis ou des réformes progressives qui n’arrivent jamais. Les promesses vides de Justin Trudeau lors de la marche pour le climat le 27 septembre 2019 en sont le symbole par excellence. Ne faisons confiance qu’à nos propres moyens.
Nous avons besoin d’une transition immédiate vers une économie sans carbone. La construction d’un mouvement assez grand et puissant pour y arriver dépend de notre capacité à mettre sur pied et gagner des luttes politiques plus locales. Par exemple, remporter des batailles pour des transports publics structurants, gratuits, écologiques et fiables forcera des investissements massifs dans des énergies plus propres. De telles victoires peuvent poser les premières pierres de la fin de notre dépendance aux combustibles fossiles.
Pour stopper les changements climatiques, nous devons arracher le pouvoir politique des mains des profiteurs qui contrôlent tous les paliers gouvernementaux. Nous devons investir nos associations étudiantes, nos syndicats, nos conseils municipaux, nos mairies ainsi que le parlement provincial et fédéral.
Ce n’est qu’en prenant le contrôle de ces instances que nous pourrons imposer la nationalisation des secteurs clés de l’économie, du transport au logement en passant par tous les soins de santé et de télécommunications. Ces secteurs doivent être mis sous contrôle démocratique, c’est-à-dire contrôlés par des élu⋅es choisi⋅es parmi les travailleurs et les travailleuses qui y œuvrent. Ces personnes ont les connaissances et l’expérience pour prendre des décisions dans l’intérêt de la majorité de la population et de la planète.
Où commencer ?
Il est possible pour chacun et chacune d’entre nous de construire cette solidarité de la classe ouvrière dès maintenant, dans nos milieux de vie. Les changements climatiques font reposer une pression énorme sur les services publics et leurs employé⋅es. Les politiques de coupures et les privatisations des dernières années ont entraîné des situations intenables, par exemple pour les services d’incendie devant réagir aux catastrophes ou pour le personnel de la santé qui prend soin des victimes. De plus en plus de travailleurs et de travailleuses désirent se mettre en action pour reconstruire nos services publics.
En conséquence, la construction du mouvement contre les changements climatiques passe par une lutte visant à améliorer les salaires et les conditions de travail des personnes chargées de veiller sur les victimes des phénomènes climatiques extrêmes. Il faut tasser les patrons qui créent eux-mêmes les pénuries de main-d’œuvre en proposant des salaires de misère dans les résidences pour personnes âgées, dans les piscines municipales ou les épiceries. La formation, dès maintenant, de comités d’action sur le plancher peut stimuler ce processus de lutte.
La construction et la rénovation écoénergétique de logements publics abordables constituent aussi une lutte environnementale urgente pour répondre aux besoins des gens et de la planète. Alternative socialiste travaille sur ce front à travers sa campagne pasavendre.ca.
La lutte pour le climat peut prendre mille et une formes. Les syndicats, les associations étudiantes et les organisations de terrain militantes ont un rôle fondamental à jouer pour organiser un mouvement climatique démocratique et socialiste. Il y a mille et une manières de contribuer à la lutte. Considérez militer aux côtés d’Alternative socialiste pour le faire !
par
Alternative socialiste
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