Édition du 19 novembre 2024

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Au-delà de la rareté - L’anarchisme dans une société d’abondance

Édition Écosociété

Dans ce recueil de textes pionniers (1965-70) qui ont fait sa renommée, Murray Bookchin conjugue sa vision anarchiste et écologiste avec les possibilités prometteuses d’une société d’abondance. Une abondance envisagée non pas sous la forme d’un accès illimité à des biens de consommation pléthoriques, mais bien une par laquelle l’être humain a amplement les moyens de satisfaire ses besoins fondamentaux pour se consacrer à l’assouvissement de ses désirs réels.

S’attelant à esquisser les contours d’une telle société, Bookchin appelle à dépasser l’économie politique marxiste, enracinée dans une ère de pénurie matérielle et soumise aux logiques de la rareté économique. Si les avancées technologiques du XXe siècle ont grandement accru la production, cela s’est fait au profit d’intérêts corporatifs et aux dépens des besoins humains et de la soutenabilité écologique. Et si l’émancipation pouvait jadis sembler passer par un certain productivisme sous l’égide de structures autoritaires, aujourd’hui les outils nécessaires à une auto-organisation de la société ont largement été développés et, combinés avec la perspective écologique, ils ont grandement modifié le paysage révolutionnaire.

Les sociétés postindustrielles ont en effet le potentiel de se muer en des sociétés d’abondance favorisant l’accomplissement des potentialités sociales et culturelles latentes dans les écotechnologies.

Avant-gardiste, Bookchin défendait en ce sens les énergies renouvelables et des institutions décentralisées. Lire Bookchin, c’est renouer avec une verve utopique rafraîchissante, qui rappelle avec force que d’autres voies sont envisageables pour le devenir de nos sociétés. Enfin traduit dans son intégralité en français, Post-Scarcity Anarchism est l’un des plus influents ouvrages de l’intellectuel étatsunien (incluant les célèbres « Écoute, camarade ! » et « Écologie et pensée révolutionnaire »).

Une référence incontournable pour comprendre les origines théoriques du concept d’écologie sociale, concept que cet intellectuel étatsunien a raffiné tout au long de sa vie de militant. La vie est un citron. Jaune et belle du dehors, elle sait se montrer aguicheuse et délicieusement attirante. Au point de désirer croquer dedans à pleines dents. Mais une fois passé à l’acte, la réalité nous rattrape. Et plutôt sévèrement. Caché derrière ses beaux atours, son jus se révèle acide. Il nous agresse le palais. (...)

Notre quotidien ne s’améliore pas, les inégalités se creusent, le temps dévolu au travail (quand on en a un) continue de croître au détriment de celui dédié au loisir et au développement personnel et social. Le mirage recule à mesure qu’on avance. Et nous y sommes à ce point habitués que la déception engendrée nous paraît, en fin de compte, parfaitement normale. Alors la révolte qui avait surgi quand nous avions vaillamment mordu le citron laisse finalement place à la résignation. La vie en régime capitaliste est un citron, il faut la presser pour en retirer un peu de jus. La diluer. Le reste est à jeter.

Murray Bookchin aura été de ceux qui ont clamé qu’on aurait tort de faire de cet état de fait une fatalité. Lucidement, il a rappelé qu’il existe d’autres fruits dans lesquels mordre. » Vincent Gerber , extrait de la préface Fondateur de l’Institut d’écologie sociale du Vermont, MURRAY BOOKCHIN (1921-2006) a été une figure de proue de l’anarchisme, de la Nouvelle Gauche et de l’écologie aux États-Unis. Les Éditions Écosociété doivent leur nom à son concept d’« écologie sociale ». Son ouvrage Une société à refaire a été l’un des premiers essais publié par la maison.

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