Édition du 18 février 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique québécoise

L’exode des emplois se poursuit

Annonce de fermeture de l’usine MABE en 2014

Depuis 2009 on a assisté à la perte de 4000 emplois chez Nortel, 400 chez Loblaws, en 2010 Électrolux a annoncé la fermeture de l’usine pour 2012 qui occasionnera la perte de 1200 emplois, la fermeture de Shell a provoqué la mise à pied de 550 travailleurs, celle de RGR Beauce 400, et récemment celle de White Birch 600.

Chez MABE près de 600 salarié-e-s, dont 40% sont des femmes perdront leur emploi dans 3 ans soit d’ici la fin 2014. La décision de MABE repose en grande partie sur le fait que GE rapatrie une partie de sa production d’électroménagers aux États-Unis. Anciennement CAMCO (qui était détenue majoritairement par GE) elle est en opération depuis plus de 60 ans et a déjà employé plus de 1000 salariés. Aujourd’hui, elle emploie environ 400 travailleurs alors que 200 autres sont sur la liste de rappel afin de combler les besoins de production. L’usine qui produisait autrefois toute la gamme des électroménagers a vu sa production se spécialiser de plus en plus au cours des dernières années, pour se concentrer aujourd’hui, à la fabrication de sécheuse uniquement.

Malgré de nombreuses concessions consenties par les membres du syndicat lors des dernières négociations afin de préserver des emplois et malgré une augmentation de 30% du taux d’efficacité de la production en cinq ans, qui atteint maintenant 97%, la compagnie fermera ses portes.

Les problèmes auxquels les syndiqué-e-s du SCEP (Syndicat canadien de l’énergie et du papier-FTQ) ont du faire face sont de plusieurs ordres. L’administration américaine a depuis la crise financière de 2008 resserré sa politique « buy america ». Le président de la compagnie GE, qui contrôle à toutes fins pratiques la compagnie MABE siège d’ailleurs sur le comité du congrès américain concernant la politique d’achat.

Ensuite la compagnie GE est actionnaire à 49% de MABE mais en fait c’est elle qui en a le contrôle. Elle fournit les pièces préassemblées, achète le produit fini, en fixe les prix et définit le plan de production. La compagnie ne pouvant plus diversifier sa production et les sécheuses étant un produit peu dispendieux, cela laisse une marge de profit réduite. La surévaluation de ce que d’aucuns appellent le pétrodollar canadien, qui lui vaut la parité avec le dollar américain ajoute également un poids à la rentabilité de l’entreprise.

Les solutions doivent être politiques

Les politiques de libéralisation des marchés comme l’ALENA qui se poursuivent aujourd’hui avec les projets d’accords avec l’Europe et les différents partis qui les ont appuyés tant à Ottawa qu’à Québec sont responsables de cette situation parce qu’elles ont facilité la mobilité des capitaux en fonction des intérêts des entreprises.

Mais la structure même des compagnies qui sont aux mains de conglomérats tentaculaires, fait en sorte qu’ils échappent pratiquement à tout contrôle. Il est donc essentiel que nous nous dotions d’une politique d’industrialisation règlementée qui oblige les compagnies à produire au Québec selon des normes salariales et environnementales équitables et qui prévoit des amendes sévères en cas de fermeture. À défaut nous devrons considérer la perspective de nationalisation. Il en va de nos emplois et de notre avenir.

André Frappier

Militant impliqué dans la solidarité avec le peuple Chilien contre le coup d’état de 1973, son parcours syndical au STTP et à la FTQ durant 35 ans a été marqué par la nécessaire solidarité internationale. Il est impliqué dans la gauche québécoise et canadienne et milite au sein de Québec solidaire depuis sa création. Co-auteur du Printemps des carrés rouges pubié en 2013, il fait partie du comité de rédaction de Presse-toi à gauche et signe une chronique dans la revue Canadian Dimension.

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