Chez MABE près de 600 salarié-e-s, dont 40% sont des femmes perdront leur emploi dans 3 ans soit d’ici la fin 2014. La décision de MABE repose en grande partie sur le fait que GE rapatrie une partie de sa production d’électroménagers aux États-Unis. Anciennement CAMCO (qui était détenue majoritairement par GE) elle est en opération depuis plus de 60 ans et a déjà employé plus de 1000 salariés. Aujourd’hui, elle emploie environ 400 travailleurs alors que 200 autres sont sur la liste de rappel afin de combler les besoins de production. L’usine qui produisait autrefois toute la gamme des électroménagers a vu sa production se spécialiser de plus en plus au cours des dernières années, pour se concentrer aujourd’hui, à la fabrication de sécheuse uniquement.
Malgré de nombreuses concessions consenties par les membres du syndicat lors des dernières négociations afin de préserver des emplois et malgré une augmentation de 30% du taux d’efficacité de la production en cinq ans, qui atteint maintenant 97%, la compagnie fermera ses portes.
Les problèmes auxquels les syndiqué-e-s du SCEP (Syndicat canadien de l’énergie et du papier-FTQ) ont du faire face sont de plusieurs ordres. L’administration américaine a depuis la crise financière de 2008 resserré sa politique « buy america ». Le président de la compagnie GE, qui contrôle à toutes fins pratiques la compagnie MABE siège d’ailleurs sur le comité du congrès américain concernant la politique d’achat.
Ensuite la compagnie GE est actionnaire à 49% de MABE mais en fait c’est elle qui en a le contrôle. Elle fournit les pièces préassemblées, achète le produit fini, en fixe les prix et définit le plan de production. La compagnie ne pouvant plus diversifier sa production et les sécheuses étant un produit peu dispendieux, cela laisse une marge de profit réduite. La surévaluation de ce que d’aucuns appellent le pétrodollar canadien, qui lui vaut la parité avec le dollar américain ajoute également un poids à la rentabilité de l’entreprise.
Les solutions doivent être politiques
Les politiques de libéralisation des marchés comme l’ALENA qui se poursuivent aujourd’hui avec les projets d’accords avec l’Europe et les différents partis qui les ont appuyés tant à Ottawa qu’à Québec sont responsables de cette situation parce qu’elles ont facilité la mobilité des capitaux en fonction des intérêts des entreprises.
Mais la structure même des compagnies qui sont aux mains de conglomérats tentaculaires, fait en sorte qu’ils échappent pratiquement à tout contrôle. Il est donc essentiel que nous nous dotions d’une politique d’industrialisation règlementée qui oblige les compagnies à produire au Québec selon des normes salariales et environnementales équitables et qui prévoit des amendes sévères en cas de fermeture. À défaut nous devrons considérer la perspective de nationalisation. Il en va de nos emplois et de notre avenir.