La réussite de cette conférence de Paris nous permet toutefois d’enterrer les vieux fantômes de Copenhague. Nous avons maintenant un accord véritablement mondial de lutte contre les changements climatiques. Le monde s’est enfin réuni pour dire : la crise climatique doit être réglées et nous devons faire notre possible pour remédier à cette menace mondiale.
Certains aspects du présent accord représentent des progrès en ce sens. Premier signe annonciateur de changement, le fait que la cible de 1,5 degrés soit devenue le nouvel objectif à viser. Il démontre une solidarité sans précédent pour adresser les problèmes rencontrés par les pays rendus vulnérables par la montée du niveau des océans. Nous félicitons d’ailleurs ces pays pour le leadership dont ils ont fait preuve en amont et durant les négociations de Paris.
Les gouvernements ont aussi lancé un signal fort envers les industries pétrolières, du gaz et du charbon : l’abandon des combustibles fossiles est maintenant inévitable. Leur fin approche et les investisseurs devraient en prendre bonne note. Après Paris, nous savons que la transition énergétique, qui est déjà en cours, ira en s’accélérant, même s’il est évident que les pays devront augmenter leur niveau d’ambition qui est encore grandement déficient.
La question qui demeure cependant en est une de survie pour les pays les plus vulnérables. L’Accord de Paris ne parvient pas à nous mettre sur la voie pour atteindre la cible qu’il proclame. Nous savions avant même le début des négociations que les objectifs d’émissions actuellement sur la table ne nous mèneraient pas en dessous de 1,5°C ou même 2°C de réchauffement (seuil au-delà duquel notre capacité à arrêter la crise climatique sera anéantie), mais qu’ils nous dirigent plutôt vers un réchauffement de 3°C, ce qui serait catastrophique.
Que cet accord ne parvienne pas à forcer les gouvernements à aligner leurs actions avec leur rhétorique avant 2020 est d’ailleurs un défaut majeur. En disant que nous allons régler cette question plus tard, ceux-ci risquent de fermer la porte à notre meilleure et unique chance de résoudre le problème.
En dépit de ces lacunes, les progrès accomplis sont indéniables. Mais nous devons maintenant aller plus loin. Nos efforts, en tant que société, ne doivent pas être confinés dans des salles de conférence.
C’est avec un espoir renouvelé que nous sommes venus à la COP21. Non en raison des engagements que nous espérions de la part de nos dirigeants, mais plutôt en raison des mouvements citoyens qui, de par leurs actions, démontrent jour après jour que nous sommes capables, en tant que société, d’apporter les changements et solutions nécessaires pour résoudre la crise climatique.
Les Canadiens et Canadiennes doivent maintenant faire entrer le pays dans l’ère des énergies à 100% renouvelables. Le moyen le plus sûr d’y arriver est de rejeter une fois pour toute les projets de pipelines de sables bitumineux et autres infrastructures polluantes afin d’accélérer la transition vers une économie propre et renouvelable à 100% d’ici 2050. Car ce que cet accord signifie avant tout, c’est un virage vers la décarbonisation complète de notre économie. Nous félicitons au passage le gouvernement canadien d’avoir contribué positivement à la conclusion de l’entente. Selon des scientifiques du GIEC, l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 C veut dire que le Canada devra accomplir cette transition dans les deux prochaines décennies.
Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons mettre au défi l’industrie des combustibles fossiles et entrer dans l’ère des solutions.
Aussi, en 2016, nous continuerons à presser les gouvernements, tant dans les couloirs des assemblées que dans la rue, pour qu’ils mettent les bouchées doubles. Pour ce faire, nous emploierons des tactiques créatives et les moyens à notre disposition au niveau local pour un impact global, et montrerons ainsi au monde que si nos gouvernements ne sont pas à la hauteur de l’enjeu, nous le serons !