« Avec ce nouveau site web, nous voulons offrir aux locataires du Québec et aux groupes qui défendent leurs droits un outil facile d’utilisation leur permettant de mesurer non seulement l’emprise des plateformes de location sur le parc locatif, mais aussi l’ampleur du phénomène d’uberisation du logement locatif, que nous pourrions décrire comme le transfert d’un nombre croissant d’appartements loués à long-terme sur ces plateformes. Parce que cette tendance permet de contourner la loi, elle nous inquiète au plus haut point et nous croyons qu’il est primordial d’en assurer le suivi. Nous espérons également que ce site web puisse permettre aux régions situées à l’extérieur des grands centres urbains de se doter d’outils pour lutter et s’organiser contre les impacts néfastes des plateformes comme Airbnb », explique le concepteur du site, Yannick Baumann, doctorant en géographie à l’Université de Montréal et membre du Collectif de Recherche et d’ACtion sur l’Habitat (CRACH).
Le 28 mars dernier, le RCLALQ publiait le rapport La démesure Airbnb : Un saccage du parc locatif québécois, qui révélait qu’en date du 28 février 2023, il y avait 29 482 locations offertes sur Airbnb au Québec, dont 23 245, soit 79 %, n’étaient pas certifiées. Les données disponibles sur le site abasairbnb.org révèlent que si certains mouvements ont été observés sur les plateformes de location depuis la publication du rapport, le nombre total d’annonces est resté sensiblement le même.
« Avec la pression publique exercée sur Airbnb depuis mars, on a pu voir une certaine diminution du nombre d’annonces sur cette plateforme au Québec, passant de près de 30 000 annonces à un peu plus de 26 000. Mais on sait que bon nombre de ces annonces ont tout simplement migré sur d’autres plateformes. En tout et partout, il y a probablement autant d’annonces et d’annonces non certifiées qu’avant », observe Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ.
Au cours de la même période, par exemple, le nombre d’annonces affichées sur la plateforme VRBO a connu une progression fulgurante : alors qu’il y avait environ 3 000 annonces sur VRBO il y a deux mois, il y en a maintenant plus de 5 200. Moins surveillée, VRBO permet à ses utilisateurs de publier une annonce sans inclure un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), comme l’exige pourtant la loi québécoise. En conséquence, plus de 83 % des annonces publiées sur VRBO ne sont pas conformes.
Par ailleurs, même si Airbnb a retiré un grand nombre d’annonces sans numéro d’enregistrement de sa plateforme au cours des dernières semaines, perdant près de 4 000 annonces au passage pour l’ensemble du Québec, il y subsiste encore beaucoup d’annonces non conformes, selon le co-porte-parole du RCLALQ.
« Il y a beaucoup de faux numéros d’enregistrement, et de nombreux hôtes, à l’invitation d’Airbnb, sont passés à la location à long terme pour contourner la réglementation. Il y a deux mois à peine, il y avait plus de 23 000 annonces sans numéro d’enregistrement sur Airbnb. On sait qu’il n’y a pas eu depuis une explosion du nombre de demandes d’enregistrement à la CITQ, donc forcément, il y a encore beaucoup d’annonces qui enfreignent ou contournent la loi », soutient Cédric Dussault.
Depuis plusieurs années, le RCLALQ appelle le gouvernement du Québec à interdire les plateformes de location numériques telles Airbnb, VRBO et Booking.com. Le 24 mai dernier, dans le cadre des consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 25, Loi visant à lutter contre l’hébergement touristique illégal, le RCLALQ a déposé un mémoire à la Commission particulière de l’économie et du travail du Gouvernement du Québec, dans lequel il proposait différentes améliorations au projet de loi.
Lien vers le site : abasairbnb.org
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