Sortir astucieusement du piège péquiste relayé par GND
Peinturé dans le coin de ses contradictions, QS mise sur le bon vieux truc politicien du sauveur suprême. Il s’est jeté dans les bras de l’ancien porte-parole masculin de la radicale CLASSE du Printemps érable à qui on offre sur un plateau d’argent un siège de député garanti, aux dépens des femmes, et une chefferie réellement existante aux dépens du pluralisme et de la parité des statuts du parti. Le jeune et talentueux politicien néophyte joue sur sa popularité d’antan savamment entretenue et surtout lissée par son passage de commentateur à Radio-Canada et par sa tournée Faut-qu’on-se-parle qui a abandonné au milieu du gué les personnes participantes bernées et peut-être même les collaborations manipulées.
Le prochain congrès dans une semaine est appelé à résoudre la contradiction. Soit le parti cédera à la pression en s’enlisant dans le piège péquiste de l’éternelle négociation le menant inéluctablement à l’entente / alliance. Soit il peinturera GND dans le coin en le forçant comme porte-parole — car son élection à ce poste fait peu de doutes et est peut-être souhaitable étant donné l’inconsistance populiste d’un de ses adversaires et la faiblesse articulatoire consensuelle du second — à défendre l’option de la rupture avec le PQ soutenue âprement par une bonne partie de la militance, surtout à Montréal. Faut-il souligner que cette solution « astucieuse » combinerait notoriété et rupture en plus de renouer avec la sagesse de la militance du parti réunie en congrès.
Sortir du dilemme insoluble de la Constituante en bouleversant le rapport de forces
La militance Solidaire l’a déjà prouvé au printemps 2016, comme on l’a vu, malgré le débat insoluble de la Constituante entre l’option dite ouverte de démocratie débouchant, étant donné le rapport de forces actuel, sur le fédéralisme et celle indépendantiste forcément anti-démocratique selon ce même rapport de forces. On ne se sort pas de ce piège par une astuce mais par une stratégie de fond bouleversant le rapport de forces une fois rejeté ce PQ qui osa une coupure salariale de 20%, une première néolibérale canadienne, qui fit la promotion du libre-échange avec plus zèle que le fédéralisme, qui accoucha du premier budget québécois de coupures drastiques puis qui avec sa politique du déficit zéro inaugura la mère des démolitions des services publics.
Cette triste saga s’acheva avec l’identitarisme de la Charte des valeurs pour le plus grand écoeurement du Québec racisé. Et voilà que le nouveau chef, après l’intermède du milliardaire anti-syndical notoire, renonce à l’indépendance avant les Calendes grecques. Sauf que ne suffit pas le côté négatif de la médaille pour emporter l’adhésion d’un peuple exploité et opprimé. Quelle est l’alternative demande-t-il fort pertinemment. Se contenter de la minimaliste proportionnelle, même accompagnée du rejet d’Énergie Est qui branle dans le manche et du salaire minimum à 15$ Dieu sait quand, n’annonce pas un tournant antilibéral ou antifédéraliste sinon une confirmation du démobilisant opportunisme politicien que rejette un électorat chauffé à la Sanders. Davantage opportuniste si par désespoir on sombre dans la chimère d’une alliance tous azimuts anti-Libéraux pour la seule proportionnelle où ce château en Espagne, s’il se réalisait, ferait de QS le dindon de la farce d’une alliance effective PQ-CAQ sinon PQ-CAQ-Libéraux à ses dépens.
Le chemin d’une plate-forme d’un Québec indépendant de plein emploi écologique
Reste le chemin laborieux mais glorieux d’une plate-forme d’un Québec indépendant de plein emploi écologique concrétisant les objectifs radicaux du congrès de 2016. La construction d’une telle plate-forme basée sur une alliance avec l’ensemble des mouvements sociaux et avec les nations autochtones-inuit et les nationalités opprimées ne saurait se faire à huis clos par un groupe d’experts si bien intentionnés soient-ils. Leur vision du monde est conditionnée par leur réputation professionnelle qui dépend des pouvoirs économiques, politiques et idéologiques de ce monde.
C’est plutôt l’affaire de tout le parti par un processus de débat ouvert. La méthode utilisée pour le débat des options du congrès de ce mai-ci en fournit la recette. Étant donné le retard pris — car ce processus aurait dû être mis en branle dès le printemps 2016 — il est impératif de le mettre en marche dès la fin du prochain congrès à partir d’un canevas, pouvant contenir plusieurs options, proposé par la Commission politique en ce moment enlisée dans un comité d’expert contrôlé par la députation. Pourquoi ne pas aller jusqu’à la méthode utilisée lors de la construction des premiers enjeux du programme, en 2009 et 2011, de contributions collectives et individuelles publiées sur Internet (et non sur l’Intranet confidentiel du parti) ?
Marc Bonhomme, 13 mai 2017, www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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