Travaux forcés 28 août
Chemins détournés de l’aide sociale
Olivier Ducharme
Une analyse historique de l’assistance sociale qui vise à revendiquer son inconditionnalité
Décoloniser le Canada 28 août
Cinquante ans de militantisme autochtone
Arthur Manuel et Grand Chef Ronald M. Derrickson
Préfaces d’Alexandre Bacon et de Naomi Klein
Le parcours personnel et militant d’Arthur Manuel, un incontournable pour revisiter l’histoire canadienne, à travers le prisme des luttes autochtones
Le droit du plus fort 11 septembre
Nos dommages, leurs intérêts
Anne-Marie Voisard
L’affaire Noir Canada décryptée à l’aune de la sociologie du droit, quand la procédure judiciaire prend toutes les allures d’un dispositif du pouvoir
De l’école au jardin 26 septembre
Guide pratique de jardinage pédagogique en milieu scolaire
Karine Lévesque
Préface d’Éric Duchemin
S’inspirer du Jardinier-maraîcher, mais pour les enfants ! Pour que la révolution agricole commence à l’école
L’affaire Maillé 11 octobre
L’éthique de la recherche universitaire devant les tribunaux
Marie-Ève Maillé
Une saga juridique racontée avec brio pour que les sources des chercheur.e.s restent confidentielles
C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison ! 17 octobre
12 923 citations pour aiguiser l’esprit critique
Une anthologie Jean-Pierre Boyer
Photos alphabétiques de Pierre Crépô
Un dictionnaire hors-du commun regroupant plus de 12 000 citations, aphorismes et proverbes
Lutter pour un toit 24 octobre
François Saillant
Préface de Christian Nadeau
Une autre histoire de la ville, à l’aune des luttes pour le droit au logement
Produire moins, partager plus, décider vraiment 7 novembre
Yves-Marie Abraham
Un convaincant plaidoyer pour refuser la croissance et envisager d’autres manières d’être pour nos sociétés.
Les fous crient au secours 8 novembre
Témoignage d’un ex-patient de Saint-Jean-de-Dieu
Jean-Charles Pagé
Préface d’Anaïs Dupin et de Jérémie Dhavernas
Près de soixante ans après l’expérience traumatisante de Jean-Charles Pagé, le traitement réservé aux malades mentaux s’est-il vraiment amélioré au Québec ?
Travaux forcés
Chemins détournés de l’aide sociale
Olivier Ducharme
Collection Polémos
28 août
Pour sortir de la politique dégradante de la carotte et du bâton, Ducharme revendique un droit inconditionnel à l’assistance sociale.
Pourquoi tolérons-nous toujours la pauvreté malgré la richesse de nos sociétés ? Comment expliquer ce manque de solidarité envers les personnes les plus vulnérables, en particulier celles à l’aide sociale ? Olivier Ducharme s’attaque aux politiques d’assistance sociale fondées sur le modèle de la « contrepartie » qui a été adopté par la majorité des pays occidentaux et qui impose des conditions à quiconque veut s’en prévaloir.
Ainsi, au Québec, l’État verse à la personne demanderesse une prime financière si elle participe à un programme d’insertion à l’emploi ; dans le cas contraire, on va jusqu’à lui imposer des pénalités financières. Dénonçant cette politique inique de la carotte et du bâton, Ducharme cherche du même souffle à réhabiliter l’image que nous nous faisons du « pauvre ». Il remet aussi en question certains dogmes, comme le travail et l’argent, et plaide pour une aide sociale éthique, centrée sur la solidarité humaine et détachée de l’emprise du marché du travail. Contre les mensonges du néolibéralisme, l’heure est venue de défendre un droit inconditionnel à l’assistance sociale.
Docteur en philosophie, Olivier Ducharme est l’auteur de Michel Henry et le problème de la communauté. Pour une communauté d’habitus (L’Harmattan, 2013), d’Une vie sans bon sens. Regard philosophique sur Pierre Perrault (avec Pierre-Alexandre Fradet, Nota bene, 2016), de Todd Haynes : cinéaste queer. Liberté, identité, résistance (Varia, 2016), et de À bout de patience. Pierre Perrault et la dépossession (Écosociété, 2016). Il dirige la série « Cinéma » aux éditions Varia.
Décoloniser le Canada
Cinquante ans de militantisme autochtone
Arthur Manuel et Grand Chef Ronald M. Derrickson
Préfaces d’Alexandre Bacon et Naomi Klein
Collection Parcours
28 août
Quoi qu’en dise Justin Trudeau, le Canada est un pays colonial
« Je ne souhaite pas célébrer un Canada qui vole nos terres. » Ainsi s’exprimait Arthur Manuel à la veille des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Cette déclaration illustre bien le réveil autochtone actuel : il est temps d’en finir avec la nature coloniale de l’État canadien.
Fruit d’une collaboration unique entre deux grands défenseurs des droits des Premières Nations, Décoloniser le Canada est d’abord le récit de près d’un demi-siècle de militantisme autochtone. Narré au « je », il retrace le parcours personnel et militant d’Arthur Manuel et dresse du même souffle le portrait du renouveau des mouvements de lutte autochtone au pays depuis les années 1970. De la Paix des Braves à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, en passant par le rapatriement de la Constitution et les importants jugements de la Cour suprême, cet ouvrage revisite de grands pans de l’histoire canadienne récente.
Pour Manuel, la reconnaissance des droits autochtones est le meilleur gage pour assurer la défense de nos territoires devant l’appétit vorace des intérêts privés qui cherchent à faire main basse sur nos ressources naturelles. Dans l’esprit du mouvement Idle No More, il invite aussi à en finir avec l’apathie et l’inaction qui ont caractérisé les relations entre le gouvernement fédéral et les Autochtones. Ce livre est un vibrant appel à la résistance, mais aussi un message d’ouverture invitant à bâtir des ponts entre les communautés autochtones et allochtones.
Arthur Manuel (1951-2017) a milité toute sa vie pour le respect des droits humains et territoriaux des Autochtones, au Canada et sur la scène internationale. Il a mis sur pied en 2002 l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones et fut porte-parole de l’Indigenous Network on Economies and Trade (INET). Grand Chef Ronald M. Derrickson a été élu chef de la Première Nation de Westbank à six occasions et est l’un des plus prospères hommes d’affaires autochtones au Canada.O
Le droit du plus fort
Nos dommanges, leurs intérêts
Anne-Marie Voisard
Hors-série - 10 ans Noir Canada
11 septembre
10 ans de Noir Canada – En 2008, Écosociété faisait paraître Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, d’Alain Deneault, William Sacher et Delphine Abadie, ce qui valut à la maison d’édition et aux auteur.e.s deux poursuites judiciaires de compagnies minières totalisant 11 millions de dollars. Dix ans plus tard, nous avons voulu reprendre la parole sur les enjeux démocratiques que cette affaire a soulevés en publiant deux livres, deux regards croisés sur le droit et la liberté d’expression dans l’édition.
Cet essai est né d’une expérience vécue. Il ne prend pas pour autant la forme d’un témoignage. Il ne s’agit pas non plus de rouvrir, par les voies détournées de l’écriture, deux procès que des règlements hors cour auraient laissé inachevés. Si l’affaire Noir Canada mérite d’être soumise à l’analyse, c’est en tant qu’elle est symptomatique de la violence sociale qui s’exerce par le dispositif judiciaire et qu’elle nous donne à voir, sous une forme paradigmatique, le rôle stratégique joué par le droit dans la cartographie contemporaine des rapports de pouvoir et de domination. Elle fonde ici la genèse d’une réflexion sur les perversions et les torsions d’un droit organisant la suspension de la justice au service des fins les moins irréprochables, d’un droit de la sortie du droit, d’un droit du plus fort.
Anne-Marie Voisard a été responsable des affaires juridiques d’Écosociété de 2008 à 2013, pendant toute l’affaire Noir Canada. Professeure de psychologie au Cégep de Saint-Laurent, à Montréal, elle détient une maîtrise en sociologie du droit de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. Le droit du plus fort est son premier essai.
De l’école au jardin
Guide de jardinage pédagogique en milieu scolaire
Karine Lévesque
Préface d’Éric Duchemin
Collection Guides pratiques
26 septembre
S’inspirer du Jardinier-maraîcher, mais pour les enfants ! Pour que la révolution agricole commence à l’école.
Est-ce que la pratique du jardinage pédagogique peut nous aider à relever les défis associés à l’éducation, l’environnement et l’agriculture ? C’est la conviction profonde qui anime Karine Lévesque, enseignante de niveau secondaire à l’École Louis-Joseph-Papineau, dans le quartier Saint-Michel à Montréal. Avec ses élèves, elle a mis sur pied un projet novateur de jardin pédagogique, Les Jardins des Patriotes, qui suscite aujourd’hui l’envie de plusieurs écoles.
L’auteure a décidé de suivre la recette de Jean-Martin Fortier en produisant un guide pour outiller les enseignant.e.s désirant se lancer dans l’aventure du jardinage pédagogique et partager son expérience avec la même générosité. Devant le temps nécessaire en termes de préparation, démarchage, recherche, etc., elle a décidé de rassembler toutes les informations pertinentes et de les synthétiser, afin de rendre la tâche plus facile à ceux et celles qui souhaiteraient développer leur propre jardin scolaire. Outiller, donc, les intervenant.e.s du milieu scolaire ou de milieux éducatifs en les amenant à se poser les bonnes questions tout au long de la mise en œuvre de leurs projets respectifs.
Pourquoi mettre sur pied un jardin pédagogique ? Quelles sont les publics cibles impliqués dans le projet ? Vers quelles ressources se tourner ? Quels liens développer avec la communauté ? Quelles sont les caractéristiques du terrain à aménager ? Quoi cultiver ? Quand démarrer les semis ? Que faire des récoltes ? Comment se comporter avec les enfants en classe verte ? Autant de questions auxquelles répond Karine Lévesque avec générosité. Divisé en deux parties – côté cour (théorie) et côté jardin (pratique) –, ce guide offre aux intervenant.e.s des conseils sur la gestion de projet. Évaluer son temps, par exemple, en fonction du calendrier scolaire, surtout durant la période des demandes de subvention, ou encore déterminer les objectifs pédagogiques ou communautaires visés par son projet et quelles ressources humaines pourraient être mises à profit le plus efficacement possible. Prodiguant autant des conseils horticoles, éducatifs que de gestion, l’auteure expose avec brio les multiples bienfaits de la pratique du jardinage en milieu scolaire.
Richement illustré avec moult fiches-synthèse, tableaux et schémas, il saura rejoindre autant le personnel des écoles que les intervenantEs en petite enfance ou les animateurs.trices de groupes communautaires. Un ouvrage plus que pertinent, que l’on souhaite cultiver plein sol ou hors-sol, sur grande ou petite surface. Le but étant avant tout de démarrer à petite échelle, d’aménager des espaces verts et de res- treindre les espaces bétonnés.
Karine Lévesque détient un baccalauréat en adaptation scolaire et sociale de l’UQAM et un DESS en administration scolaire de l’UdeM. Enseignante à l’école Louis-Joseph Papineau, dans le quartier Saint-Michel à Montréal, elle est l’instigatrice du projet Les Jardins des Patriotes. Elle donne des conférences sur le sujet en collaboration avec le Laboratoire de l’agriculture urbaine.
L’affaire MaillÉ
L’éthique de la recherche universitaire devant les tribunaux
Marie-Ève Maillé
Préface d’Yves Gingras
Postface de Bogdan Catanu
Collection Parcours
11 octobre
Une saga juridique racontée avec brio, pour que les sources des chercheur.e.s restent confidentielles
À l’automne 2015, l’auteure et chercheuse Marie-Ève Maillé était invitée par des membres du Regroupement pour le développement durable des Appalaches à venir témoigner en guise de témoin-experte dans leur litige les opposant à l’entreprise derrière le projet éolien de l’Érable. Il s’agit du groupe citoyen mobilisé dans le Centre-du-Québec, qu’elle a étudiée durant ses études de doctorat. Loin de se douter dans quoi elle s’embarquait, elle fut rapidement plongée dans un vaudeville juridique qui ne fut pas sans menacer sérieusement sa qualité de chercheuse indépendante et soulever d’importantes questions en matière de protection des sources dans le cadre de la recherche scientifique.
Ce que l’histoire retiendra comme « l’affaire Maillé » débute lorsque l’entreprise en cause obtient en 2016 une ordonnance de la cour pour forcer la chercheuse à remettre les données qui permettent d’identifier les participant.e.s à ses recherches. Refusant de se plier à l’ordonnance parce que cela contrevient au devoir éthique de préserver la confidentialité des données de recherche qui sont confiées à tout.e. chercheur.se, celle qui est alors professeure associée au Centre de recherche interdiscplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement (CINBIOSE) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) est immédiatement plongée dans une aventure juridique qui connaîtra de multiples rebondissements.
Dans un récit haut en couleurs teinté d’un humour mordant, Marie-Ève Maillé nous plonge au cœur de l’affaire et en rappelle les principaux tenants et aboutissants. Car si l’issue de cette saga est maintenant connue du grand public et que l’affaire finira somme toute bien pour la principale intéressée, les méandres de cette aventure restent pour plusieurs méconnus. Bien des questions demeurent d’ailleurs en suspens, au premier chef : comment diantre en sommes-nous arrivé.e.s là ?
Un récit essentiel pour éviter, soutient l’auteure, que d’autres chercheur.e.s ne se retrouvent dans la même situation ou que d’autres institutions universitaires ne soient tentées de se défiler à leurs responsabilités. Avec l’augmentation des conflits liés aux enjeux d’acceptabilité sociale ou aux controverses sociales et environnementales, il est en effet fort possible que d’autres chercheur.e.s soient confrontéEs à des demandes d’accès à leurs données de recherche, par les forces policières, par le procureur général du Québec ou, comme dans le cas de Maillé, par une entreprise privée. C’est donc dans l’espoir de mieux outiller le milieu de la recherche, et surtout ces jeunes chercheur.e.s que la précarité rend d’autant plus vulnérables à ce genre d’attaques, que cet essai a toute son importance. Pour garder une trace de la bataille menée.
Spécialisée dans l’évaluation des impacts sociaux des grands projets, Marie-Ève Maillé est professeure associée au CINBIOSE (Centre de recherche interdisciplinaire sur le bien-être, la santé, la société et l’environnement) de l’UQAM. Elle a écrit avec Pierre Batellier Acceptabilité sociale : sans oui, c’est non chez Écosociété en 2017.
C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison !
12 923 citations pour aiguiser l’esprit critique
Jean-Pierre Boyer
Photos alphabétiques de Pierre Crépô
17 octobre
Une banque vous prête un parapluie quand il fait beau et vous
le reprend quand il pleut (George Bernard Shaw) ; Les livres : sève vivante des esprits immortels (Virginia Woolf) ; Toute révolution devrait commencer par une réforme du dictionnaire (Victor Hugo) ; La mort ne m’aura pas vivant (Jean Cocteau)...
Loin des lieux communs et du prêt-à-penser idéologique, cette anthologie rassemble 12 923 citations, aphorismes et proverbes à teneur philosophique, sociopolitique, humoristique et poétique, selon une cartographie sémantique originale. Donnant la parole à quelque 3 500 auteur.e.s qui se sont exprimé.e.s depuis quatre millénaires et sur les six continents, cet ouvrage vous fera vivre un voyage à travers le temps et les cultures qui ont façonné l’histoire de l’humanité, de l’invention de l’écriture jusqu’à l’ère des téléphones « intelligents ».
Argent, baiser, bêtise, colère, capitalisme, fin du monde, folie, gouvernement, guerre, préjugé, révolution et xénophobie sont quelques-unes des 708 entrées de ce dictionnaire hors du commun. De Bouddha à Beauvoir, en passant par Platon, Thoreau, Marx, Arendt, Senghor, Mandela, Bersianik, Giroud, Kristeva,
Weil, Leclerc, Vian ou Miron, ces citations ont été expressément choisies pour stimuler l’imagination, la créativité, la réflexion et l’esprit critique. Car comme le disait Coluche avec mordant, c’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison !
Unique et solidement documenté, cet ouvrage est une ressource indispensable à nos quêtes de sens en ce XXie siècle chargé d’enjeux et de défis à relever.
Docteur en Sciences de l’information et de la communication (EHESS, 1984), chercheur et praticien de plusieurs médias, Jean-Pierre Boyer est professeur associé à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal où il a enseigné pendant plus de 20 ans. Il est aussi cofondateur du Centre de recherche en imagerie populaire (CRIP). Il a également réalisé plusieurs oeuvres en vidéographie expérimentale et documentaire.
Photographe socialement engagé, Pierre Crépô a été photojournaliste au magazine Mainmise. Il a cofondé la revue photographique québécoise Ciel variable et la galerie montréalaise Dazibao. Ses oeuvres ont été exposées au Québec et à l’étranger et illustrent quantité de livres, revues, pochettes de disques et affiches.
Lutter pour un toit
12 batailles pour le logement au Québec
François Saillant
Préface de Christian Nadeau
Collection Retrouvailles
24 octobre
Une autre histoire de la ville, à l’aune des luttes pour le droit au logement
Le droit au logement ne cesse d’être mis à mal, alors qu’il devrait être au cœur du dispositif de droits sociaux. Le nombre de mal-logé.e.s ne cesse d’augmenter au Québec, et sans les nombreuses luttes menées sur ce front dans les soixante-dix der- nières années, la situation serait bien pire.
François Saillant, qui a été le coordonnateur et principal porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) de 1979 à 2016, a décidé de faire le récit de douze de ces luttes. Dans l’optique de maintenir vive la flamme de la revendication du droit à un toit. Car comme l’explique cet infatigable militant, « lutter sur le front du logement, c’est être engagé dans un combat permanent, un combat qui a ses moments forts comme ses périodes mortes, ses avancées comme ses reculs, mais qui n’est jamais totalement terminé ».
L’auteur braque les projecteurs sur plusieurs luttes : celles des vétérans squatteurs (1946-1948), du sauvetage et de la réinvention de Milton-Parc (1968-1987), de la rue Saint-Norbert dans le Plateau Mont-Royal (1975), du quartier Saint-Jean-Baptiste à Québec (1976- 1979), des « Shops Angus » (1977-1987), de Hull et son campement de sans-logis (1983), de l’îlot Overdale (1987-1989), de Châteauguay (1991-1996), des squats Overdale-Préfontaine à Montréal (2001) et du 920 de la Chevrotière à Québec (2002), Guindonville à Val-David (2002-2003), de même que les luttes contre la gentrification des quinze dernières années (2002-2017). Entre victoires, au moins partielles, et amères défaites, la majorité de ces luttes ont cependant influencé le comportement que les pouvoirs publics ont adopté par la suite.
Toutes ces batailles emblématiques dénotent l’impact sur les avancées du droit au logement, les traces marquantes qu’elles ont laissées, que ce soit en raison de leur durée, leur âpreté ou l’importance des enjeux en cause. Certaines ont été menées en pleine crise du logement, alors que beaucoup se retrouvaient sans logis. Plusieurs visaient à s’opposer à la destruction d’habitats et de milieux de vie, à réclamer la construction urgente de logements sociaux ou à s’assurer que les populations à plus faible revenu puissent continuer à vivre dans les quartiers centraux des grandes villes. Toutes ont dérangé, d’une manière ou d’une autre, les pouvoirs publics et divers intérêts économiques.
Cherchant à tirer les leçons de ces luttes, François Saillant conclut en rappelant l’importance de défendre le droit au logement et en soulignant de quelle façon ce droit s’inscrit désormais plus largement dans la défense du droit à la ville. Un ouvrage de mémoire militante essentiel pour prendre conscience du chemin parcouru dans la lutte pour un toit, pour toutes ces personnes qui se mobilisent pour la justice sociale et la dignité humaine.
François Saillant a été coordonnateur et porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) de 1979 à 2016. Actif dans le Regroupement de solidarité avec les Autochtones, il s’est impliqué en politique active, comme porte-parole d’Option citoyenne de 2004 à 2006, avec Françoise David, et s’est présenté comme candidat pour Québec Solidaire dans la circonscription de Rosemont. Il est l’auteur de Le radical
de velours. Parcours militant (M éditeur, 2012).
Produire moins, partager plus, décider vraiment
Yves-Marie Abraham
7 novembre
Un convaincant plaidoyer pour refuser la croissance et envisager d’autres manières d’être pour nos sociétés.
Idée pourtant simple mais qui paraissait il n’y a pas si longtemps encore incongrue, le fait qu’une croissance illimitée dans un monde limité soit matériellement impossible commence de plus en plus à être prise au sérieux. À l’exception des officines gouvernementales et des départements d’économie, oserions-nous dire ! Ce n’est pas là l’une des moindres réussites que celle du mouvement de la décroissance d’avoir pu diffuser ce message et nous rappeler qu’au fond, le propre de la société de croissance est de faire l’économie de la nature. C’est ce que ce livre nous rappelle avec brio.
Écrit par Yves-Marie Abraham, l’une des figures les plus en vue du mouvement de la décroissance au Québec, Faire objection de croissance offre une synthèse remarquable des principes défendus à travers celui-ci par ce sociologue de l’entreprise enseignant à HEC Montréal. Retournant aux origines de ce mot-obus, pour reprendre l’expression de Paul Ariès, Abraham nous dessine avec clarté et concision les contours de ce que signifie l’objection de croissance. Livrant d’abord un convaincant plaidoyer pour refuser la croissance – vue comme autodestruction, injustice et aliénation –, il nous présente ensuite diverses avenues pour envisager une sortie des sociétés de croissance, en mettant au cœur de cette démarche la notion en vogue de communs. Faisant œuvre de pédagogie, Abraham confronte aussi la décroissance à ses critiques pour montrer l’incohérence de plusieurs d’entre elles. Car aujourd’hui l’utopie ne consiste plus à admettre qu’une croissance sans fin dans un monde fini est impossible, mais bien l’inverse.
En tant que slogan, la « décroissance » a été lancée il y a maintenant un peu plus de quinze ans et ne peut plus être ignorée, à l’heure où les défis environnementaux et sociaux se font de plus en plus nombreux. Pour y voir plus clair et se donner des outils pour envisager d’autres manières d’être, ce livre propose en résumé une synthèse simple des principales idées associées à ce qui est devenu à la fois un courant de pensée et une mouvance politique non négligeable, y compris en dehors de l’Occident. Il explore également des alliances possibles entre la décroissance et d’autres luttes politiques souvent ignorées par les premiers penseurs de la décroissance (féminisme, anticolonialisme, antispécisme). Enfin, sur le plan programmatique, il propose d’envisager la décroissance comme une transition d’un monde essentiellement fondé sur l’entreprise vers un monde fondé sur les communs.
Un ouvrage écrit dans une langue limpide et accessible appelé à devenir une référence en la matière. Pour reprendre le sous-titre d’un ouvrage codirigé par l’auteur et publié à notre enseigne en 2011, ce livre renferme assurément certaines des pierres de l’édifice que nous devrons construire pour assurer la suite du monde !
Yves-Marie Abraham est professeur à HEC Montréal, où il enseigne la sociologie de l’entreprise et mène des recherches en sociologie de l’économie. Une des figures les plus en vue du mouvement de la décroissance au Québec, il a mis sur pied un séminaire de maîtrise sur ce thème, une première au pays. Il a codirigé chez Écosociété les ouvrages Décroissance versus développement durable (avec Hervé Philippe et Louis Marion, 2011) et Creuser jusqu’où ? (avec David Murray, 2015).
Les fous crient au secours
Témoignage d’un ex-patient de Saint-Jean-de-Dieu
Jean-Charles Pagé
Préface d’Anaïs Dupin et de Jérémie Dhavernas
Postface à l’édition originale du Dr Camille Laurin
Postface à la présente édition d’Action-Autonomie
Collection « Retrouvailles »
8 novembre
Près de soixante ans après l’expérience traumatisante de Jean-Charles Pagé, le traitement réservé aux malades mentaux s’est-il vraiment amélioré au Québec ?
Printemps 1960. Jean-Claude Pagé se réveille un matin à l’hôpital avec un mal de tête carabiné. « Les idées incohérentes s’entrechoquent. J’essaie d’ouvrir les yeux, mais je les referme aussitôt. Ma tête semble un cerveau électronique dont un court-circuit a fait sauter les fusibles. Je veux reprendre le contact avec le réel. J’en suis incapable. Une à une les bougies s’allument. »
Admis officiellement à l’« asile des fous » en raison de son alcoolisme, ce vendeur d’assurance de 28 ans passera plusieurs mois à Saint-Jean-de-Dieu (aujourd’hui Louis-Hippolyte-La Fontaine). Durant son séjour, il expérimente la difficile condition de « malade mental » : camisole de force, interdiction de sorties, forte médication, horaires stricts, travail forcé... Révolté par le traitement réservé à ses pairs et l’univers concentrationnaire qu’il découvre, il refuse de se taire et, à sa sortie de l’hôpital, il décide de devenir le porte-parole des « hommes sans voix » en publiant Les fous crient au secours ! aux Éditions du Jour, en 1961.
Le témoignage de Jean-Charles Pagé et la postface du docteur Camille Laurin qui l’accompagne auront un grand retentissement dans le Québec du début de la Révolution tranquille. Le Dr Laurin, alors doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, y fait un vibrant plaidoyer pour une modernisation de la psychiatrie et du traitement des malades mentaux, ainsi que pour la laïcisation des hôpitaux psychiatriques (administrés à l’époque par les communautés religieuses). L’année suivante, une commission d’enquête menée par les psychiatres Dominique Bédard, Denis Lazure et Charles A. Roberts met en lumière les conditions de vie des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale et dénonce les limites du modèle asilaire. Leur rapport pavera la voie à ce qu’on a appelé la « désinstitutionnalisation », c’est-à-dire à une réorganisation du système de soins privilégiant le retour des personnes hospitalisées dans la communauté et la non-hospitalisation des personnes diagnostiquées.
Cet ouvrage d’une importance capitale pour l’histoire de la psychiatrie au Québec est réédité ici pour la première fois depuis 1961. Le texte original de Jean-Charles Pagé est précédé d’une préface d’Anaïs Dupin et Jérémie Dhavernas et accompagné d’un appareil de notes critiques qui nous permettent de contextualiser son propos. Le collectif pour la défense des droits en santé mentale de Montréal, Accès Autonomie, signe une nouvelle postface, en plus de celle du Dr Laurin qui s’y trouve déjà. Près de soixante ans après l’expérience traumatisante de Jean-Charles Pagé, le traitement réservé aux malades mentaux s’est-il vraiment amélioré ? La désinstitutionnalisation a-t-elle tenu ses promesses ? Notre approche de la folie et la régulation sociale qui en découle ont-elles évolué dans un sens plus humain ? Il est temps de démystifier la maladie mentale et de lancer une réflexion sur l’état actuel de la psychiatrie.
Jérémie Dhavernas est chargé de projet en défense des droits et santé mentale, responsable des communications et adjoint à la coordination Action-Gardien, la Table de concertation communautaire de Pointe-Saint-Charles.
Née à Marseille, Anaïs Dupin est aide-soignante. Elle est l’auteure de Pourquoi j’meurs tout le temps ? (2009).
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