Le rapport annuel de la Protectrice du citoyen cible plusieurs problématiques dans le réseau de la santé et des services sociaux. Elle se concentre particulièrement sur la question de l’accès aux services, de la qualité de ceux-ci et des problèmes d’inspection, aussi bien dans l’hébergement pour les personnes âgées que pour les personnes atteintes de déficience intellectuelle.
Sur plusieurs de ces questions, nombre de recommandations de la Protectrice du citoyen restent lettre morte, année après année. « Quand la Protectrice du citoyen nous dit qu’en 2013, il n’y a toujours pas eu de visites d’appréciation dans les ressources privées, on ne peut faire autrement que de s’inquiéter. Lorsque l’on connaît les nombreux problèmes de qualité de services dans ces ressources, on se demande pourquoi le ministère ne met pas plus d’énergie à régler cette situation. Faut-il rappeler qu’il s’agit d’une des franges les plus vulnérables de notre société et que nous avons la responsabilité de s’assurer qu’ils reçoivent les meilleurs services possible ? », explique Jean Lacharité, vice-président de la CSN.
Le temps est venu de faire le bilan du recours à l’achat de places dans le privé. « Pour la FSSS, il en va bien au-delà de la question de s’assurer d’augmenter le nombre de visites d’appréciation dans le privé. La porte a été grande ouverte pour le privé dans les dernières années. Et qu’est-ce qu’on remarque ? Que les services qui y sont donnés se font loin des regards du réseau public, qui a pourtant la responsabilité de veiller à ce qu’ils soient adéquats. Comment s’assurer que les personnes reçoivent le niveau de services dont ils ont besoin pour maintenir leur autonomie ou pour se réadapter dans le cas des personnes atteintes de déficience intellectuelle ? Pourtant, la solution la plus simple n’est jamais évoquée : si l’on veut assurer une continuité et une qualité des services, il faut miser sur les services publics », poursuit Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.
Ce que la Protectrice du citoyen remarque de plus en plus, c’est l’écart grandissant entre les politiques du ministère et la réalité sur le terrain. « Ce n’est certainement pas les nouvelles compressions budgétaires qui vont améliorer la situation à ce niveau. On se rend compte qu’une part importante des problèmes dans le réseau sont dus au fait que le personnel n’a pas les moyens pour donner les meilleurs services qui soient », lance Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles (FP-CSN).
L’ouverture au privé qui a été faite dans les dernières années n’a jamais été suivie d’un effort réel du ministère pour s’assurer que les services donnés dans le privé sont d’un bon niveau. « La récente étude de l’IRIS démontre que la hausse des coûts dans le privé augmente plus fortement que dans le public. S’il n’y a plus d’avantage économique et qu’on peine toujours à donner des services de qualité dans le privé, quel est l’avantage de poursuivre sur cette voie ? Pour nous, les personnes les plus vulnérables de la société méritent plus que de faire les frais des compressions budgétaires et de la privatisation », de conclure Jean Lacharité.