Québec, le 20 février 2020 – Une véritable justice sociale passe notamment par une réelle équité entre les hommes et les femmes. Malheureusement, celle-ci est loin d’être acquise un peu partout dans le monde, incluant au Québec. Encore aujourd’hui, les Québécoises doivent lutter pour faire reconnaître leurs droits en milieu de travail et la bataille est loin d’être gagnée.
En 2009, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a changé la loi pour que la rétroactivité liée à l’équité salariale soit limitée aux cinq dernières années plutôt qu’au moment de l’entrée en fonction, comme cela était prévu. La bataille s’est portée jusqu’en Cour suprême ! En 2018, le plus haut tribunal canadien a statué dans un arrêt que le changement à la loi était discriminatoire envers les femmes. Par conséquent, il ordonnait au gouvernement du Québec de modifier sa Loi sur l’équité salariale pour qu’elle permette la rétroactivité au moment où le changement intervient.
Victoire ? Pas tout à fait. En 2019, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a modifié la Loi sans complètement la corriger. Une autre bataille juridique est donc en cours pour faire respecter l’arrêt de la Cour suprême de 2018. En attendant, les femmes font les frais des choix indéfendables du ministre.
Cette même année, le rapport d’évaluation sur la mise en œuvre de la Loi sur l’équité salariale a été publié par le ministère du Travail. Même si des efforts considérables sont faits par le gouvernement, une discrimination systémique d’environ 7 % persiste envers les femmes. Il est plus que temps de mettre fin à cette injustice à l’endroit des femmes. C’est tout simplement inacceptable !
Le gouvernement doit montrer l’exemple en matière d’égalité et d’équité. Pourtant, on constate actuellement une discrimination systémique significative envers les femmes dans l’appareil gouvernemental. Les secteurs à prédominance masculine offrent généralement de meilleures conditions de travail que ceux où les femmes sont majoritaires pour des emplois similaires.
Selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), l’écart de rémunération pour des postes équivalents entre l’administration québécoise (majoritairement féminine) et les entreprises publiques (majoritairement masculine) comme Hydro-Québec, par exemple, est de 24 % en moyenne. Ces employés appartiennent pourtant tous à des institutions publiques qui rendent des services à la population et dont le budget relève du Secrétariat du Conseil du trésor. L’IRIS en conclut donc que les employés de l’administration québécoise, surtout des femmes, subissent de la discrimination systémique fondée sur le sexe.
À l’aube de la négociation dans la fonction publique, le gouvernement a une opportunité unique de mettre un terme à la discrimination systémique qui touche des milliers de femmes et d’hommes à son emploi. Il doit lancer un message clair à l’effet que l’égalité et l’équité sont des valeurs non négociables dans le Québec d’aujourd’hui. Les importants surplus budgétaires du gouvernement lui donnent toute la marge de manœuvre nécessaire pour corriger cette injustice qui perdure depuis trop longtemps. Il est temps d’agir !
Line Lamarre
Présidente du SPGQ
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