« Nous voyons d’un bon œil l’attention portée par le gouvernement aux personnes atteintes du trouble du spectre de l’autisme (TSA). Cependant, à la première lecture du plan d’action, on constate que le gouvernement veut s’attaquer aux problématiques d’attente de diagnostic et de services, mais ne mentionne nulle part l’embauche de personnel professionnel et de soutien pour répondre aux objectifs qu’il souhaite atteindre. La présence et la stabilité de ces ressources sont pourtant essentielles pour les différents réseaux, que ce soit celui de la petite enfance, de l’éducation ou de la santé et des services sociaux », soutient Louise Chabot, présidente de la CSQ.
D’autre part, considérant la progression fulgurante de cette problématique, la CSQ juge nettement insuffisant le montant annoncé pour soutenir la recherche, la formation et la production d’outils intervenantes.
De maigres moyens
Pour la Centrale, il faut prendre en compte l’ensemble des besoins effarants qui persistent au Québec, par exemple ceux que l’on rencontre dans le système scolaire. Les élèves souffrant d’un trouble du spectre de l’autisme sont une catégorie d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) avec un taux de prévalence alarmant et en croissance. Il est inconcevable de laisser des enfants sur une liste d’attente, ou de ne pas leur offrir les services dont ils ont besoin. Le gouvernement devra clairement faire beaucoup plus pour ne laisser personne de côté et venir en aide aux familles du Québec.
Rappelons d’ailleurs que le gouvernement a annoncé 35 millions de dollars en éducation pour 2016-2017 et que cet argent promis par Québec n’est toujours pas arrivé dans les milieux.
Une volonté réelle ?
En termes de services dès la petite enfance, Louise Chabot fait remarquer au gouvernement Couillard « qu’il s’agit d’une revendications des intervenantes en CPE qui voudraient bien voir les ressources doublées pour l’aide aux enfants avec des besoins particuliers, mais qui se butent à l’intransigeance du gouvernement. Cet important besoin de services était également au cœur des dernières négociations du personnel du réseau scolaire. C’est aussi une préoccupation du personnel professionnel des cégeps, qui est trop peu nombreux pour répondre adéquatement aux besoins des étudiantes et étudiants. Nous doutons donc de la volonté réelle du gouvernement, d’agir dès la petite enfance. »
Un immense défi de coordination
Pour ce qui est du milieu de la santé et des services sociaux, responsable d’assurer l’implantation et la coordination du Plan d’action, les défis sont énormes dans le contexte actuel. « Compte tenu des grandes transformations organisationnelles dans le réseau de la santé et des services sociaux, des compressions budgétaires qui ont contribué à déstabiliser les équipes de soins, notamment dans les CLSC, nous considérons que cette responsabilité devrait être conjuguée à une enveloppe budgétaire qui permettra de coordonner adéquatement l’ensemble des mesures mises de l’avant, et ce pour l’ensemble du Québec », soutient Louise Chabot.
Des mesures intéressantes
Par ailleurs, du point de vue de la CSQ, la prescription d’un délai pour le diagnostic et les services est intéressante pour les familles. De même, la Centrale accueille positivement l’annonce d’une meilleure transition des dossiers des enfants du réseau de services de garde vers le milieu scolaire, mesure réclamée depuis fort longtemps par le personnel de l’éducation. La CSQ reçoit favorablement l’idée de personnes pivot pour aider les parents dans leurs démarches, à la condition qu’elles soient suffisamment nombreuses et qu’elles disposent d’outils pour travailler.
« De nombreuses questions se posent, notamment pour le délai prescrit de diagnostic : y a-t-il suffisamment de professionnels et de personnel de soutien dans nos réseaux pour atteindre cet objectif et offrir des services ? Aux dernières nouvelles, le gouvernement Couillard n’a pas fait les efforts nécessaires pour les maintenir dans le réseau public. Le peu de professionnels qui travaillent encore dans nos réseaux sera fort occupé à rendre des diagnostics, alors qui prendra en charge les suivis de services ? Il faut avoir les moyens de ses ambitions et ne pas leurrer les familles qui attendent à juste titre qu’on réponde à leurs besoins », conclut la leader syndicale.