Il est clair que les enseignantes et enseignants déjà surchargés n’acceptent pas de faire les 8 heures additionnelles de tâche assignée à l’école demandées par la partie patronale », de déclarer Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain (CSQ).
Les membres du Syndicat de Champlain ont exprimé au cours des dernières semaines leur colère face aux demandes patronales par diverses actions.
Ils ont notamment rempli, dans chaque établissement, un thermomètre géant mesurant le volume des tâches non comptabilisées et non reconnues de façon à mettre en lumière tout le travail supplémentaire qui s’effectue hebdomadairement : suivis d’élèves, élaboration des plans d’intervention, préparation des cours, correction des travaux, mise à jour du matériel, recherches, concertation entre divers intervenants et accomplissement de nombreuses tâches administratives.
Dans les semaines à venir, le Syndicat de Champlain consultera à nouveau ses membres en assemblées générales relativement à l’adoption d’un deuxième plan d’action et de mobilisation qui devrait inclure des moyens de pression plus corsés.
La tâche déborde
Rappelons que dans le cadre de la présente négociation, non seulement la partie patronale veut augmenter de trois heures le temps de présence physique à l’école (de 32 à 35 heures), mais elle souhaite également mettre fin au temps de travail de nature personnelle du personnel enseignant en repoussant à l’extérieur le travail de correction et de préparation de cours qui leur est actuellement reconnu et lui substituer une tâche assignée par la direction.
En plus d’attaquer directement l’autonomie professionnelle, ces deux éléments combinés ajoutent l’équivalent de 8 heures de travail aux enseignants. La semaine actuelle de travail, dont la charge réelle dépasse déjà les 40 heures, pourrait ainsi être augmentée au-delà de 48 heures !
Les compressions des dernières années ont durement affecté les conditions de travail du personnel de soutien qui ont vu leurs heures diminuer sans que leur tâche ne soit modifiée en conséquence. Résultat : le bon fonctionnement du réseau scolaire repose donc en partie sur du travail non reconnu et non rémunéré.
« C’est complètement inacceptable ! Comment un gouvernement qui prétend avoir pour priorité la jeunesse peut-il mettre à mal à ce point le réseau public d’éducation ?
Soyons clair, il est absolument faux de prétendre que la hausse de 0,2% en éducation prévue dans le dernier budget provincial se fera sans coupures dans les services directs aux élèves !, de souligner Éric Gingras.
Plus de tâches administratives, plus de travail demandé par la direction, plus de réunions, moins de temps pour la préparation de cours, la conception de matériel, la correction des travaux et examens, est-ce vraiment ce que nous souhaitons pour nos écoles ? »
Le Syndicat de Champlain est d’avis que les visées gouvernementales constituent une attaque directe aux mesures concernant la réussite éducative. Par ses demandes aux tables de négociations, c’est la qualité des conditions d’apprentissage des élèves que le gouvernement pénalise.
« Avec les compressions qui se succèdent année après année, peut-on encore parler d’égalité des chances, particulièrement pour les élèves en difficultés et pour les milieux défavorisés ? Nous émettons de sérieux doutes sur cette question », de conclure le président du Syndicat de Champlain.
Rappelons que les conventions collectives du personnel enseignant et du personnel de soutien scolaire sont échues depuis le 31 mars dernier et que ceux-ci ont reçu des demandes patronales qui auraient pour conséquence de faire reculer le réseau scolaire de plusieurs années, comme l’augmentation de la taille des groupes et la révision de leur composition pour ne plus tenir compte des élèves en difficulté.