En refusant la citoyenneté à un seul individu, le ministre canadien des Affaires étrangères, Stéphane Dion, pourrait en fait avoir défait ce qu’avait essayé de bâtir son gouvernement en annonçant qu’il allait accueillir des dizaines de milliers de réfugiés syriens. Lui qui voulait se montrer plus humain que les conservateurs de Stephen Harper, vient de prouver à tous les dirigeants des pays de la planète qu’au Canada, les droits de l’Homme passent en deuxième derrière les profits mêmes s’ils sont faits en vendant de l’équipement militaire à un pays qui décapite sur la place publique des gens qui n’ont pas la même religion que lui et même ceux qui ne veulent plus l’avoir.
Le pire dans cette décision est que de refuser de donner la citoyenneté canadienne à Raïf Badawi est en soi une aberration politique. Ce Saoudien est la vedette des prisonniers d’opinion autant dans le monde qu’au Canada. Son seul crime a été d’écrire en Arabie Saoudite des propos humanistes que la très grande majorité des habitants de la planète peut écrire sans en être de quelconque façon dérangée. Si vous demandez à n’importe quel Canadien de donner le nom d’une personne injustement condamnée à la prison et la torture, il y a quatre chances sur cinq que ce soit son nom qu’il vous dise. En lui refusant la citoyenneté canadienne, Stéphane Dion vient de s’asseoir sur le banc de l’équipe adverse de l’humanisme.
Michel Gourd