Ne dis rien du miracle de ce matin,
Quand tu coulais dans la foule où trépignait la folie.
Tais-toi !
Sois femme et tais-toi !
Caresse, ne mors pas,
Saigne, ne tue pas.
Nie ce qui lacère,
Ce qui explose,
Dans l’existence oblique
Des femmes
De toutes trajectoires.
Mais ce matin, je sais,
Desserrer l’étau sur ma gorge,
Auparavant étreinte
Inexorablement.
Et cette voix de crécerelle qui s’élève faiblement
Je sais qu’elle ne se taira plus.
Voyez comme je suis sereine !
Voyez dans mon regard,
Comme une ampleur de ciel
Écroulée dans la mer.
De ma trachée ouverte coule ma première outrance.
Mon premier refus.
Aux barricades du souvenir,
Tu surgis, rouge vengeance.
Encore aujourd’hui, nos voix malentendues errent dans la cité,
Pas ce matin, cependant, ni celui de demain,
C’est la fin de nos printemps émondés,
De nos étés laborieux,
De nos récoltes pillées.
C’est maintenant que notre parole,
Dépouillée de toutes leurs fables,
Déferlera, incongrue,
Libre d’obédience.
Tu vois, je ne plie plus.
Manon Ann Blanchard
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