Édition du 18 juin 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Lettre à mon parti

Je suis stupéfait suite aux propos attribués par les médias lundi à Françoise David la porte parole de mon parti concernant l’unité des indépendantistes avec l’échéance de l’élection de 2018. Alors que Pierre-Karl Péladeau disait que le PQ n’avait pas le monopole de l’indépendance et qu’il était prêt à travailler avec les autres partis indépendantistes pour la prise du pouvoir en 2018, la même journée notre porte parole aurait déclaré que les brebis égarées étaient peut-être plus au PQ qu’à Québec Solidaire et qu’elle avait le mandat de présenter 125 candidats(es) de son parti à la prochaine élection. Cette dernière fermait ainsi à double tour la porte à la discussion avec les autres partis indépendantistes et à la mise sur pied d’une éventuelle coalition pour la prise du pouvoir, première étape menant à le tenue d’une prochain référendum. Je comprends que plusieurs membres et la direction de Québec Solidaire n’aiment pas Pierre-Karl Péladeau mais c’est lui que les militants du Parti Québécois ont choisi comme chef pour les mener à l’indépendance que cela leur plaise ou non.

Je rappellerais à Mme David qu’une proposition que j’avais personnellement préparée, adoptée et envoyée par l’assemblée générale de mon comté d’Hochelaga Maisonneuve à un conseil national récent et adoptée par ce dernier, proposait de reprendre le débat au sein de Québec Solidaire sur l’indépendance et l’unité des forces indépendantistes en vue de la prochaine élection. C’est bien mal parti comme on dit.

S’il n’y a pas de coalition indépendantiste pour faire face aux Libéraux en 2018 on oublie tout probablement la prise du pouvoir par les indépendantistes et la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec dans les prochaines années, et peut-être pour toujours, et Québec Solidaire en porterait une part importante de la responsabilité.

Je me demande encore une fois si Québec Solidaire est vraiment un parti indépendantiste ou si son unique préoccupation, évidemment légitime, n’est pas uniquement la justice sociale, l’indépendance n’étant qu’un outil parmi d’autres pour y arriver, mais pas une conviction profonde d’où le rejet de son aspect identitaire et historique. Je me rappelle toujours les paroles d’Amir Khadir : ‘’ L’indépendance nécessaire mais pas nécessairement l’indépendance ‘’. Si c’est le cas qu’il le dise, et pourquoi ne pas changer de nom pour devenir le nouveau NPD Québec, la succursale québécoise du parti fédéraliste que nous connaissons à Ottawa.

Si mon parti ne corrige pas le tir et ne revient pas au mandat qui lui a été donné par le conseil national de reprendre le débat sur l’indépendance et l’unité des indépendantistes, et d’avoir dès maintenant une attitude d’ouverture vis à vis des autres partis indépendantistes, je déciderai alors à regret de retourner au Parti Québécois et de rallier son aile gauche le SPQ libre, même si comme indépendantiste de gauche ce n’est pas mon premier choix. D’autre part, ce n’est quand même pas Québec Solidaire qui avec ses 10% du vote sera
‘’ le navire amiral ‘’ menant à l’indépendance du Québec. Une attitude de modestie s’impose.

Yves Chartrand
Militant de Québec Solidaire Hochelaga-Maisonneuve

Yves Chartrand

Intervenant social
Montréal

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